Le Siècle d'or espagnol (Siglo de Oro en espagnol) est la période de rayonnement culturel de l'Espagne en Europe du XVIe au XVIIe siècle. Cette période de grande vitalité littéraire et artistique en Espagne et dans les pays hispanophones d'Amérique latine coïncide avec le déclin politique et la fin de la dynastie Habsbourg en Espagne avec Philippe III, Philippe IV et Charles II.
À cette époque, les Habsbourg, en Espagne comme en Autriche sont de grands mécènes. L'Escurial, le grand monastère royal construit par Juan de Herrera sous les ordres de Philippe II, attire certains des plus grands architectes et peintres européens. Diego Vélasquez, un artiste immensément respecté de son temps et considéré comme l'un des peintres majeurs de l'histoire de l'art, cultive des liens avec Philippe IV et son premier ministre, Gaspar de Guzmán, comte d'Olivares. El Greco, autre grand peintre espagnol de la période, incorpore des éléments venant de la Renaissance italienne dans l'art espagnol et participe à la naissance d'un style espagnol original.
1588 - Enterrement du Comte d'Orgaz - El Greco
Certaines des plus grandes compositions musicales espagnoles sont écrites pendant le Siècle d'or et la littérature est également florissante.
Généralement, on ne fait pas commencer le Siècle d'or avant 1492, année marquante pour l'Espagne, qui coïncide avec la fin de la Reconquista, les voyages de Christophe Colomb au Nouveau monde pour le compte de la Couronne de Castille et la publication par Antonio de Nebrija de la première grammaire castillane. Pour ce qui est de la fin du Siècle d'or, la limite adoptée peut être la reconnaissance de l'indépendance des Provinces-Unies par les Habsbourg d'Espagne, survenue en 1648, ou bien la mort du poète et dramaturge Pedro Calderón, en 1681.
Peinture
L'Espagne, à l'époque de la Renaissance italienne, reçoit la visite de quelques grands artistes. Les possessions italiennes ainsi que les relations établies par le mari de la reine Isabelle Ire de Castille, Ferdinand II d'Aragon, futur unique monarque d'Espagne, entraînent des mouvements d'intellectuels à travers la Méditerranée entre Valence, Séville et Florence qui s'intensifient parallèlement à l'accroissement de l'influence espagnole en Europe, et plus particulièrement en Italie. Luis de Morales, l'un des chefs de file du style maniériste espagnol, conserve, dans une œuvre qui rappelle l'art médiéval, un style espagnol caractéristique. L'art espagnol, et notamment celui de Morales, contient d'importants éléments mystiques et religieux dus à la Contre-Réforme et au mécénat d'une monarchie et d'une aristocratie espagnoles fortement marquées par le catholicisme.
Comme son surnom l'indique, celui qui joue le rôle le plus important dans l'importation de la Renaissance italienne en Espagne, El Greco, n'est pas espagnol d'origine, mais est né en Crète sous le nom de Domenikos Theotokopoulos. Il étudie les grands peintres italiens de son temps - Titien, Tintoretto et Michel-Ange - pendant son séjour en Italie, de 1568 à 1577. Selon la légende, il entre en disgrâce après avoir affirmé que si on détruisait l'une des peintures murales de Michel-Ange il serait capable d'en peindre une aussi belle. Parti pour Tolède, il joue un grand rôle dans l'élaboration d'un style plein d'émotion, avec les doigts allongés des personnages et des couleurs vives. Ses représentations de la ville de Tolède deviennent des modèles pour la tradition nouvelle en Europe de la peinture du paysage et influencent par la suite les maîtres hollandais.
Né deux générations après Le Greco, en 1599, Diego Vélasquez est l'un des peintres les plus importants d'Espagne. Un nombre sans cesse croissant d'hommes d'État, d'aristocrates et de membres du clergé venant de toute l'Europe commandent des portraits à ce peintre de la cour de Philippe IV.
1638 - Portrait de Gaspar De Guzman - Velasquez
Ses portraits du roi, de son premier ministre, le comte d'Olivares, ou du pape lui-même font preuve d'une croyance profonde dans le réalisme artistique et d'un style original qui influence nombre de maîtres hollandais. Pendant la guerre de Trente Ans, Vélasquez suit Ambrogio Spinola dans sa campagne aux Pays-Bas, où il peint la célèbre Reddition de Breda. Vélasquez a la capacité d'exprimer des émotions à travers la réalité dans ses portraits comme dans ses paysages. Ceux-ci, dans lesquels il fait les premières expériences d'éclairage naturel dans l'art européen, ont une influence durable sur la peinture occidentale. Son amitié avec Bartolomé Esteban Murillo, le chef de file de la génération suivante des peintres espagnols, assure la perpétuation de son influence.
L'élément religieux de l'art espagnol prend une importance accrue avec la Contre-Réforme. L'œuvre austère et ascétique de Francisco de Zurbarán illustre cette tendance dans les arts espagnols. Philippe IV apporte un soutien appuyé aux artistes qui partagent ses opinions sur la Contre-Réforme et la religion. Le mysticisme de l'œuvre de Zurbarán - influencé par Sainte Thérèse d'Avila - finit par devenir une caractéristique de l'art espagnol des dernières générations du Siècle d'or. Influencé par Le Caravage et les maîtres italiens, Zurbarán consacre son travail artistique à la représentation de la religion et de la foi. Ses tableaux sur Saint François d'Assise, l'immaculée conception et la crucifixion du Christ sont un bon exemple d'un troisième aspect de la culture espagnole du XVIIe siècle, sur fond de guerres de religion en Europe. Zurbarán rompt avec la vision réaliste de Vélasquez et, d'une certaine façon, se tourne, pour l'inspiration et la technique, vers la vision émotive d'El Greco et des peintres maniéristes qui le précédent, même s'il reste dans le sillage de Vélasquez en ce qui concerne la lumière et les nuances.
Pour la période baroque, on notera les peintres Juan Carreño de Miranda (1614-1685), Claudio Coello (1642-1693), Juan Bautista Maíno (1569-1649), Juan Bautista Martínez del Mazo (1612-1667), Francisco Herrera el Mozo (1622-1685), Antonio de Pereda (1611-1678), Francisco Ribalta (1565-1628), José de Ribera (1591-1652), Alonso Cano (1601-1667), Juan de Valdés Leal (1622-1690).
1639 - Saint François d'Assise à genoux - Zurbaran
Sculpture
La première génération de sculpteurs espagnols de la Renaissance regroupe : Vasco de la Zarza (chœur de la cathédrale d'Avila), Felipe Bigarny (retable majeur de la cathédrale de Tolède), Bartolomé Ordóñez (sièges du chœur de la cathédrale de Barcelone) et Diego de Siloé (tombeau de Don Alonso de Fonseca y Acevedo au couvent des Ursulines de Salamanque).
Alonso Berruguete et le franco-espagnol Jean de Joigny sont représentants du courant maniérisme.
Parmi les principaux représentants du sculpture baroque il faut citer Juan Martínez Montañés à Séville et Gregorio Fernández à Valladolid, qu'accompagnent d'autres importants sculpteurs : Juan de Mesa, Pedro Roldán, Pedro de Mena et Alonso Cano.
D'après Wikipédia