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La sélection de la semaine : La Renarde, Point de fuite, Kid I luck, Oink le boucher du paradis, Magic Kaito, Hong Kong comics et Daddy please fall in love

Par Casedepart @_NicolasAlbert

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La Renarde – de Marine Blandin et Sébastien Chrisostome (Arte Editions)

Pour ce troisième samedi du mois de mai et ce long pont, Case Départ vous propose une petite sélection. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : un album désopilant La Renarde de Marine Blandin et Sébastien Chrisostome, Point de fuite : un beau roman graphique sur une jeune italienne désœuvrée, l’ultime volume du manga Kid I luck, Oink le boucher du paradis : un sublime comics de John Mueller, un nouvel opus de Magic Kaito, un magnifique ouvrage sur l’histoire du manhua : Hong Kong Comics et un album pour adultes : Daddy please fall in love. Bonnes lectures.

La Renarde

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Loin du cliché, petit animal = mignon, La Renarde est un être sans scrupule, gourmande, vicieuse et sacrément intelligente. La forêt, le poulailler gardé par un chien ou la maman lapin, tout le monde craint le rusé animal. Marine Blandin et Sébastien Chrisostome content les aventures humoristiques de La Renarde dans un très bel album de strips publié par Arte Editions.

Résumé de l’éditeur :
La renarde, perverse et manipulatrice, obtient toujours ce qu’elle veut, quoi qu’il en coûte… à ses adversaires. Ne vous fiez pas aux doux dessins de Marine Blandin et Sébastien Chrisostome qui distillent dans ces histoires courtes un humour au cynisme implacable. Amis des bêtes, passez votre chemin.

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Cynique, décapant, déjanté et à l’humour noir dévastateur, on rit vraiment énormément en lisant La Renarde. Marine Blandin et Sébastien Chrisostome ont le pinceau lourd pour raconter les aventures désopilantes du gentil petit animal rusé. Composé de gags en une planche, ils mettent en scène un être doué d’une grande intelligence, malicieuse et qui réussit à chaque coup ce qu’elle entreprend. Tantôt sans gène, tantôt séductrice, elle chaparde à chaque fois les poules sous les yeux du chien, mauvais en gardien de troupeau et à la limite de la dépression. Elle croise aussi Kevin, le cheval trop gros et qui n’arrive pas à quitter son enclos. L’herbe n’étant pas plus verte ailleurs. Ajouter à cela, un chasseur qui la tient souvent en joue mais n’arrive jamais à la tuer ; il faut dire qu’elle joue de sa beauté, et l’on obtient un univers absurde et décalé. Et enfin, avec Madame Lapin, le jeu est tout autre : manger ses petits. A chaque portée, elle est terrorisée à l’idée de les laisser jouer dehors. La Renarde fait un régal de chaque lapereaux dans un runing-gag qui fait toujours mouche.

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Les dessins et les couleurs des deux auteurs tranchent avec le propos parfois sombre des mini-récits. Leur trait tout en rondeur et leur palette sont soulignés par un beau tramage pour les décors.

Une excellente réussite. Un petite perle d’humour noir !

  • La Renarde
  • Auteurs : Marine Blandin et Sébastien Chrisostome
  • Editeur : Arte Editions, collection Professeur Cyclope
  • Prix : 16€
  • Sortie : 06 mai 2015

Point de fuite

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Une grossesse non désirée vient bouleverser la vie de Sabrina, jeune italienne en couple avec Stefano. Passant la plupart de sa vie chez son compagnon, elle ne s’arrête chez sa mère que rarement. Cette crise existentielle est racontée dans Point de fuite, un beau roman graphique de Lucia Biagi, publié par les éditions çà et là.
Résumé de l’éditeur :
Sabrina est une jeune italienne de 25 ans au caractère bien trempé, elle vit chez ses parents dans une petite ville de province, mais passe le plus clair de son temps chez son petit ami, Stefano. Mal à l’aise dans son corps et dans sa vie, elle exprime parfois violemment son mal-être et se heurte à sa famille et à son entourage. Confrontée comme tous les italiens de sa génération à une terrible crise économique, elle affronte également une crise existentielle. Au seuil de l’indépendance et du monde adulte, elle ne se sent pas en mesure de faire face à ces changements.

point (4)
Un début décembre, une grossesse imprévue vient bouleverser la vie déjà passablement mouvementée de Sabrina. Elle décide d’avorter mais le rendez-vous à la clinique est fixé au mois de janvier, du fait des fêtes de fin d’année… Près de trente jours pendant lesquels Sabrina est soumise à des pulsions contradictoires, à l’angoisse et à la colère, se fait licencier et se sépare de son compagnon… Perturbée par tous ces événements, elle devra aussi composer avec les répercussions psychologiques de l’avortement avant de retrouver un équilibre.

point (2)
Comme un grand nombre de jeunes italiens, les années 2010 sont vécues délicatement, la faute à une crise qui s’éternise, laissant de côté les plus fragiles et les moins diplômés. Sans travail, ni ressources, Sabrina habite chez ses parents mais n’y passe réellement que pour faire laver son linge. Elle préfère le cocon douillet de son compagnon Stefano. La vie est plutôt douce même si son caractère fort engendre quelques étincelles dans son couple. Ses habitudes, elle les a avec Vinavil le chien de Stefano, Adamo le SDF ou Erica sa meilleure amie. Mais la jeune vingtenaire tombe enceinte et ne souhaite pas garder le futur bébé. Sa route pour avorter va se transformer en un véritable chemin de croix.

point (5)
Le très beau récit de Lucia Biagi brosse un excellent portrait d’une jeunesse à la dérive et laissée pour compte. Belle chronique sociale, à travers le portrait de Sabrina, elle nous raconte admirablement l’histoire d’une génération sacrifiée par la crise. Au-delà de ce beau panorama, elle livre l’émouvante histoire d’une femme avec ses doutes, ses crises existentielles, ses dérives, ses envies non-abouties et donc sa lente descente vers l’abîme d’une sorte de dépression. Alors qu’elle touche du doigt le bonheur, elle le détruit en s’éloignant des êtres chers de sa vie.

point (3)
A aucun moment, l’auteure italienne ne donne de leçon ni ne prend partie, laissant le lecteur se faire sa propre opinion. Parfois celui-ci est ballotté entre son attirance pour Sabrina et son envie de l’aider mais aussi une forme de répulsion se disant qu’elle mérite sa condition. Album d’une belle émotion et touchant, Luci Biagi propose un trait d’une grande modernité et d’une belle simplicité. Ses planches en trichromie (bleu, blanc et jaune) sont efficaces et très lisibles.

  • Point de fuite
  • Auteure : Lucia Biagi
  • Editeur : çà et là
  • Prix : 16€
  • Sortie : 15 mai 2015

Kid I luck

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Clap de fin sur la très belle série Kid I luck, un manga deYuko Osada, qui met en scène Kinjiro dont le but est de faire de nouveau sourire son amie Kuriko. Entre échecs et prise de risque, plongée dans un manga vraiment différent !
Afin de vous rafraichir la mémoire, relisez la chronique Case Départ du premier volume de Kid I luck.

Résumé de l’éditeur :
Le pauvre Kinjiro est dans une mauvaise passe : critiqué de toutes parts, il n’arrive toujours pas à faire rire et sombre dans un profond désespoir. Heureusement, une rencontre providentielle avec le célèbre humoriste Hamazaki des Hamamiya va le remettre sur la voie, tandis que Yayoi, qui commence à se prendre au jeu, accepte de participer avec lui aux “Champions du rire” !

Mais terrassée par le trac, l’adolescente ne parvient pas à trouver la moindre blague derrière son masque. C’est alors que Kinjiro a la révélation : petit à petit, la salle commence à réagir ! À présent beaucoup plus serein, le jeune homme continue à se préparer pour le grand tournoi d’humour. Réussira-t-il enfin à rendre le sourire à Kuriko ?

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A quelle fin ! Bravo monsieur Yuko Osada ! Ce manga rafraîchissant et très drôle tire sa révérence et c’est de nouveau agréable à lire. Rapide dans sa publication en France par Ki oon (premier volume en septembre 2014), le troisième et dernier volet est déjà là, comprenant les chapitres 16 à 22 plus un bonus. Original dans sa thématique et sa construction, le lecteur prend beaucoup de plaisir à suivre les déboires de Kinjiro.

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Il faut souligner que le héros, qui aime jouer des poings, est un personnage des plus positifs, agréable et qui aime profondément les gens. Dans ce très bon final, l’émotion est à son comble et l’on découvre de nouveau que Kinjiro est un type bien et l’ultime page (sans rien dévoiler) se termine par un tableau blanc avec une inscription : « Je vais te faire rire tous les jours », comme si le propre de l’homme (malgré ses nombreuses difficultés) était de trouver le bonheur simple dans un sourire ou dans un rire. A lire !

