Magazine Cinéma

INTRUSION (Critique) Par effraction…

Publié le 26 mai 2015 par Cliffhanger @cliffhangertwit
INTRUSION (Critique) Par effraction…INTRUSION (Critique) Par effraction…SYNOPSIS: Philippe est un pianiste qui monte. Obsessionnel et perfectionniste, il travaille dur pour préparer une série de concerts à l'opéra de Strasbourg. Son monde, jusqu'ici rangé et ordonné, se fissure le jour de ses quarante ans. Des acouphènes de plus en plus violents et des visions étranges entament sa concentration. Il est d'ailleurs le seul à entendre des notes fausses sur son piano ... Sans rien pouvoir contrôler, Philippe est en train de basculer dans un autre monde... Un monde gouverné par ses peurs, par ses angoisses et surtout par un traumatisme profond qu'il a refoulé il y a plus de 30 ans, lorsqu'il était encore petit garçon... Est il vraiment en train de basculer dans une autre réalité, ou est il uniquement la victime malheureuse de son délire paranoïaque ?

N'en déplaise à ceux qui lui taillent des costards à longueur de temps, la fiction française est mue par une belle vitalité, que des projets originaux et qui échappent aux stéréotypes, viennent mettre au premier plan avec régularité. Si la fiction de genre a tendance à se faire rare sur nos écrans, il faut se réjouir qu'une chaine hertzienne, Arte en l'occurrence, donne du temps d'antenne à des fictions gonflées et porteurs d'un vrai regard et d'une ligne directrice claire. C'est le cas d' Intrusion que la chaine diffuse ce mercredi 28 mai en trois épisodes de 52 minutes, et qui, non contente d'imposer une belle originalité, est aussi un véritable plaidoyer pour l'audace en prime-time. Car, loin des standards auxquels nous sommes trop souvent confrontés, Intrusion est une magnifique surprise pour ceux qui se plaignent de le frilosité de nos créateurs. Incursion dans le fantastique, à la fois sombre et flippante, voici la preuve qu'en laissant à de jeunes auteurs toute latitude pour porter des projets anti-conformistes, la fiction française est capable de se débarrasser de ses oripeaux classiques dont on avait même fini par oublier qu'il fut une époque où elle sut s'en affranchir. Non pas qu' Intrusion redéfinisse les codes de la série télévisée et balaye tout sur son passage ( Les revenants est un autre exemple de réussite dans un domaine peu prisé par nos diffuseurs), mais le fait est que le tout est suffisamment intelligent et bien construit pour nous offrir la sensation rafraichissante de l'inédit. C'est à un trio de scénaristes ( Frédéric Azémar, Quoc Dang Tran et Florent Meyer) que l'on doit ce bijou de suspense qui vous agrippe en un instant pour ne relâcher sa prise qu'au moment du générique de fin, nous laissant étranglé et perplexe et libre de nous faire notre propre interprétation du dénouement sans avoir la sensation que c'est par facilité. Le flou qui peut subsister à l'issue des trois épisodes participe au plaisir jubilatoire de découvrir une fiction savamment orchestrée. Malicieusement découpée en trois actes, Intrusion bénéficie d'un découpage très précis qui lui confère son identité. Un premier épisode pour poser la situation, un second pour enfermer le personnage dans s(es)a névrose et un troisième pour tenter, tant que faire se peut, de dénouer l'entrelacs de fils que les auteurs se sont ingéniés à mêler. Construction maligne, écriture fine et précise, l'implacable mécanique fonctionne sans fausse note, ni disharmonie.

INTRUSION (Critique) Par effraction…

C'est aussi parce qu' Intrusion est portée par un extraordinaire comédien que cela fonctionne aussi bien. Jonathan Zaccaï y déploie en effet une palette de jeu proprement inouïe, tantôt mutique et perdu, tantôt inquiétant et sombre et parvenant avec subtilité à jouer la dualité, faisant de sa partition une réussite de chaque instant. Il y est également magnifiquement entouré de Judith El Zein à Eric Berger en passant par Marie Kremer, chacun des comédiens étant le contrepoint idéal à la personnalité à laquelle il fait face. Somme d'influences restituées dans un univers véritablement personnel (on pense à Lynch et Cronenberg entre autres, même si Philip K. Dick est annoncé comme l'inspirateur majuscule des auteurs), Intrusion s'impose tant formellement qu'au niveau du fond comme un vrai gage de qualité (à souligner également le travail de la productrice Louise Barnathan pour faire exister le projet et l'accompagner). Ce qui frappe également c'est cette mise en images épurée que livre Xavier Palud, contraste constant entre le noir et le blanc, le bien et le mal et qui permet de donner une patte bien identifiable à la série. Pas simple d'imposer un ton et un univers différent du tout venant et pourtant Intrusion y parvient de la plus belle des manières. Les trois épisodes de la série fonctionnent comme un triptyque que l'on regarderait fasciné, propice à l'effervescence de l'imagination et grâce auquel chacun fait son propre cheminement. Remarquable d'intensité, pleine de chausses trappes et de twists renversants, Intrusion permet d'entrer dans la psyché d'un être humain en perdition, comme par effraction.

Crédits: Compagnie des Phares & Balises et Arte

Catégories: Critiques, Séries

Tagged as: arte intrusion, éric berger, critique Intrusion, Florent Meyer, Frédéric Azémar, Intrusion, JONATHAN ZACCAI, judith el zein, Quoc Dang Tran, xavier palud


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cliffhanger 18710 partages Voir son blog

Magazines