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[feuilleton] Jean Tardieu à 360°, n°9 : Le modèle pictural (I), par Frédérique Martin-Scherrer

Par Florence Trocmé

 
 
Jean Tardieu : le modèle pictural, 1ère partie

Le « pays poétique » de Jean Tardieu a pour terreau primitif les lectures que lui faisaient son père et sa mère quand il était petit — Victor lui lisant des poèmes de Baudelaire ou de Hugo, Caline des fables de La Fontaine ; et puis, bien sûr, comme il le rappelle souvent lui-même, la musique maternelle et la peinture paternelle ont émerveillé son enfance à la manière de deux modèles insurpassables. Il ne deviendra ni peintre, ni musicien : « Pour ma part, dit-il dans Margeries, je n’avais ni le don de peindre les miracles du visible, ni d’inventer des sortilèges auditifs, mais j’étais fasciné par le langage poétique, proche de la musique par ses sonorités et ses cadences, proche du dessin par le tracé des signes » (1). De sa mère, il a hérité une oreille extrêmement fine et attentive au « murmure intérieur » qui résonne en lui lorsque bourdonne, avant même d’exister sur le papier, l’approche de l’écriture poétique : « Il me semblait que je percevais ou devinais les sons ou les rythmes du poème, avant d’en distinguer les paroles, avant d’en comprendre le sens, comme si celui-ci, loin d’être nécessaire, n’était qu’un attribut accessoire du langage » (1). De son père, il a hérité une main : « Aussi loin que je remonte en effet dans mes souvenirs je vois une main — main d’enfant, d’adolescent, main d’homme, puis de vieil homme, en proie au besoin d’écrire, comme si, curieusement, cette simple opération physique précédait l’acte de l’intelligence, au lieu de lui succéder et de lui obéir » 
On voit bien, à travers ces formulations, que le fait d’entendre ou de tracer précède la mise en œuvre du medium qui est le sien, à savoir le langage, comme, dans son histoire personnelle, tout a commencé avec la perception qu’il avait des arts pratiqués par sa mère et par son père. D’où ce désir qui a toujours été le sien de ne pas se contenter de vivre : « Une voix secrète, que j’ai entendue très tôt et qui m’a parlé toute ma vie, m’ordonnait avec une autorité douce mais sans réplique, de chercher, sinon à comprendre, du moins à “traduire” la langue inconnue que cet univers confondant semble nous faire entendre sans nous en donner la clé » (2). Or, la main de son père possède une clé capable d’ouvrir les mystères du visible : « un passe-partout » que le poète va emprunter à la peinture pour l’expérimenter de cent façons dans son oeuvre poétique. 
 
Pour lire l'intégralité de l'article Jean Tardieu, Le modèle pictural (1), cliquer sur le lien. 


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