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Critique – Un peu, Beaucoup, Aveuglément

Publié le 03 mai 2015 par Avisdupublic.net @avisdupublicnet

Critique du film Un peu, beaucoup, Aveuglément, réalisé par Clovis Cornillac, avec Mélanie Bernier. Peut-on s'aimer follement et à l'aveuglette ?

Avec Un peu, Beaucoup, Aveuglément, Clovis Cornillac passe derrière la caméra pour la première fois de sa carrière, et c'est peu dire qu'on ne l'attendait pas forcément à cette place. Lui qui prouve, depuis trente ans, tout son talent aussi bien sur les planches que devant les objectifs, même si parfois il fut au service de films aux qualités discutables, cachait bien son jeu. Depuis cinq ans, le successeur de Christian Clavier dans Astérix aux Jeux olympiques couvait l'envie de se faire mentir, lui qui refusait de s'imaginer metteur en scène. Un peu, Beaucoup, Aveuglément, dont l'idée vient de Lilou Fogli, la femme de Cornillac, offre donc à celui-ci la possibilité de se frotter à une tâche bien particulière : raconter une histoire au cinéma.

Machin, Machine, réunis par un mur.

Un peu, Beaucoup, Aveuglément raconte une rencontre improbable. Elle (Mélanie Bernier) est une pianiste qui prépare un concours d'importance. La jeune femme emménage dans l'appartement voisin de celui d'un inventeur de casse-têtes (Clovis Cornillac), complètement reclus et acariâtre. Le problème est que le mur séparant les deux appartements est tellement mince que les deux jeunes gens vont devoir apprendre à vivre ensemble, sans même se voir. Bien vite, ceux qui se surnomment " Machin " et " Machine " vont se retrouver dans une bien étrange relation.

Critique – Un peu, Beaucoup, Aveuglément
Un début frais.

Un peu, Beaucoup, Aveuglément est donc une comédie romantique, en a le pitch, et ne s'en cache pas. Le conflit, rapidement exposé et avec assez de finesse pour être de suite marquant, amène une fraîcheur naturelle. Les premières minutes ont tendance à étonner, tant tout se met en place avec un naturel digne d'un réalisateur déjà expérimenté. Le rythme, les gags, la caractérisation des personnages, tout marche bien, en tout cas assez pour impliquer le spectateur avec succès. On remarque tout de même un ton très léger, quelque chose qui va malheureusement plomber un peu le potentiel comique de Un peu, Beaucoup, Aveuglément.

Ris, tout le monde rira avec toi.

Car Un Peu, Beaucoup, Aveuglément n'est pas qu'une comédie romantique. L'œuvre signée par Clovis Cornillac est aussi un feel good movie, ce genre très spécifique, étrangement en vogue ces derniers temps, qui cherche à nous rendre heureux coûte que coûte. On peut citer Papa was not a rolling stone ou encore La famille Bélier, et si on ne peut nier la qualité chez certains de ces films, on regrette que ce ton particulier aille parfois à l'encontre des scénarios auxquels il s'adapte. On en a un exemple typique avec Un peu, Beaucoup, Aveuglément qui réussit parfois à se saborder en terme de cohérence, de traitement des personnages.

Tout, et son contraire.

Prenons l'exemple de l'un des personnages principaux de Un peu, Beaucoup, Aveuglément : Machin. Enfermé dans son studio, traçant des plans et des formules occultes sur un tableau, le personnage incarné par Clovis Cornillac est une sorte de fusion improbable entre Einstein et un Louis De Funès sous calmants. Ça marche plutôt bien, le problème vient de l'exposition du personnage, qui nous le montre comme très mécontent de l'avènement des téléphones portables, qu'il voit comme une concurrence professionnelle via les jeux, mais aussi comme un danger pour les relations entre les personnes. Ça va tout simplement à l'encontre de la volonté du couple Machin et Machine, qui décide de vivre ensemble sans se voir, grâce à l'insonorisation inexistante de leur immeuble. D'un côté Un peu, Beaucoup, Aveuglément dit que les smartphones délient les gens, de l'autre il montre qu'un couple peut se former et s'aimer sans se voir.

Critique – Un peu, Beaucoup, Aveuglément
Feel embarrassé movie.

Un peu, Beaucoup, Aveuglément souffre de ce traitement en feel good movie, car l'approche légère fait accepter certaines incohérences à l'écriture. On le sent typiquement dans le film, et ses incohérences ont beau être noyées dans une ambiance " tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ", on ne peut tout de même nier une certaine gêne au détour de quelques scènes. On a beau rire, mais voir une mère de famille (interprétée par Lilou Fogli) tromper son mari, mentir à ses enfants, puis en parler avec un sourire figé à sa sœur Machine, ça a quelque chose d'embarrassant. Pas spécialement drôle, alors que la situation pouvait l'être très largement en étant traitée avec une recherche de la réaction juste. Le feel good movie, pourquoi pas, mais quand ça tourne à la méthode Coué cinématographique on se dit que la limite a été franchie. Un peu, Beaucoup, Aveuglément tombe dans ce piège, devient parfois beaucoup trop rigolard, et non rigolo.

On en ressort l'esprit léger.

Cependant, il serait injuste de ne pas souligner les qualités de Un peu, Beaucoup, Aveuglément. Le rythme enlevé, qui nous embarque tellement qu'on n'a pas le temps de s'embêter une seule seconde. Le cheminement des personnages est certes limpide, jamais vraiment surprenant, et n'évite pas les passages attendus avec trop d'évidence. Mais on ne peut nier que les qualités formelles, ainsi que certains gags et surtout ceux de la première partie, font en sorte qu'on ressent de bien agréables sentiments. Aussi, l'interprétation du casting est d'une application à toute épreuve. On attend avec impatience un deuxième film pour Clovis Cornillac, après ce Un peu, Beaucoup, Aveuglément un peu trop maladroit pour être totalement convaincant.

Un peu, Beaucoup, Aveuglément, les bonus.

Pour découvrir la bande-annonce, des extraits et des interviews vidéos, direction N'hésitez pas à lire d'autres critiques de Allociné.
Un peu, Beaucoup, Aveuglément, notamment chez Cineserie et Le blog du cinéma.

Critique - Un peu, Beaucoup, Aveuglément

On a envie d'aimer Un peu, Beaucoup, Aveuglément ce film de Clovis Cornillac, malheureusement un scénario loin d'être irréprochable nous déçoit.

  • Le casting de qualité.
  • Le début agréablement frais.
  • Scénario décevant.
  • Des incohérences trop grosses.

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