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House of Wolves – Daughter of the Sea

Publié le 20 mai 2015 par Hartzine

Have You Ever Been In Love entonnait  Faris Nourallah sur Se Busca, petite merveille d’album pop rempli de douces mélodies sucrées-salées sorti en 2011. Musique et affaires de cœur au fil des décennies se sont conjuguées à tous les temps. Des niaiseries amoureuses jusqu’à la haine en passant par la passion ou encore le doute, ce thème est assurément l’exutoire le plus évident pour tout songwriter voulant afficher au grand jour ses bonheurs, frustrations et autres états d’âmes. Mais il est également pour l’auditeur la source d’identification la plus profonde et à ce petit jeu du « chante le moi, je te dirai si tu me parles », force est de constater qu’ils ne sont pas si nombreux, ces messagers du quatrième art, à venir nous frapper en pleine poitrine jusqu’à provoquer chez nous ce sentiment si intense d’être enfin compris, qui plus est au travers de la magnificence d’une œuvre.

2011 est également l’année de la sortie de Fold In The Wind, premier album de House Of Wolves (lire), projet du soliste Rey Villalobos qui anglicisa son patronyme pour donner vie à sa formation. En plein revival dream-pop et shoegaze qui secouait alors le petit monde de l’indie avec notamment l’émergence au premier plan du label Captured Tracks, cet album était venu tel un ovni se poser sur nos platines, parenthèse enchantée faite de douceur et de mélodies imparables soutenues par des orchestrations fines et savamment distillées. Quatre années ne furent pas suffisantes afin d’épuiser les innombrables ressources de ce premier essai en forme de coup de maitre et ce, malgré le caractère intimiste du propos…jusqu’à ce que le compositeur californien ne dévoile huit nouvelles pépites dépassant nos plus folles espérances.

houseofwolvesmusic

Car Daughter Of The Sea (disponible d’ores et déjà en version digitale sur Bandcamp et en édition cd limitée via Dusk Dais Dawn mais qui bénéficiera dès septembre d’une distribution physique plus large) surplombe avec Maestria son prédécesseur de la plus étonnante des manières. En  effet, ce disque parvient de manière magistrale à pousser encore un peu plus nos émotions dans leurs retranchements au gré de ses variations sur différents « t’aime » tout en insufflant à l’ensemble une identité encore plus minimaliste et humaine. Sur l’inaugural (et bien nommé) Beautiful Things – dont on vous a présenté récemment la mise en images (lire) -, Rey Villalobos reprend les choses là où Perfume Genius les avait laissées il y a trois ans déjà après la sortie dePut Your Back N 2 It avec le même sens de la mélodie imparable et la même humilité que le natif de Seattle. Le piano, instrument de prédilection du californien, adorateur de Chopin, règne subtilement en maître tout au long de ce morceau, soutenu par de délicats arrangements aussi précieux qu’aériens. Les invités d’honneurs se succèdent alors tout au long de ce Daughter Of The Sea dont la souffrance et l’émotion émanant de certaines compositions n’ont d’égal que l’incommensurable beauté qu’elles recèlent. Le fantôme d’Elliott Smith vient éveiller ces frissons nous parcourant l’échine sur Martians, merveille de folk song acoustique évoquant les plus beaux moments de Roman Candle ainsi quesur Daughter Of The Sea, somptueuse ballade narrant les rêves de retrouvailles d’un amoureux séparé de sa bienaimée par la mer…au-delà de l’amertume mais supporté par le chant des oiseaux, divers bruits de la nature environnante ayant été intégrés à l’enregistrement lors des sessions studio en Irlande. Mais l’apogée de ce second essai est très certainement One, morceau à la sensibilité à fleur de peau où les émouvantes incantations du songwriter sont simplement soutenues par de somptueux arpèges de guitare et quelques délicates nappes de mellotron ; le genre de morceau conviant à la table des hôtes les plus fidèles compagnons musicaux de nos pensées les plus introspectives, Nick Drake et Sybille Baier en tête. On pense également à Tom McRae au travers de Take Me To The Others dont l’âpreté du propos et la puissance émotionnelle apportée par la voix à la fois forte et fragile de Rey Villalobos nous ramènent aux vieux souvenirs de The Boy With The Bublegun et des souffrances pleines de rancœur alors merveilleusement mises en musique par le britannique qui ne retrouvera d’ailleurs plus jamais ces élans de grâce. Une jolie comptine de moins de deux minutes invoquant les éléments (Rain),  Le sépulcral Love magnifiant la rupture en sublimant la douleur, sorte de marche funèbre que ne renierait pas Gem Club et l’ultime Just Shy Of Survival, bénéficiant quant à lui du précieux apport en fond sonore de la pluie de l’île d’émeraude et achevant cette plongée dans les abysses des (res)sentiments amoureux, assènent les derniers uppercuts de ce combat en huit rounds dont on ne peut ressortir indemne.

En vingt-cinq minutes, pas une de plus, Daughter Of The Sea se révèle à nous sous la forme d’une œuvre grandiose dénuée de (presque) tout apparat, un disque si intimiste et sincère qu’il ne peut que nous toucher au plus profond de nos âmes. Car il est bien question de spiritualité à l’écoute de cette musique touchée par la grâce, non pas dans l’excès que peut atteindre toute forme de dévotion mais dans le recueillement et l’introspection qui accompagnent nos interrogations les plus secrètes. Puisse House Of Wolves recevoir en retour tout ce qu’il mérite : notre plus grande considération…et tout notre Amour.

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