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Etre mère au Moyen Age, l’éducation, la vie et la mort de l’enfant

Par Marine @Rmlhistoire

Etre mère au Moyen Age, l’éducation, la vie et la mort de l’enfant

Poème d’un troubadour :

« Na Carenza, vous qui êtes belle et gracieuse, veuillez donner un conseil à nous deux sœurs (…) D’après votre connaissance, dois-je prendre un mari, ou dois-je rester pucelle ? Et même si cela me plaît, je ne pense pas que ce soit bon de faire des enfants, mais rester sans mari me paraît pénible.

Na Carenza, prendre un mari me plairait, mais, des enfants, je crois qu’ils sont une grande pénitence, car les seins pendent très bas et le ventre est lourd et gênant… »

Alors que nous avons déjà vu comment devenir mère au Moyen Age, du coït à l’accouchement, en passant par la grossesse, certains accouchements se passent bien, d’autres… Non. Aujourd’hui nous allons voir ensemble comment être mère. Bin oui, c’est pas tout de pondre des mioches, il faut aussi les éduquer ! Et parfois même les aimer. L’angoisse…
D’autant plus que le père, il est pas tellement tellement présent hein.

Etre mère au Moyen Age, l’éducation, la vie et la mort de l’enfant

 Donner la vie, et la conserver

L’allaitement

Dans les familles nobles, la mère n’allaite pas ses enfants, elle les met en nourrice. C’est à dire qu’une paire de nichons est hébergée. Or, la paire de nichons a aussi des bras, des jambes, un cerveau et un cœur, et bien souvent, des liens très forts se créent entre le gamin et sa nourrice. Pour les enfants princiers, il existe même des berceresses. Des meufs qui sont payées juste pour bercer les nourrissons.

Dans les familles de paysans, la mère allaite ses enfants, et parfois ceux des autres. Surtout, elle les berce toute seule. Et puis parfois, l’enfant meurt. Bin oui.

 La mère face à la mort

« Il est fou celui qui s’efforce d’empêcher la mère de pleurer la mort de son enfant jusqu’à ce qu’elle soit bien vidée de ses larmes et soûlée de pleurer »
Bourgeois parisien du XIVème siècle.

 Il est coutume de dire que la mère (surtout lorsqu’elle a du fric) n’a pas d’attachement envers ses nourrissons, du fait de l’allaitement délégué à la nourrice. Attention, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Par exemple, je ne dis pas que ne pas allaiter diminue ou contraint des liens, non. Je dis que l’enfant qui passe plus de temps avec sa nourrice qu’avec sa mère peut avoir un attachement plus important à la nourrice. Mais aussi et surtout à cause du taux très important de mortalité. Bin ouais, les enfants meurent souvent, et très tôt.

Genre c’est une fatalité, la mère sait qu’elle risque de perdre un ou plusieurs enfants durant la grossesse, lors de fausses-couches ou d’accoucher d’enfant mort-né, ou encore que le gamin décède après quelques heures, jours, semaines ou années, alors elle ne s’y attache pas. Bin, évidemment, c’est faux, c’est une légende de merde. Si le rapport à la mort est différent, la mère connaît une véritable douleur lors du décès d’un enfant. Le père aussi, d’ailleurs, il n’est pas rare de voir les couples ou les familles déménager à la suite d’un décès.

Etre mère au Moyen Age, l’éducation, la vie et la mort de l’enfant

Les enfants sont enterrés dans -ou proche- des églises, enfin, ceux qui sont morts. Les vivants ont leur chambre. On va le voit plus tard. Les plus jeunes sont les plus chanceux, ils sont inhumés sous le baptistère, les autres, ceux qui prennent un peu plus de place, sous les gouttières à l’extérieur. Vous allez me dire « sous les gouttières ? C’est complètement con ! » et je vais vous répondre « oui, mais non ».

Être enterré sous la gouttière permet d’être baigné par de l’eau bénite à longueur de temps. Et visiblement, c’est important. Enfin, ça c’est pour les enfants qui ont eu le temps d’être baptisés… Les autres vont dans la terre du jardin et hop directions les enfers des enfants !

« Alors seulement il est temps de la réconforter et d’adoucir sa douleur par de douces paroles. »

Maintenant, si vous le voulez bien, on va parler de choses sympa.

