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Le vide est la forme

Publié le 13 mai 2015 par Joseleroy

Dans les monastère zen, après chaque scéance de méditation, on chante le Sutra du Coeur, qui est un des textes les plus importants du bouddhisme, et aussi l'un des plus courts. Il est connu sous le nom japonais Hannya Shingyo.

Le texte original a pu être composé directement en chinois vers le 4eme siècle, puis retranscrit en sanskrit.

En voici une calligraphie chinoise du  6 ème siècle

Prajnyaapaaramitaa_Hridaya_by_Ouyang_Xun

Je l'ai moi-même récité des dizaines de fois au dojo zen de Paris ou au grand dojo de la Gendronnière. On le récite dans un chinois ancien appelé Kanbun

kanbun

Le texte nous dit que rien dans le monde n'a de substance, que toutes le formes sont vides et que le vide est identique aux formes.

En voici une traduction du chinois par Eric Rommeluère

"Lorsque le bodhisattva Maître-en-contemplation pratique la profonde prajñâ pâramitâ, il voit que les cinq agrégats sont tous vides et se libère de toutes les souffrances.

Shâriputra, les formes ne sont pas différentes du vide, le vide n’est pas différent des formes, les formes sont le vide, le vide est les formes. Il en va de même des sensations, des perceptions, des constructions mentales et des consciences.

Shâriputra, tous ces éléments ayant l’aspect du vide, ils n'apparaissent ni ne disparaissent, ils ne sont ni souillés ni purs, ils ne croissent ni ne décroissent. C’est ainsi que dans le vide, il n’y a pas de forme ni de sensation, de perception, de construction mentale et de conscience.

Il n’y a pas d'œil, d'oreille, de nez, de langue, de corps ni de mental. Il n’y a pas de forme, de son, d'odeur, de saveur, de tangible ni d'élément. Il n’y a pas de domaine du visuel et ainsi de suite il n'y a pas de domaine de la conscience mentale.

Il n’y a pas d'ignorance et non plus cessation de l’ignorance et ainsi de suite il n'y a pas de vieillesse ni de mort et non plus cessation de la vieillesse et de la mort. Il n’y a pas de souffrance, d'origine, d'extinction ni de chemin. Il n’y a pas de connaissance et pas plus d'obtention puisqu'il n'y a rien à obtenir.

Comme le bodhisattva s’appuie sur la prajñâ pâramitâ, son esprit ne connaît plus d'empêchement et comme il ne connaît plus d'empêchement, il est dénué de crainte. Libéré des méprises et des pensées illusoires, il accède au nirvâna. Comme les bouddhas des trois temps s’appuient sur la prajñâ pâramitâ, ils réalisent l'anuttarâ samyak sambodhi.

Sache donc que la prajñâ pâramitâ est la grande formule magique, la grande formule du savoir, la formule suprême, la formule inégalée qui permet de supprimer toutes les souffrances, elle est vraie et non pas vaine. C'est pourquoi j'enseigne la formule de la prajñâ pâramitâ. J'enseigne ainsi la formule : Gate, gate, pâragate, pârasamgate, bodhi, svâhâ!

Référence canon sino-japonais de Taishô : volume VIII, livre 251, p. 848c."

Autre traduction du chinois

Sûtra du Coeur de la perfection de sagesse
(Hannya-haramita shingyô)

- traduit du sanskrit en chinois par Xuanzang en 649 ap. J.-C. -

Lorsque le Bodhisattva Avalokiteçvara pratique la profonde prajñâ-pâramitâ [perfection de sagesse], il voit clairement que les cinq agrégats sont tous vides, et il dépasse toutes les souffrances.
- Shariputra! La forme n'est pas différente du vide, le vide n'est pas différent de la forme. La forme, c'est le vide; le vide, c'est la forme. Il en va aussi de même des sensations, des perceptions, des constructions et des consciences.
Shariputra! Tous ces éléments caractérisés par le vide ne naissent ni ne disparaissent, ne sont ni souillés ni pures, ne s'accroissent ni ne décroissent.
C'est pourquoi, dans le vide, il n'y a pas de forme, de sensation, de perception, de construction ni de conscience.
Il n'y a pas d'oeil, d'oreille, de nez, de langue, de corps ni de mental.
Il n'y a pas de forme, de son, de parfum, de goût, de toucher ni d'éléments.
Il n'y a pas de domaine de la vision, etc., ni de domaine de la conscience mentale.
Il n'y a pas ignorance ni suppression de l'ignorance, etc., pas de vieillesse-et-mort ni suppression de la vieillesse-et-mort.
Il n'y a pas de souffrance, d'origine, d'extinction ni de chemin.
Il n'y a ni connaissance ni acquisition.
Parce qu'il n'y a rien à être acquis, le bodhisattva s'appuyant sur la prajñâ-pâramitâ n'a pas d'empêchement en son mental.
Parce qu'il n'a pas d'empêchement, il n'a pas de crainte : séparé de toutes les méprises et pensées illusoires, il parvient au nirvâna.
Les buddha des trois temps obtiennent l'anuttara-samyak-sambodhi [parfait éveil insurpassable] en se fondant sur la prajñâ-pâramitâ.
Sache donc que la prajñâ-pâramitâ est la grande formule sublime! C'est la formule de la grande science. C'est la formule insurpassable. C'est la formule égalant l'inégalable. Elle supprime toutes les souffrances. Elle est authentique et non pas vaine. C'est pourquoi, j'expose la formule de la prajñâ-pâramitâ, formule qui s'expose ainsi :
Gate gate pâragate pâra samgate bodhi svâhâ
[Allé, allé, allé au-delà, allé entièrement au delà : Salut à l'Éveil!].
traduction française sur le chinois : Jérôme Ducor

