Magazine Beaux Arts

Exposition « L’empire du sens » MASAYOSHI YAMADA à la Galerie Anne-Marie & Roland Pallade | Lyon

Publié le 15 mai 2015 par Philippe Cadu
Exposition « L’empire du sens » MASAYOSHI YAMADA à la Galerie Anne-Marie & Roland Pallade | Lyondu 21 mai au 4 juillet 2015 http://www.pallade.net/ Œuvres exposées du 21/05/2015 au 04/07/2015

vernissage jeudi 21 mai de 18h à 20h30 en présence de l'artiste

En 1990, Pierre Restany concluait la présentation de l'exposition de Yamada à la galerie Claude Samuel en " rendant justice à l'extrême cohérence d'une sensibilité qui est cosmique parce qu'elle se veut rigoureusement élémentaire ". Vingt cinq ans après, son propos reste toujours d'actualité tant l'itinéraire emprunté par Yamada a su conserver sa cohérence et sa pertinence, alors que durant toute cette période sa production s'est enrichie de l'apport de nombreuses particules élémentaires : " tuyau, bois, fer, tissus, plexiglas, goudron, résine, papier, plomb, bronze, béton armé, peau céramique, verre... " (Robert Bonaccorsi), qu'il réussit, chaque fois, à combiner et à métamorphoser pour nous offrir à voir des œuvres pleines de sens.
Il y a plusieurs manières de rendre compte d'un tel itinéraire et d'une telle production. J'en retiendrai ici deux.
La première, à consonance plus idéologique, nous renvoie à l'idée de postmodernité dans ce qu'elle permet de rendre compte des transformations qui affectent non seulement le monde de l'art à la manière dont l'a relatée Jean-François Lyotard mais la soc

Exposition « L’empire du sens » MASAYOSHI YAMADA à la Galerie Anne-Marie & Roland Pallade | Lyon
iété dans son ensemble ; par delà la remise en cause des métalangages et des systèmes sociétaux qui ont accompagné l'émergence des sociétés industrielles, la postmodernité implique une posture critique qui affecte en particulier les relations de l'homme à la nature dans ce qu'elles contiennent d'asymétries. Il y a sans nul doute quelque chose de similaire dans la démarche créatrice de Yamada qui procède par une minutieuse déconstruction du réel à partir d'une activité de recueil de particules élémentaires, " des parcelles, des éclats, des bribes, des miettes " (Robert Bonaccorsi), au gré de ses rencontres, de ses errances et de ses découvertes, considérant la nature comme un immense vivier de matériaux et de formes dans lequel l'artiste puise en toute liberté et en toute volupté, avant de procéder à un subtil travail d'agencement de ces éléments pour nous en donner à voir des formes métaphorisées. En procédant à cette déconstruction, Yamada rejoint la démarche critique d'Edgar Morin lorsqu'il dénonce ces idées et ces représentations de la réalité qui s'imposent à nous comme des idées allant de soi, comme des évidences, alors qu'elles sont aussi des " formes barbares dont nous sommes devenus les esclaves en oubliant que nous en sommes les producteurs ".
Le chemin emprunté par Yamada pour parvenir à ce travail d'agencement confirme qu'entre le sujet et l'objet il n'y a plus seulement relation, il y a une " inclusion réciproque " (Edgar Morin) : L'homme n'est pas seulement en relation avec l'écosystème ; il fait partie de l'écosystème, de la biosphère comme en témoigne la belle photo qui présente un Yamada prisonnier complice d'une nature qui l'envahit en en épousant les formes pour mieux en entendre les bruits, de ce cosmos qu'habitent ses personnages et ses êtres hybrides tout droit sortis de l'imaginaire de l'artiste : " Parfois, les choses abandonnées me parlent. Ces choses deviennent matériaux de ma sculpture et rencontrent les personnes qui demeurent dans mon corps " (Yamada) ; un cosmos dans lequel Yamada trouve son inspiration et dans lequel ces personnages se meuvent à leur manière, en quête eux aussi de leur liberté et de leur autonomie : " un jour viendra-t-il où ils vivront dans le paysage sans moi ?".
Ce chemin de la postmodernité n'est pas totalement étranger à celui qu'empruntait, quelques 450 années plus tôt, Blaise Pascal lorsque dans les " Pensées posthumes " il discourait sur le sens de la vie, avec ou sans dieu, cherchant un sens à l'existence des hommes entre l'infiniment petit et l'infiniment grand et qui n'a rien trouvé de mieux à nous proposer qu'une représentation de la réalité au-delà du perceptible : " Je lui veux peindre non seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce raccourci d'atome. Qu'il y voie une infinité d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible ". Lire la suite..

Galerie anne-marie et roland pallade, 35, rue Burdeau 69001 Lyon Tél.: +33 (0)9 50 45 85 75


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippe Cadu 34619 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte