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Graphiste du mois #22 : Jerome Monimart, noir et sauvage

Publié le 17 mai 2015 par Unionstreet

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US : Salut Jérôme, on va commencer par l’introduction habituelle : une présentation en bonnes et dues formes. Tu peux nous en dire un peu plus sur toi ?

JM : Alors… par où commencer …

J’ai 29 ans et je vis sur Paris.

Je suis originaire du sud de la France. Directeur artistique depuis 2010, après avoir fait un Master de Communication. J’me considère pas comme un pubard. Moi dans la DA ce qui me plaît, ce sont les logos, les belles mises en pages minimalistes sur lesquelles tu poses la bonne typo et la bonne photo. J’ai ressenti l’envie de me replonger dans le dessin il y a 2 ans.

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US : Une pratique que t’avais laissé de côté quelque temps ?

 JM : J’ai toujours dessiné. Quand j’étais en primaire, je dessinais les personnages de Dragon Ball Z à partir des cartes qu’on collectionnait. Ca m’a toujours accompagné. Même pendant les périodes où je laissais les crayons de côté, ça finissait toujours par revenir.

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US : T’as dû en voir défiler des plans de travail au fil des années. Pour toi, les meilleures conditions pour bosser, ça donne quoi ?

JM : Dans un grand bureau où je peux m’étaler, éparpiller les projets en cours et repasser dessus jusqu’à ce que je sente que c’est fini. Avec du bon Hood Politics de Kendrick Lamar. Puis un cortado, le café qui me rebooste. Mais en ce moment je suis nomade, je dessine dans mes café fétiches autour de la rue de Bretagne.

 

US : Comment t’as franchi le cap du loisir au projet professionnel ?

JM : J’ai passé le cap au moment où j’ai commencé à me lasser de ce que je faisais en agence. Alors en parallèle, entre 2 sujets, je dessinais, je posais des typos.

Puis par le biais du tattoo, à un moment je dessinais ce que je souhaitais me faire tatouer. Il y a quelques années c’est la typo qui m’a fait renouer avec les crayons. Je kiffais la précision que ça pouvait avoir. Une punchline dans telle ou telle typo, BOOM ! C’est une vraie détonation.

Le cap, je l’ai vraiment franchi fin 2013. Je réfléchissais depuis un moment à un thème, à un fil conducteur pour dessiner.J’avais certaines influences, des coups de coeur niveau dessin, tattoo … et j’me disais, faut que je fasse comme eux.

Un illustrateur me suivait sur instagram, il m’a dit que je faisais des trucs sympas. Il a voulu dessiner avec moi mais on n’avait jamais le temps. Alors j’ai démarré Black and Wild. Le poil c’était top pour s’entraîner sur les détails. Avec le crayon tu peux jouer sur l’intensité des noirs, la finesse des traits : j’ai fait mes armes comme ça

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US : Du coup, au final, tu t’es formé sur le tas, en pratiquant encore et encore. C’est pas la meilleure des écoles ?

JM : La meilleure école je sais pas. Si c’était à refaire, j’aurai directement fait une école d’art. Il y a des techniques que j’ai pas, j’suis un autodidacte.

Dans la boîte de faber castell, je connaissais les crayons, mais tout ce qui était gomme mie de pain, estompe … je connaissais pas ! J’ai testé au fur et à mesure pendant que je dessinais. Je découvrais des trucs, des sensations, c’était cool.

Je regarde en détails certaines oeuvres, je suis en veille constante, j’expérimente. C’est au feeling. Parfois je regarde d’anciens dessins et je me marre. Je check ce qui va pas, j’ai envie de les recommencer. J’suis quelqu’un qui critique tout, mais moi en premier.

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US : Ta série Black & Wild, et je pense principalement au rhinocéros, était surprenante de par le soucis du détail. J’ai eu la chance de voir certaines oeuvres passer au fil des expos. Tu peux nous parler un peu plus de ce projet ? 

JM : Black and Wild c’est ma première série, mais il y aura sûrement un Black and Wild 2, ou simplement d’autres animaux. Je faisais des portraits d’animaux sauvages, juste la tête parce que je voulais me concentrer sur les détails, le corps je m’en foutais. C’était comme un tableau de chasse pour moi.

Je l’ai exposé à plusieurs reprises dans Paris depuis un an, au Batofar un dimanche aprem, puis chez Thomas Demess un créateur à Bastille il y a quelques mois. Puis plus récemment chez Bobby Pins, le salon de coiffure de ma copine qui fait aussi galerie, dans le Marais.

US : Tu prépares une nouvelle exposition pour bientôt, après la faune sauvage, on peut s’attendre à quoi de ta part ? 

JM : En ce moment la faune sauvage est de côté, je suis sur une série de portraits de statues de dieux grecs que je revisite pour une jeune marque de prêt à porter, Olympe. Toujours au crayon à papier, mais façon 2015. J’adore la mode alors je les relooke en leur mettant casquette, bonnet ou chapeau. En fonction des personnalités, en faisant des clins d’oeil à des marques que j’aime bien.

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US : J’ai vu que t’avais bossé pour nos potes de La Frasque récemment, pour la réalisation d’une identité visuelle complète. Tu peux nous parler un peu de ton autre casquette, celle de typographe ?

JM : Ouais j’ai bossé pour la Frasque, ils viennent de faire appel à moi pour l’identité de leur prochaine soirée.

Ils voulaient une typo pour l’event dans l’esprit du naming de Black and Wild. C’était cool.
J’me suis posé dans un café, j’ai dessiné la typo, leur ai envoyé un sketch par mms, le lendemain je posais le tout sur Illustrator en écoutant le dernier album du Kendrick Lamar.

J’aime quand ça se passe comme ça.

US : J’ai aussi entendu dire que tu préparais une petite collab sur de la customisation de casque, au posca… Entre mines de plomb, souris, poscas, t’explores pas mal de nouveaux médiums pour un autoditacte. Tu veux aller explorer quelle technique par la suite ?

JM : Ouais, j’ai hâte ! J’ai un pote qui me confie son nouveau casque, tout neuf, tout blanc. On va taper du mandala dessus. Grosse pression si je me rate ! Il y a aussi un projet de vidéo en parallèle avec un pote. On doit se poser sur le story pour faire une petite video cool de la custom.

Le crayon c’est la base, après l’encre je suis pas contre : tout dépend du projet. J’ai commencé à dessiner des baskets, une autre de mes passions, je ferai peut-être un truc au pigment liner dessus … On verra !

La collaboration j’adore, ça ouvre le champ d’action et ça permet de mixer les compétences. C’est ce que je souhaite développer à l’avenir.

Propos Recueillis par Thomas Devoddère 

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