Une émission de Sagesses Bouddhistes sur le Soutra du coeur

le sutra en  sanskrit

En sanskrit

prajñāpāramitāhṛdayasūtram

oṃ namo bhagavatyai āryaprajñāpāramitāyai

1

āryāvalokiteśvaro bodhisattvo gambhīrāṃ prajñāpāramitācaryāṃ caramāṇo vyavalokayati sma : pañca skandhās tāṃś ca svabhāvaśūnyān paśyati sma.

2

iha śariputra rūpaṃ śūnyatā śūnyataiva rūpaṃ, rūpān na pṛthak śūnyatā śūnyatāyā na pṛthag rūpaṃ, yad rūpaṃ sā śūnyatā yā śūnyatā tad rūpam; evam eva vedanā saṃjñā saṃskāra vijñānam.

3

iha śariputra sarvā dharmāḥ śūnyatā lakṣaṇā, anutpannā aniruddhā amalā avimalā anūnā aparipūrṇāḥ.

4

tasmācchāriputra śūnyatāyāṃ na rūpaṃ na vedanā na saṃjñā na saṃskārā na vijñānaṃ ; na caksuḥ śrotra ghrāṇa jihvā kāya manāṃsi ; na rūpa śabda gandha rasa spraṣṭavya dharmāḥ ; na cakṣurdhātur yāvam na manovijñānadhatūḥ ; nāvidyā nāvidyākṣayo yavām na jarāmaraṇaṃ na jarāmaraṇakṣayo ; na duḥkha samudaya nirodha mārgā, na jñānaṃ, na prāptir na aprāptiḥ.

5

tasmācchāriputra aprāptitvād bodhisattvasya prajñāpāramitām āśritya viharaty acittāvaraṇaḥ ; cittāvaraṇanāstitvād atrasto viparyāsātikrānto niṣṭhā nirvāṇaḥ.

6

tryadhvavyavasthitāḥ sarvā buddhāḥ prajñāpāramitām āśrityānuttarāṃ samyaksambodhim abhisambuddhāḥ.

7

tasmāj jñātavyam: prajñāpāramitā mahā mantro mahā vidyā mantro ‘nuttara mantro ‘samasama mantraḥ, sarva duḥkha praśmanaḥ, satyam amithyatvāt. prajñāpāramitāyām ukto mantraḥ. tadyathā:

gate gate pāragate pārasaṃgate bodhi svāhā.

iti prajñāpāramitā hṛdayaṃ samāptam.

En tibétain

CHOM DÄN DÄ MA SHE RAP KYI PA RÖL TU CHIN MA LA CHAK TSÄ LO DI KÄ DAG GI TÖ PA DU CHAK NA / CHOM DÄN DÄ GYÄL PÖ KAP(NA) JA GÖ PUNG PÖ RI LA GE LONG GI GE DÜN CHEN PO DANG/ JANG CHUP SEM PÄ GE DÜN CHEN PO DANG TAP CHIK TU ZHUK TE DEI TSE CHOM DÄN DÄ ZAP MO NANG WA ZHE WÄ CHÖ KYI NAM DRANG KYI TING NGE DZIN LA NYOM PAR ZHUK SO

YANG DEI TSE JANG CHUP SEM PA SEM PA CHEN PO PAK PA CHEN RÄ ZIK WANG CHUK SHE RAP KYI PA RÖL TU CHIN PA ZAP MO CHÖ PA NYI LA NAM PAR TA ZHING, PUNG PO NGA PO DE DAK LA YANG RANG ZHIN GYI TONG PAR NAM PAR TAO... JANG CHUP SEM PA SEM PA CHEN PO PAK PA CHÄN RÄ ZIK WANG CHUK GI TSE DANG DÄN PA SHA RA DA TI BU LA, DI KÄ CHE MÄ SO:

SHARIBU, ZUK TONG PAO/TONG PA NYI ZUK SO ZUK LÄ TONG PA NYI ZHÄN MA YIN TONG PA NYI LÄ KYANG SUK ZHÄN MA YIN NO DE ZHIN DU TSOR WA DANG/ DU SHE DAND/ DU JE DANG/NAM PAR SHE PA NAM TONG PAO.

