Si vous cherchez un exemple concret de travail pratique interdisciplinaire, allez visiter l’exposition « Les Tudors » au musée du Luxembourg. Car c’est un modèle du genre, qui m’a fait comprendre – il n’est jamais trop tard pour apprendre – les ressorts de la dynastie qui régna chez notre grand voisin de 1485 et 1603.
Pourquoi interdisciplinaire ? Parce que si l’on présente naturellement la chronologie historique qui voit se succéder Henri VII, Henri VIII, Edouard VI, Marie 1èreet Elizabeth 1ère sans oublier sa rivale Marie Stuart d’Ecosse … chacun avec sa légende (blanche ou noire), il met aussi en lumière la peinture avec l’évocation des grands portraits de cour comme des ravissantes miniatures qui permettent de négocier les mariages de princesses servant de gages ou de monnaies d’échange, la littérature qui s’est emparée de ces personnages notamment au XIXème siècle – toujours la vogue du style « Troubadour » - la musique avec l’opéra, et aussi, enfin, le cinéma – de Sarah Bernhardt à Cate Blanchett.
La vie des Tudor réunit en effet tous les éléments d’un drame, sauf que la réalité est bien plus cruelle que la fiction. La télévision ne s’y est pas trompée, après Shakespeare et Victor Hugo ….
Le personnage central est bien entendu l’athlétique Henri VIII et ses six épouses successives : une saga à la barbe bleue. Couronné roi à 17 ans en 1509, son épouse Catherine d’Aragon ne lui donne pas d’héritier mâle viable. Il la répudie pour épouser Anne Boleyn, puis Jeanne Seymour, Anne de Clèves, Catherine Howard et enfin, celle qui lui survivra, Catherine Parr …
Edouard VI lui succède en 1547 à l’âge de 9 ans mais disparaît à 15 ans. Il est conseillé par son oncle Edward Seymour puis par John Dudley. Il désignera pour lui succéder sa cousine protestante Jane Grey qui régnera 9 jours … juste de quoi devenir une héroïne de théâtre au XIXème siècle !
Enfin, les « grandes » : Marie Tudor (régnant de 1553 à 1558) qui restaure temporairement le catholicisme (c’est la fille de Catherine d’Aragon !) puis Elizabeth 1ère, fille d’Anne Boleyn, celle qui ne se maria jamais, sur le trône de 1558 à 1603, qui s’entoure de conseillers habiles et fait de l’Angleterre une grande puissance maritime, dont on peut admirer ici les portraits successifs dans des vêtements somptueux à couper le souffle.
Une exposition très didactique, très judicieusement connectée avec le présent et qui ouvre sur des tas d’occasions d’en savoir plus sur cette période tellement novatrice de la Renaissance, des grandes découvertes, de l’apparition du protestantisme, de la lutte des grandes puissances européennes bloc contre bloc …
Les Tudor, exposition au musée du Luxembourg, ouvert tous les jours de 10 h à 19 h, jusqu’au 19 juillet – 12€.