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La patience du franc-tireur

Publié le 20 mai 2015 par Lecteur34000

patience

« La patience du franc-tireur »

PEREZ-REVERTE Arturo

(Seuil)

Le Lecteur ne renie rien du plaisir qui fut sien à suivre les aventures d’Alejandra Varela, spécialiste de l’art urbain, lancée aux trousses de Snipper, un tagger qui de Madrid à Lisbonne, Vérone et Naples défraie les chroniques. A un point tel qu’un éditeur spécialisé tout autant dans les ouvrages de grand luxe que dans les opérations médiatico-artistiques lui a en effet confié la mission d’entrer en contact avec cet artiste qui a su préserver son anonymat et échapper à tous ceux qui aimeraient mettre la main sur lui. Les flics, bien entendu, chargés de traquer ceux qui « salissent » les cités. Mais aussi le père d’un jeune taggueur, adolescent victime d’un accident mortel lors d’une opération nocturne initiée par le Snipper. Les aventures sont palpitantes. Le récit ne manque pas de rebondissements qui surent maintenir le Lecteur en haleine (quoique le happy end fût assez prévisible !).

Le Lecteur est un béotien. Ce roman lui a donc permis de s’initier aux Arts de la Rue, arts éphémères mais dont émergent des œuvres novatrices. Reste tout de même que l’approche mise en forme par Perez-Reverte, par son côté didactique, l’a plutôt déçu. D’autant plus déçu que le point de vue de l’écrivain semble accréditer l’idée que cette forme d’expression artistique, avec ses outrances, ses flamboyances, ses excès, marquerait l’aboutissement et donc la mort annoncée de la création. En quelque sorte, un nouvel épisode de la « fin de l’histoire », au-delà de laquelle il n’existerait plus de perspective autre que celle de l’éphémère. En dépit de ce que cette expression se revendique : « Payer pour l’art ce qui ne se paye pas avec de l’argent. Ce qui ne peut pas être jugé par la critique conventionnelle ni exposé dans les galeries et dans les musées. Ce que personne ne pourra jamais s’approprier : l’horreur de la vie… » Cette approche n’a pas convaincu le Lecteur. Trop conforme. Si bien inscrite dans les modèles idéologiques dominants. Lui reste cependant le plaisir d’avoir accompagné dans ses tumultueuses aventures une jeune femme que rien n’était en mesure d’arrêter, ni le fric, ni la corruption, ni la violence. Cette Alejandra Varela au caractère bien trempé, qui dissimule ses fêlures jusqu’au point ultime de sa rencontre/confrontation avec le Snipper.


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