Le bien-être de l’enfant

Etre mère au Moyen Age, l’éducation, la vie et la mort de l’enfant

Les enfants en bas âge

Pour les nourrissons, les mères pratiquent le dorlotage, ou encore le mignotage. En gros, c’est être gaga de son mouflet, le prendre dans ses bras, lui faire des câlins et des chatouilles et des trucs qu’on fait encore aujourd’hui aux bébés quoi. Et puis, il existe des traités sur l’apprentissage, pour expliquer qu’on doit pas essayer d’apprendre à marcher à un enfant de moins d’un an. Ou encore qu’il faut enlever les arrêtes du poisson avant de le leur servir, et de laver le gosse régulièrement. Ça nous paraît normal à nous, mais ça n’a pas toujours été une évidence. En revanche, le babycook et les mixeurs n’existant pas, la mère mâche la nourriture de son petit avant de le lui donner. Un peu comme les mamans oiseaux. Dans les livres, on trouve aussi ce qu’il ne faut pas faire, genre ça. Et encore moins l’abandonner dans une tour qui ressemble vachement à un four à pizza. Les tours d’abandon, ça permettait de se débarrasser de son gosse sans devoir le tuer, ou le laisser mourir de faim. Tu vas le mettre dans la tour, de manière anonyme, et puis ce sont des Sœurs qui s’en occupent.

Le confort et les jouets médiévaux

Les familles qui ont le plus d’argent peuvent offrir à leurs bambins une chambre rien qu’à eux, avec des couffins et aussi des jouets. Genre, des chariotes à enfants. Modernement appelés trotteurs. Ou encore des costumes de chevaliers et des chevaux en bois, et des échiquiers, des dînettes et des instruments de musique. Plus modestement, il existe des poupées de chiffons confectionnées par la mère, ou des osselets (récupérés dans les déchets alimentaires) et des dés. Quand il y a moins de fric, les enfants dorment dans la même pièce, dans le lit conjugal, voire familial, dans un petit couffin en osier, ou sur une sorte de hamac.

Tous les enfants ont des vêtements spécifiques, des brassières, des capes, tout est non-genré jusqu’à l’age de trois ans. Aussi, ils ont également leur vaisselle, un biberon en terre cuite et des petites cuillères. Évidemment, c’est la mère qui fait la bouffe et qui est chargée d’alimenter toute la famille. Mais elle doit aussi éduquer religieusement ses mouflets. C’est important pour la prière avant le repas !

L’éducation

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La religion

La religion, c’est la première chose qu’on apprend à un enfant. Sauf peut-être marcher. Il est important de connaître les prières, il y en a trois principales : le Notre-Père, le Credo et l’Ave Maria. Faut bien justifier leur enterrement sous la gouttière s’il leur arrive quelque chose. Ensuite, la mère doit leur apprendre les péchés capitaux, au nombre de sept. Et surtout, les grandes vertus chrétiennes. Les garçons qui deviendront curés devront parfaire leur instruction auprès d’un prêtre.

Les formules de politesse du Moyen Age sont des bénédictions, du coup, si tu veux être poli tout en étant très jeune, il te faut être un fier religieux : pour dire « bonjour », il te faut dire « à la grâce de dieu » et pour dire « au revoir » c’était « À la grâce de Dieu jusqu’au revoir ». On l’a nettement raccourci. On est des flemmards de la parole.

Enfin, la mère va aussi aider à apprendre à écrire, compter et à lire, lorsqu’elle sait le faire, évidemment…Mais surtout, elle va leur apprendre à bien se tenir.

Les bonnes manières

Il existe de nombreux traités à propos des bonnes manières, et c’est pas du luxe. Le tout étant encore de les lire… Initialement réservés aux châtelains, ils vont se répandre en ville. Moins, ou pas, à la campagne. Les paysans ne sont que des vilains. Et on recommande aux enfants de ne pas se conduire « comme des vilains », ils doivent apprendre à se tenir convenablement dans la rue, chez les autres et surtout à table. Il faut pas cracher par terre, ni prendre la nourriture des autres, ou poser les coudes sur la table. En revanche, il faut se tenir droit, s’essuyer la bouche avant de boire (il n’y a qu’un verre pour plusieurs convives)(bin oui, je te l’ai déjà dit). Pendant ce temps le père… Bin c’est vrai ça, il fait quoi le père ?

On le voit dans un prochain article !

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Livre pour l’enseignement des filles (gallica)
Enluminures coolos
Alexandre-Bidon Danièle, Lett Didier, « les enfants au Moyen Age ? Vè XVè siècle ? », Paris, 2004.
Sigal André, « la grossesse, l’accouchement et l’attitude envers l’enfant mort-né à la fin du Moyen Age d’après les récits de miracle. » Santé, médecine et assistance au Moyen Age.


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