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l'opium

Publié le 24 mai 2015 par Dubruel

~d'après L'ORIENT de Maupassant

Je ne puis aborder l'hiver Sans songer à l'un de mes amis, Matthieu, qui vit maintenant Aux frontières de l'Asie.

En décembre, l'année dernière, J'avais trouvé mon bonhomme Couché sur un divan En plein rêve d'opium.

Matthieu était habité par l'Orient :

-" Comme ce pays vous prend ! Comme vous pénètrent jusqu'au cœur Ses séductions invisibles, Ses sensations invincibles ! Ah ! L'opium et sa délicieuse torpeur ! "

-" Pourquoi prends-tu ce poison ? Quel bonheur donne-t-il donc ? "

-" L'opium console de tout. Avec l'opium, je comprends tout. Seule me guérit cette drogue d'Orient. Quand je prends de l'opium, je m'étends. J'attends une heure, Parfois deux heures. Je sens d'abord de légers frémissements Puis un vibrant engourdissement. Seule ma tête pense Avec un bonheur immense Et une lucidité infinie. Je raisonne, je déduis, Je découvre aussi des idées Qui ne m'avaient jamais effleuré. Je descends en de nouvelles profondeurs. Je monte vers de merveilleuses hauteurs. Je flotte dans un océan de voluptés. Je savoure une incomparable félicité, Une idéale jouissance. Que m'importe la pensée pratique, Je possède la plus pure des intelligences. J'aime l'illusion onirique. Sans rêve, je serais conduit au suicide Du fait des rudesses de la vie intrépide. Mais quand je vivrai en Orient À l'abri des malheurs, Je me reposerai calmement Dans une belle demeure... Laisse-moi maintenant. "

Je m'en allai. Je ne le revis plus jamais. Il m'adressa un simple mot en juin : " Je suis heureux ! " Cette lettre de Mathieu Sentait l'encens Et d'autres parfums troublants.


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