  • Kid I luck, volume 3/3
  • Auteur : Yuko Osada
  • Editeur : Ki oon
  • Prix : 7.90€
  • Sortie : 27 avril 2015

Ouink le boucher du paradis

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Oink est un cochon-esclave qui travaille dans un abattoir dans un monde imaginaire dirigé par une secte religieuse. Sa condition, il la rejette et réussit à s’enfuir de ce lieu si malsain. Son envie : en découdre contre toutes les formes d’oppression. Oink le boucher du paradis raconte cette histoire d’une grande noirceur, un roman graphique de John Mueller, publié par le Label Délirium.
Résumé de l’éditeur :
Dans un futur sombre, la cité du Paradis est dirigée de main de fer par une dictature religieuse. Les hommes cochons, esclaves génétiquement modifiés, travaillent inlassablement dans le confinement d’une vieille école transformée en abattoir, à produire la nourriture destinée à leurs maîtres humains.

OINK, lui, rêve d’autres horizons que les murs souillés du sang de ses congénères de l’abattoir. Pourquoi est-il exclu du Paradis qu’il ne peut atteindre qu’en se sacrifiant ? Pourquoi ses semblables obéissent-ils aux dogmes de la cité, soumis et écrasés par la peur ?
OINK va réaliser qu’il n’y a pas de marche arrière pour un esprit qui s’éveille et que le chemin vers la liberté est périlleux : les Anges Gardiens du Paradis veillent et sont prêts à éliminer tous ceux qui remettent en question l’ordre figé de la cité. Mais attention : OINK n’est pas un mouton, hors de question pour lui de « tendre l’autre joue » ! Désormais, le Paradis sera une boucherie !

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Oink le boucher du paradis est un excellent album de science-fiction d’une très grande noirceur, original dans son histoire et dans son dessin. Publiée par Dark Horse Comics aux Etats-Unis, l’histoire de John Mueller est avant tout une envie très personnelle de son auteur, une somme de peurs de son enfance. Il y met sa vision très pessimiste de l’école et de la transmission du savoir. Par Oink, il veut démontrer qu’il fut un survivant d’un système scolaire qui met de côté les artistes et qui inculque de fausses valeurs. Il faut souligner qu’il a passé onze ans dans un institut scolaire très spécial. Comme pour lui, son personnage, cochon-esclave génétiquement modifié, son éducation est imparfaite (il ne forme pas de vraies phrases). Oink subit des humiliations, ne peut pas réfléchir par lui-même, répète des gestes identiques tous les jours et est aliéné par son travail.

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Les gardiens de l’abattoir sont des religieux issus d’une secte et qui gouverne ce monde. Asservissant et mutilant les opposants, cette caste règne sans partage. Oink va prendre conscience de sa condition inhumaine aux côtés de Robinet, cochon-esclave plus intelligent que la moyenne et qui va se sacrifier pour lui. Cette aide précieuse va lui permettre de fuir ce lieu si abjecte. Suivre sa propre voie en réfléchissant par soi-même, voilà le nouveau credo du nouvel évadé. Aidé aussi par Marie et Herbert, deux êtres exclus et mis au ban de la société, qui se sacrifieront aussi pour lui. Sans son émetteur greffé sur sa nuque, Oink trace sa route vers un meilleur destin.

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La partie graphique est de haute volée ! Les personnages sont d’une grande expressivité et les décors sombres sont très détaillés. Chose étonnante, les cochons-esclaves sont habillés en métalleux et portent des rangers. De plus, 12 pages de croquis et un galerie de couvertures dessinées par d’autres auteurs sont adossés à l’album.

  • Oink le boucher du paradis
  • Auteur : John Mueller
  • Editeur : Label Delirium
  • Prix : 20€
  • Sortie : 15 mai 2015

Magic Kaïto

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Les éditions Kana dévoilent le quatrième volume (éh oui déjà !) de la très belle série Magic Kaïto. Ce manga de Gosho Aoyama continue de conter les aventures de Kid l’insaisissable magicien, personnage secondaire de Détective Conan.
Edité pour la première fois au Japon en 1988, Magic Kaïto fut pré-publié dans la revue Shônen Sunday. Ce manga, à l’instar de Détective Conan est, lui aussi, découpé en mini-récits (dans ce tome 4, il y en a 5), qui dévoilent des histoires de Kid. Parmi ces histoires, il y a :

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- Cristal Mother. Selizabeth, la reine du Royaume d’Ingram voyage dans un train au Japon. Voulant se mêler à la foule, elle explique qu’elle connaît bien Kid, le cambrioleur, qui souhaite voler le trésor royal avant l’arrivé en gare d’Osaka.

