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Taxi Téhéran, film de et avec Jafar Panahi

Par Mpbernet

affiche taxi

Partout, ce film iranien, sorti en douce du pays, est décrit comme un chef d’œuvre … Il a été primé au festival de Berlin.

Je veux bien. Mais il vaut mieux tout de même être prévenu du côté déroutant de l’œuvre d’un réalisateur empêché de tourner, et qui se retrouve à faire le taxi dans les rues de Téhéran … sans toujours faire ses payer ses clients et sans bien savoir où il nous mène ...

Au fil des minutes, plusieurs clients se rencontrent dans ce taxi collectif (j’avais connu les « dolmus » à Istamboul dans les années 60) avec leurs préoccupations quotidiennes. Ce taxi devient un espace de liberté d’expression fugace vis-à-vis du régime répressif des mollahs. Il y a en particulier l’accidenté transporté à l’hôpital qui se fait filmer dictant son testament par un téléphone portable afin que ses frères laissent tranquilles son épouse malgré les règles de la charia, les deux grosses dames qui ont la mauvaise idée de transporter en taxi des poissons rouges dans un bocal, l’ancien voisin qui s’est fait tabasser par des types qu’il a reconnus mais ne peut dénoncer …

jafar Panahi

avocate

Il y a surtout la jeune nièce hyper douée et légèrement insupportable qui doit réaliser une vidéo pour son école et énonce les innombrables règles devant être respectées pour que le film soit « diffusable »… certaines sont carrément ridicules (à nos yeux : comment doivent être prénommés les personnages, comment ils doivent être vêtus quand ce sont des méchants ou au contraire des bons ...) et, évidemment, le film de Panahi ne l’est pas puisqu’il montre la violence et met en scène une avocate des droits de l’homme tentant de persuader une jeune fille emprisonnée de cesser sa grève de la faim. Son crime ? Elle a voulu assister à un match dans un stade naturellement réservé aux hommes.

accidenté

Jafar Panahi a transformé l’habitacle de son véhicule en studio de tournage à l’aide de mini-caméras - les bruits du véhicule constituet une bande-son particulièrement intéressante ; son œuvre est un exercice de style, plein de tendresse et de reproches, d’imperfections techniques et d’humour noir sympathique, d'auto-dérision tragique.

Si parfois nous nous imaginons que le régime iranien a évolué depuis le « Persépolis » de Marjane Satrapi, nous constatons qu’il n’en est rien. Combien de temps une société évoluée, à l’antique et riche culture, supportera-t-elle un tel totalitarisme ?


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