SHARIBU, DE TAR CHE TAM CHE TONG PA NYI DE TSÄN NYI ME PA, MA KYEPA/ MA GAK PA DRI MA ME PA/ DRI MA DANG DRÄL WA (ME.PA) DRI WA ME PA/ GANG WA ME PAO.

SHARIBU, DE TA WÄ NA TONG PA NYI LA ZUK ME TSOR WA ME/ DU SHe ME/ DU JE ME/ NAM PAR SHE PA ME MIK ME/ NA WA ME/ NA ME/ CHE ME/ LÈ ME/ YI ME ZUK ME/ DRA ME / DRI ME/ RO ME REK JA ME/ CHÖ ME DO MIK GI KAM ME PA NÄ/ YI KYI KAM ME/ YI KYI NAM PAR SHE PÄ KAM KYI BAR DU YANG ME DO MA RIK PAR ME/ MARIK PA ZÄ PA ME PA NÄ GA SHI ME/ GA SHI ZÄ PÄ BARD DU YANG ME DO DE ZHIN DU DUK NGÄL WA DANG/ KÜN JUNG WA DANG/ LA ME/ YE SHE ME TOP PA ME/MA TOP PA YANG ME DO.

SHARIBU, DE TA WÄ NA JANG CHUP SEM PA NAM TOP PA ME PÄ CHIR SHE RAP KYI PA RÖL TU CHIN PA LA TEN CHING NÄ TE SEM LA DRIP PA ME PÄ TRAK PA ME DE CHIN CHI LOK LÄ SHIN TU DÂ NÄ NYA NGÄN LÄ PÄ TAR CHIN TO. DÜ SUM DU NAM PAR ZHUK PÄ SANG GYÄ TAM CHÄ KYANG SHE RAP KYI PA RÖL TU CHIN PA LE TEN NÄ LA NA ME PA YANG DAK PAR DZOK PÄ JANG CHUP TU NGÖN PAR DZOK PAR SANG GYÄ SO.

DE TA WÄ NA SHE RAP KYI PA RÖL TU CHIN PÄ NGAK RIK PA CHEN PÖ NGAK, LA NA ME PÄ NGAK MI NYAM PA DANG NYAM ME PÄ NGAK DUK NGAL TAM CHÄ RAP TU ZHI WAR JE PÄ NGAK MI DZÜN PÄ NA DEN PAR SHE PAR JA TE SHE RAP KYI PA RÖL TU CHIN PÄ NGAK MÄ PA:

TADYATHÂ OM GATE GATE PÂRAGATE PÂRASAMGATE BODHI SVÂHÂ.

Et même en latin:

Sūtra Cordis Magnæ Sapientiæ Transcendentis

(Om laudetur Domina Nobilissima Sapientia Transcendens!)

Sūtra Cordis Magnæ Sapientiæ Transcendentis. Bodhisattva Avalokita, profundam Sapientiam transcendentem excolens, quinque complexuum vacuam naturam conspexit, et hoc modo omnes dolores superavit. - Shāriputra, forma dissimilis non est vacuitatis, vacuitas dissimilis formæ non est. Forma est vacuitas, vacuitas forma est. Idem accidit sensibus, perceptionibus, propensionibus, conscientiis. - Shāriputra, omnia phænomena natura vacua sunt: non nata neque exstincta, non pura neque impura, non crescentia neque decrescentia. Ideo in vacuitate forma, sensus, perceptio, propensio, conscientia non est; non oculus, auris, nasus, lingua, corpus, mens; non species, sonus, odor, sapor, contactus, notio. Sensus videndi non est, neque alia elementa huius generis usque ad mentis conscientiam. Ignorantia non est, neque finis eius, aliaque huius generis usque ad senectutem et mortem, neque finis eorum est. Labor non est, non causa, non exitus, non Via. Scientia non est, neque adeptio. Cum nihil adipiscendum sit bodhisattva Sapientia transcendente nisus, animo libero ab impedimentis vivit. Impedimentis non obstantibus nulla timet, falsas cogitationes relinquit et summum Nirvāna fit. Cum Sapientia transcendente nitantur, omnes Buddha trium temporum perfectam Illuminationem consequuntur. Scito igitur Sapientiam transcendentem sublimem mantra esse, mantra magnum et fulgentem, maximum mantra, mantra sine æquali, quod omnes labores dissolvere potest. Verum est, sine errore. Proinde mantra Sapientiæ transcendentis ita pronuntia:

GATE GATE PĀRAGATE PĀRASAMGATE BODHI SVĀHĀ! (Ivit, ivit, transivit, totum transivit, Illuminatio tum sit!)

Pour ma part, je le comprend ainsi :

Quand je retourne mon regard au-dessus de mes épaules, je ne vois pas d'yeux, ni de bouche, ni de nez, mais un vide. Il n'y a rien, absolument rien ici, au centre.

Et ce vide est aussitôt rempli par le monde, ses formes et ses couleurs.

Ainsi le vide est la forme et la forme est le vide.

Hourra !

jlr


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