Kamarades (T1/3) La fin des Romanov

Chronique « Kamarades (T1) »

Scénario de Benoît Abtey & Jean-Baptiste Dusséaux, dessin de Goust Mayalen,

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Style : Aventure / drame historique
Paru aux éditions Rue de Sèvres, le 13 mai 2015, 64 pages couleurs, 13.50 euros
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L’Histoire

Petrograd, hiver 1917. La grande guerre mondiale s’enlise et Nicolas II Romanov Nikoalovitch, le Tsar de toutes les Russies est accablé de tous les maux par son peuple. Les révoltes se multiplient et les révolutionnaires, dont le chef Lénine s’est exilé en Allemagne, continuent de résister à L’Okhrana, la police politique…
Dans la foule, Alexandre retrouve Volodia, son ami de toujours. Le jeune militaire, fou amoureux de la belle Ania, fait la connaissance de Joseph Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline.
Quand Ania s’en retourne chez elle, Volodia continue la soirée avec Staline. Ils se rendent chez Boris, le nouveau peintre officiel de la cours impériale, qui fête son statut et la manne financière qui va avec. La première commande, un grand tableau a la facture très classique, révèle aux jeunes hommes qu’Ania n’est autre qu’Anastasia Romanova, la fille de l’empereur…
Au palais d’hiver, siège du pouvoir royal, la jeune femme s’oppose à son père. Elle lui révèle qu’elle est tombée amoureuse d’un soldat, qu’elle voit tout les jours depuis une semaine. Pour casser cette amourette, l’empereur la met devant un choix : si elle casse et garde son rang, il s’engage à signer la fin de l’état policier…

Ce que j’en pense

Trois nouveaux venus aux éditions “Rue de Sevres”, (Benoît Abtey & Jean-Baptiste Dusseaux au scénario) et Mayalen Goust (au dessin) font souffler un vent glacial et romanesque sur le monde de la BD.
S’inspirant de l’Histoire (la grande, celle avec un “H”) de la Russie (la grande, celle avec un “R”), ils composent une partition romantique qui s’écrit dans l’amour et le sang.
Sur fond de contexte historique (la fin des Romanov et la montée de la révolution), Abtey et Dusseaux mettent en scène les icônes de l’époque (Le tsar, Lénine, Staline, Annastasia) en mêlant à leur destin (souvent tragique) une grande histoire d’amour. Cette fresque romantique, plus qu’historique, porte toute la saveur “ de l’âme slave”. Tandis que les hommes se déchirent et s’entre-tuent pour des idéaux, Volodia et Anastasia s’aiment contre tout et contre tous.

Dans “Kamarades”, l’histoire est en marche ! Mais plus que de détailler la révolution, Abtey et Dusseaux se focalisent sur l’humain. A cet amour contrarié et impossible (le soldat et la fille des Romanov), ils opposent les luttes de pouvoirs intestines entre chefs de la révolution.
Grandiose, héroïque, épique, ce premier album ne m’a pas laissé insensible. Les deux personnages centraux et leur amour en font des véritables icônes qu’on a envie de suivre jusqu’au bout du monde…
Le récit, très dense, est victime de sa complexité. Il m’a bien fallut un seconde lecture pour en apprécier tout les personnages et les subtilités, en tentant de me remémorer mes connaissances (scolaires et lointaines) sur la révolution russe.

Le récit est porté par le dessin assez particulier de Mayalen Goust, dont c’est la première BD (connue pour ces illustrations en livres jeunesse).
Mayalen impose une graphisme personnel, avec un trait épuré à l’extrême, soutenu par un crayonné léger. De grands aplats de couleurs complètent l’ensemble pour un résultat aérien et élégant. Néanmoins, cette recherche systématique de l’épure m’a surpris et m’a donné quelquefois l’impression d’un “vide” ou d’un “inachevé”.

Si les dialogues, eux aussi très épurés, sont au diapason de l’album, l’ensemble m’a laissé une impression de récit puissant et universel, mais avec quelques erreurs de jeunesse… J’y retournerais très volontiers pour un second tome (sur trois) , pour en apprécier la progression.