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L’art de s’empiffrer à Rome

Publié le 14 mai 2015 par Polinacide @polinacide

Après l’effort, le réconfort. Aujourd’hui c’est férié, alors pour l’occasion on vous a concocté deux billets spécial gripaille avec Raconte-moi l’histoire, tirés du Manuel des antiquités romaines de Joachim Marquardt, déniché sur Gallica. Puisque la faim justifie les moyens, vous en reprendrez bien une part chez Marine ?

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Vomir, c’est repartir. Et ça ne vaut pas que pour l’alcool chez nos amis les Romains. Si la réputation de leurs orgies déchainées les suit sans relâche à travers les siècles, c’est parce que la demi-mesure n’a jamais été leur fort. Au lit comme à table, rien ne se consomme avec modération: un coup d’œil au menu suffit pour le comprendre. Mise en bouche.

D’abord, se savoure la gustatio (une sorte d’entrée composée de dizaines d’hors d’oeuvres), à laquelle succède la cena (l’équivalent du plat principal), elle-même constituée parfois de plusieurs services. Appétits de moineaux s’abstenir. S’ensuivent les secundae mensae et le dessert, sans oublier la commissatio, le moment où les convives se mettent – enfin – à boire. Souvent jusqu’à plus soif. Car comme l’huile et l’eau, on ne mélange pas l’alcool et les plats à Rome, pour éviter que le vin n’altère le goût de la bonne chair. Du coup, pour digérer, le banqueteur se lâche sur la boisson à grands renforts de cul-sec ! «On porte, avec une coupe remplie à la mesure prescrite, la santé d’un convive ; on lui tend la coupe, et il doit la vider jusqu’au fond. Ou bien on porte un toast à un absent, une santé à une personne présente, en exigeant autant de cyathi (unité de mesure à l’époque) qu’il y a de lettres dans le nom de la personne à qui l’on boit. Dans tous les cas, d’ailleurs, le point est de vider la coupe d’un trait, sans reprendre haleine ni laisser une goutte.» À croire que Bacchus serait à l’origine du binge drinking.

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Vomir, pour mieux se resservir : fallait y penser ! Pourquoi donc se priver de dessert au prétexte d’avoir abusé des petits fours ? Surprenante, cette pratique pourtant courante à Rome a même donné naissance aux vomitorium (bien avant que le terme ne soit repris pour les théâtres romains), pour les invités qui souhaiteraient se vider discrètement avant de s’en remettre plein la panse. De quoi filer la nausée à Gargantua en personne, expliquant probablement que les banquets ne viraient pas en orgie aussi souvent qu’on le croit. Pas question de passer à la casserole n’importe comment. Et surtout pas le ventre vide, si tant est qu’il reste suffisamment d’énergie pour le faire. 

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Pas très sexy, vous en conviendrez. Rien d’étonnant au final lorsque l’on sait de quels produits se composaient les fameux banquets : vulve, foie, tétine et cartilage de porc étaient eux aussi « transformés en mets exquis ». Gavés aux deux doigts coupe faim.


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