Il aura fallu la récente polémique, non encore apaisée, sur l'opportunité des études de Latin pour que je reprenne en mains mon vieux Gaffiot, l'incomparable dictionnaire illustré LATIN-FRANCAIS et que je me replonge dans ses définitions parfois allusives, mais toujours précisément succinctes, avec ses croquis passionnants et ses références irremplaçables qui m'aidaient à élucider les versions latines de ma jeunesse. Je m'aperçois à cette occasion que j'ai la version de 1934, celle d'origine, l'oeuvre de cet universitaire franc-comtois mort en 1937, la seule valable jusqu'en 2000 ...
La nouvelle version comporte 1731 pages ... et coûte 49€. Mais on peut la trouver maintenant en ligne: il suffit de savoir où et comment chercher ! Pour mon exemplaire, j'avais hérité de celui de ma soeur aînée. Ensuite, nous avions dû acheter le dictionnaire correspondant pour le grec, le Bailly, mais comme j'en avais pris grand soin, je l'ai revendu une fois mes "humanités" terminées.
Apprendre le latin, quand nous entrions en 6ème (à la fin des années 50), c'était un choix très "classique", allant quasiment de soi. Ensuite, opter pour le grec l'était moins. Jamais mes parents n'y auraient songé. Mon père aurait préféré que j'apprenne l'Anglais dans la mesure où il avait insisté pour que je choisisse l'Allemand en première langue.
C'est le censeur du lycée - Monsieur Guillottin ! - qui les a convoqués pour les convaincre que l'Anglais était une langue facile à apprendre et que j'aurai tout le temps plus tard pour l'assimilier (sans jeu de mots), que le grec m'apporterait bien plus d'opportunités ... Il avait à la fois tort (jamais je n'ai appris l'Anglais dans le cadre scolaire) et raison (je me sers aujourd'hui bien plus souvent du peu d'Anglais que je sais que de l'Allemand qui ne m'a jamais été utile.
L'apprentissage du Latin fut pour moi un calvaire, jamais je n'ai réussi à capter la construction de la phrase ... mais en revanche, je me suis régalée avec le Grec. J'adorais lire et écrire ce langage "codé" et retenir des mots qui se glissent, comme par effraction, dans l'orthographe compliquée du Français. Un souvenir "pesant" : en Français-Latin-Grec, nous avions le même professeur - ce qui faisait un paquet d'heures hebdomadaires - et celui-ci avait pour habitude de placer les contrôles trimestriels le même jour. Il fallait donc transporter les deux dictionnaires en même temps - et le Bailly était encore plus volumineux que le Gaffiot !
Alors, je pense aujourd'hui aux jeunes élèves ... Ils ont tout sur écran .... quel progrès !
Les temps et les exigences du monde ont bien changé et je ne prends pas parti pour l'un ou l'autre des intellectuels qui s'étripent à ce sujet. Ce qui importe, c'es,t à un moment donné, de faire comprendre l'évolution de notre langue si belle ... et si complexe !