Le réalisateur chinois Jia Zangke revient à Cannes, deux ans après A touch of sin. Une oeuvre étonnante par sa beauté, et son attractivité.
Il est enfin arrivé, le vrai coup de cœur de ce 68ème Festival de Cannes. C’est le réalisateur chinois Jia Zhangke qui nous l’apportais cet après-midi, deux ans après avoir présenté A touch of sin, et être reparti de Cannes avec le prix du scénario. Le film embrasse trois périodes, et commence en 1999, en suivant le chemin de la jeune Tao, qui doit faire le choix entre Liangzi et Jinsheng, deux amis qui se déchirent pour obtenir son amour. Elle choisit l’un deux, se marie, tombe enceinte. Ils ont des projets, mais se séparent quelques années plus tard. Il obtient la garde de leur fils, puis d’exile en Australie. Elle, ne le verra plus, mis à part à l’occasion des funérailles de son père.
En choisissant de segmenter son œuvre en trois tableaux, Jia Zhangke suit l’évolution de chaque personnage au travers du temps, leur destin, et filme ainsi l’impact de leurs choix, et de leur fragmentation, leur rupture. Le film commence donc en 1999, avec un format 1:1, se poursuit en 2014, avec un ratio élargi à 1:33, et se conclut dans le futur, en 2025, avec une image développée en 16/9. Le support visuel est donc l’un des grands atouts du film de Jia Zhangke, dont la photographie, apposée à un scénario sensible, atteint de jolis moments de mise en scène et de poésie. En parallèle, la musique composée par Yoshihiro Hanno, associée à quelques titres pop (Go west, de Pet Shop Boys et Zhen Zong, de Sally Yeh) dynamise les scènes et rendent le film davantage délectable.
Mountains may depart effleure avec délicatesse et pudeur plusieurs thèmes : les relations parents-enfants (en particulier, l’absence et la séparation d’un proche, parent ou enfant), le choc des cultures (anglo-saxonne et asiatique) et les conséquences qui découlent de nos choix. Il trouve une belle harmonie dans ses scènes, toujours belles et gracieuses, et devient un objet de fascination qui captive sans ne jamais ennuyer, malgré un montage et un rythme, en apparence, lent. A ce stade de la compétition, il s’impose donc comme l’un de nos favoris à la palme d’or, ou du moins, l’un des plus beaux films de l’année, qui mérite une dissection plus profonde que ce modeste avis.