Red Tear. L’inspecteur Nakamori est sur les dents : Kid doit apparaître au dîner de gala d’un hôtel 5 étoiles et y voler le rubis de la troupe Hopper. Mais, il se rétracte. Dans la rue, il croise la chemin de la directrice de la troupe…

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Comme à son habitude, ce très bon manga se lit d’une traite. Il faut dire qu’en séquençant des histoires très courtes, cela donne du rythme, permet de ne pas s’ennuyer et de varier les thématiques. Avec un bel humour, grâce à son personnage principal à la fois maladroit et parfois imbu de lui-même, cette série s’installe doucement dans le monde du 9e art. Les deux titres de Gosho Aoyama sont donc deux séries qui comptent dans le catalogue Kana. Il faut souligner que la série télévisée diffusée sur France 3 (Détective Conan) a grandement participé au succès des albums. On suit le parcours sympathique de Kid et on en redemande.

  • Magic Kaito
  • Auteur : Gosho Aoyama
  • Editeur : Kana
  • Prix : 6.85€
  • Sortie : 03 avril 2015

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Hong Kong Comics,

une histoire du manhua

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Les éditions Urban China proposent un sublime ouvrage Hong Kong comics qui met en lumière une histoire du manhua Hong-kongais (manga chinois) signé Wendy Siuyi Wong.
Résumé de l’éditeur :
Hong Kong comics est une plongée exotique dans  le monde coloré et captivant du manhua, la bande dessinée chinoise. De la satire politique aux arts martiaux, en passant par le dessin animé et le livre jeunesse, Wendy Siuyi Wong retrace dans ce recueil richement illustré un siècle de création graphique à Hong Kong, sur fond de changements sociaux et culturels. Une vraie découverte pour les passionnés de bande dessinée et d’illustrations.

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A travers les 192 pages en couleurs, Wendy Siuyi Wong propose une histoire exhaustive du manhua, le terme générique qui désigne les mangas chinois. Ce très bel ouvrage fut publié initialement par Princeton Architectural Press à Hong-Kong. De 1867 à nos jours, elle égrène le développement de ce genre littéraire. Le recueil est découpé en 4 chapitres (Tigre de papier manhuas satiriques et politiques, Art de l’humour manhuas comiques, Esprit du Kung-Fu manhuas d’actions et Histoires empruntées manhuas pour la jeunesse) auxquels l’auteure ajoute une introduction et des appendices. Beaucoup d’illustrations, d’informations (parfois qui peuvent donner le tournis) mais un ouvrage indispensable pour mieux appréhender la culture Hong-kongaise.

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  • Hong Kong Comics, une histoire du Manhua
  • Auteure : Wendy Siuyi Wong
  • Editeur : Urban China
  • Prix : 25€
  • Sortie : 10 avril 2015

Daddy please fall in love

(album pour adultes)

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Daddy please fall in love est un manga de Kyo Kitazawa, publié par Taifu Comics et qui met en scène un père célibataire et son jeune voisin qui vont tomber amoureux l’un de l’autre.

Résumé de l’éditeur :
Jirô Satô est un papa divorcé qui élève tout seul Rintarô, son petit garçon. Il fait par hasard la rencontre de son voisin Takahashi, qui se révèle être gay. Ce dernier adore les enfants et va régulièrement chercher Rintarô à l’école et celui-ci s’attache vite au jeune homme. Satô, qui sort à peine d’un douloureux divorce, préfère ne pas trop se rapprocher de Takahashi, ce qui contrarie grandement Rintarô…

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Dans la veine d’Amour sincère de Kai Asou, Daddy please fall in love est un très beau manga de Kyo Kitazawa. Les trois personnages principaux sont agréables et attachants : Jirô, jeune papa divorcé, Rintarô, son petit garçon câlin qui fréquente la maternelle et Takashi, jeune étudiant gay. Le jeune homme s’occupe parfaitement du garçonnet, aime les enfants et inversement. Le père quant à lui est troublé par la jeunesse et la beauté de l’étudiant. Attiré comme un aimant, il va devenir son amant. Cette rencontre va déboucher sur la construction d’une famille originale. Entre les moqueries à l’école ou les parents de Takashi, qui n’acceptent pas son homosexualité, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Malgré tous ces obstacles, le bonheur s’installe dans la vie des trois garçons.

  • Daddy please fall in love
  • Auteur : Kyo Kitazawa
  • Editeur : Taifu Comics
  • Prix : 8.99€
  • Sortie : 24 avril 2015

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