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3 témoignages sur la seconde guerre mondiale

Publié le 08 mai 2015 par Charlotte @ulostcontrol_
Le thème de la seconde guerre mondiale est vu et revu, je sais ; mais c'est un thème que je trouve non seulement très fourni en littérature mais aussi indispensable. Le devoir de mémoire de la Shoah est pour moi quelque chose d'essentiel et je pars du principe que l'on n'est jamais trop informé. C'est pour cela que je voudrais vous présenter plusieurs séries de livres à propos de la Shoah et de la seconde guerre mondiale en général. Témoignages, pièces de théâtre, bandes-dessinées, romans jeunesse,... je vais essayer d'être aussi complète et éclectique que possible.
Pour cette première édition, j'ai décidé de vous présenter trois témoignages classiques (forcément). Je pense que beaucoup d'entre vous les ont déjà lus ou en tout cas ne les découvriront pas ici, mais je trouvais que c'était important d'en parler, et je ne me voyais pas commencer par autre chose.
3 témoignages sur la seconde guerre mondiale
3 témoignages sur la seconde guerre mondialeLe Journal d'Anne Frank

3 témoignages sur la seconde guerre mondialeAnne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort. Sa famille a émigré aux Pays-Bas en 1933. À Amsterdam, elle connaît une enfance heureuse jusqu'en 1942, malgré la guerre. Le 6 juillet 1942, les Frank s'installent clandestinement dans " l'Annexe " de l'immeuble du 263, Prinsengracht. Le 4 août 1944, ils sont arrêtés sur dénonciation. Déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, Anne meurt du typhus en février ou mars 1945, peu après sa sœur Margot. La jeune fille a tenu son journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944, et son témoignage, connu dans le monde entier, reste l'un des plus émouvants sur la vie quotidienne d'une famille juive sous le joug nazi.

Lire le Journal d’Anne Frank c’est non seulement prendre conscience du quotidien imposé aux juifs par l’antisémitisme nazi mais c’est aussi se prendre la jeunesse d’Anne en pleine face. Ce récit n’est pas le simple témoignage de deux familles recluses dans l'annexe d'un magasin : c'est le regard d'une adolescente sur les événements qui l'entourent ; c'est voir sa fougue, son dynamisme, sa rage de vivre tout en sachant d'avance la fin de l' « histoire ».
Anne voulait devenir écrivain et s'essaye ainsi à l'écriture dans son journal. Elle y développe ses relations avec ses parents et sa soeur, sa vision du monde, ses ambitions, ses déceptions. Avant de témoigner sur son époque, Anne écrit surtout sur sa vie personnelle et ses émotions de telle sorte qu'on ressent son humanité et sa jeunesse avec beaucoup de force et qu'on se sent très proche d'elle. Ce journal n'est pas celui d'une jeune adolescente banale : on sent déjà malgré son jeune âge sa maturité ainsi que l'acuité et la pertinence de son jugement. Un témoignage troublant et profondément humain à lire pour reprendre pied avec la réalité.
« Lorsqu'une personne du dehors entre chez nous, avec la fraîcheur du vent dans ses vêtements et le froid sur son visage, je voudrais cacher ma tête sous les couvertures pour faire taire cette pensée : « Quand nous sera-t-il donné de respirer l'air frais ? » Et parce que je ne peux me cacher la tête sous les couvertures, obligée, au contraire, de la tenir haute et droite, les pensées viennent et reviennent, innombrables. Crois-moi, après un an et demi de vie cloîtrée, il y a des moments où la coupe déborde. Quel que soit mon sens de la justice et de la reconnaissance, il ne m'est plus possible de refouler mes sentiments. Faire du vélo, aller danser, pouvoir siffler, regarder le monde, me sentir jeune et libre : j'ai soif et faim de tout ça et il me faut tout faire pour m'en cacher. » p.143, lettre du 24 décembre 1943

3 témoignages sur la seconde guerre mondialesi c'est un homme, primo levi

On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'on prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité.3 témoignages sur la seconde guerre mondiale

