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Rivage des intouchables, Francis Berthelot

Par Maliae

rivage des intouchablesRésumé : Sur Erda-Rann, planète où la mer a sa volonté propre et, sous le nom de Loumka, fait figure d’inconscient collectif, il y a plusieurs façons d’être intouchable. Être un Gurde, par exemple, un natif du désert au corps couvert d’écailles. Et rencontrer un Yrvène, habitant des eaux à la muqueuse pigmentée. Car la guerre entre les races a beau être finie, la Loi d’Instinct interdit tout contact.
Devenir transvers alors ? S’exposer à l’opprobre universel en favorisant, au fil de nouvelles rencontres, l’osmose entre écailles et pigments ? C’est alors risquer une autre façon d’être intouchable : tomber malade, donner voie aux pulsions de mort que l’on se cache à soi-même, mais qui n’échappent pas à la Loumka…

Avis : J’ai presque envie de dire que ce livre c’est une claque dans la gueule. Dès le début de la lecture on comprends que ce livre raconte l’histoire de l’homosexualité (et le combat des LGBT pour être accepté) et surtout de l’apparition du SIDA. Tout est très imagé, raconté à travers l’histoire de ces deux peuples à qui l’on interdit de se toucher. Etre transvers dans ce monde est condamné par la Loi d’Instinct, et les transvers sont mal vus, mal traités. L’histoire commence avec le petit Arthur, Gurde, qui va avoir un contact avec Cassiãn, un Yrvène. Et on sent tout de suite le déshonneur, la peur, la réaction de la mère qui ne veut pas que son fils soit transvers. C’est vraiment bien décrit, on a le sentiment d’Arthur qui se sent malmené, et les pensés de ses parents qui ont l’impression de faire ça par amour.
C’est donc tout un combat qu’on retrouve dans ce livre, un combat pour pouvoir être libre d’aimer, de toucher qui l’on veut. Si le début est touchant, presque positif, on sent bien dans le fond un aspect froid, dur, quelque chose dans la façon dont c’est écrit qui nous dis que ça ne va pas durer. Et la maladie fait son apparition. 
Le livre bascule alors dans quelque chose de vraiment dur. Les choses deviennent de pires en pires, me montaient à la gorge, je faisais souvent des pauses dans ma lecture car c’était loin d’être positif.
L’écriture de l’auteur est assez spécial, toute en image, il faut être concentré pour lire mais du coup on se retrouve encore plus propulsé dans ce monde, dans l’injustice, le malaise, la maladie. Dans les sentiments de peur des personnages, dans cette envie de survivre ou de se laisser au contraire couler.
Il se dégage pourtant de ce livre une certaine beauté, des personnages forts ou faibles, qui essaient de s’en sortir, qui continuent à vivre malgré tout, de ceux qui se soutiennent et ne se lâchent pas.
Dans ce livre on tourne surtout autour de quatre personnages. Cassiãn et Arthur, bien sûr, puisque tout démarre de là, de leur amour, mais également de Léonore la Gurde au caractère bien trempée qui chante comme personne, et de Meg, une Yrvène, danseuse. Leur relation à tous les quatre est forte, amour, amitié, sexe, toujours est-il qu’ils sont assez soudés. J’aimais énormément comment Léonore voulait protéger Meg. J’aurais également aimé voir plus Arthur et Cassiãn, leur amour, leur proximité. Parce que même s’ils se blessent, ils sont rattachés l’un à l’autre, et ne veulent pas être séparés. On le sent par exemple dans l’inquiétude d’Arthur pour Cassiãn à un moment, mais c’est vrai que j’aurais aimé le voir plus encore.
Le livre est beau, dur, froid. Mais la fin est grandiose. Elle m’a émue aux larmes et m’a touché en pleins cœur. C’était magnifique, je trouve que c’était l’aboutissement de toute l’histoire. C’était vraiment bien, j’ai adoré. 

Phrases post-itées : 
« – Mes poings peuvent-ils vous rendre service ? Demande-t-il aux galopins. A trois, c’est dangereux d’attaquer un moucheron ! »

« Consterné de se voir aimer tellement à contretemps, il laisse les phrases s’abattre sans répondre. »


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