Déporté à Auschwitz en Février 1944, Primo Levi y est resté prisonnier pendant un an. Un an pendant lequel il a échappé aux sélections, a vu ses amis partir et a été confronté à toutes les nuances de l'âme humaine. L'idée d'écrire Si c'est un homme a germé en lui alors qu'il était encore au Lager - c'est d'ailleurs dans le laboratoire de chimie du camp qu'il commence à l'écrire ; il pense déjà à l'après : témoigner est pour lui un besoin, un devoir.Si c'est un homme est sûrement un des récits les plus glaçants que l'on peut lire dans une vie. C'est avec un style parfois presque clinique que l'auteur nous décrit son expérience des camps, ses relations avec les autres et sa nouvelle relation à soi. On comprend ainsi que c'est toute une conception humaniste de l'Homme qui s'effondre et toute une définition à reconstruire complètement ; on prend conscience des conséquences que cet événement a eu sur notre façon de penser, de concevoir l'homme, la vie et le progrès. Si c'est un homme fait partie des rares livres dont je garde un souvenir très, très précis. Une analyse très intelligente de la vie en camp concentrationnaire et une plongée abyssale dans les tréfonds de l'âme humaine.
« Aussi, en fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination. Je ne l'ai pas écrit dans le but d'avancer de nouveaux chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente  ou inconsciente, que « l'étranger, c'est l'ennemi ». Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager ; c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme. » Préface
3 témoignages sur la seconde guerre mondialemaus, art spiegelman

3 témoignages sur la seconde guerre mondialeMaus est une bande dessinée d'Art Spiegelman. Elle raconte, à travers le dialogue de l'auteur et de son père, juif polonais, survivant des ghettos et d'Auschwitz, l'histoire des persécutions nazies, depuis les premières mesures anti-juives jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre.

C'est en dessinant des chats et des souris qu'Art Spiegelman a choisi de raconter l'histoire de son père, survivant de la Shoah. La perspective utilisée dans Maus est donc différente de celle des deux témoignages précédents puisque l'histoire des camps de concentration est racontée du point de vue de la génération suivante : celle des enfants des survivants de la Shoah, nés après la guerre. La bande-dessinée d'Art Spiegelman est d'autant plus émouvante qu'on y sent toute l'incompréhension de ceux qui ne l'ont pas vécu. Sans pudeur, sans euphémisme, le dessinateur nous raconte l'histoire des camps pour mieux nous faire comprendre quelles conséquences ils ont eu sur les générations suivantes et comment les survivants se sont reconstruits après ça.Le regard d'Art sur son père est très ambigu, il ne sait pas que penser ni comment juger cet homme qui n'est plus seulement son père mais aussi quasiment une figure historique. En tant que fils, il regrette son avarice et a honte de certains de ses comportements ; en tant que fils de survivant, il culpabilise de lui en vouloir, a lui-même honte de ne pas l'avoir vécu. Les thèmes abordés dans cette bande-dessinée sont incroyablement riches : si la condition de déporté apparaît au premier plan de l'histoire, c'est aussi toute la problématique de la mémoire, du souvenir, de la façon dont il faut en parler (dessiner des animaux ? pourquoi choisir le format de la bande-dessinée ?) qui sont décrits ici. Finalement, ce qui m'a profondément touchée dans cette bande-dessinée, c'est de voir l'auteur essayer de renouer avec son père, de se rapprocher de lui de manière intime - de retrouver son noyau familial par le biais de l'Histoire collective. Une histoire personnelle à la résonance particulièrement universelle. D'une justesse et d'une émotion incroyables.3 témoignages sur la seconde guerre mondiale3 témoignages sur la seconde guerre mondiale
Voilà donc « mes » trois gros classiques de la littérature de la seconde guerre mondiale et de la Shoah. Les avez-vous lus ? Si oui, dans quel contexte (scolaire ou personnel) les avez-vous découverts ?
S'il fallait en retenir une chose, ce serait leur humanité. A vous maintenant de partager les vôtres et de donner toutes vos recommandations de lectures sur le thème de la seconde guerre mondiale et/ou des camps de concentration en commentaires !

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