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[Artic15] La Finlande transpose le secteur de santé publique à domicile

Publié le 27 mai 2015 par Pnordey @latelier

La ville de Hameenlinna propose depuis mars un service de diagnostic et de prescription à distance à toute heure. Le but : décongestionner les centres de santé et améliorer les soins sans réduire l'accès aux services publics. Une premiere étape avant la mise en place d'un écosystème de prise de mesure à domicile.

En Finlande, le secteur de la santé est en grande partie public et permet d'accéder aux soins de base et à un généraliste via un centre de sante financé par la ville - notamment grâce aux taxes payées par les habitants. « Mais nous sommes à l'orée d'un changement d'ampleur. Ce système est à court d'argent, il est urgent de repenser les services publics pour qu'ils continuent à bénéficier aux citoyens », nous explique Jari Numminen, Service Designer pour la ville de Hameenlinna, rencontré pendant Artic15. La cité a lancé en mars 2015 un service de clinique virtuelle qui souhaite répondre à cette exigence. Le système propose aux 70 000 habitants de la commune un site sur lequel ils peuvent se rendre en cas de problème de santé, pour indiquer leurs symptômes.

Un diagnostic et des ordonnances à distance

Le service combine alors sa base de données médicales avec l'ensemble des informations personnelles que le citoyen renseigne sur le site (et qui peuvent venir d'objets connectés) et avec le dossier personnel du patient, lancé à l'échelle nationale en 2012. Peu de temps après, un diagnostic est proposé à l'individu, assorti de préconisations, comme rester chez soi, aller faire des analyses en laboratoire, venir consulter ou aller aux urgences. Si le diagnostic est considéré comme fiable et ne nécessite pas de visite, l'individu peut autoriser son envoi au centre de santé dont il dépend. S'il a besoin de médicaments, il pourra ainsi recevoir une e-ordonnance dès l'ouverture du centre, à 8 heures, rédigée par un médecin du centre.

Faire des économies sans rogner sur la qualité des soins ?

« Les outils de communication virtuelle et la data permettent d'accéder à plus d'informations, de les analyser, et de proposer des soins personnalisés, tout en revenant moins cher », poursuit Jari Numminen. Le but est ainsi également de réduire le nombre d'appels aux centres de santé, qui représentent un coût non négligeable. La question de la qualité des soins enfin a fait partie des préoccupations : « pour le moment le taux d'utilisation reste faible, il faut encore sensibiliser les individus. Plus le service sera utilisé, plus il permettra de réaliser des économies mais aussi et surtout de se concentrer sur les patients qui ont besoin d'une consultation en présentiel ».

Un travail de sensibilisation à mener

Le travail de pédagogie doit aussi être mené auprès des professionnels. En effet, s'il ne s'agit pas d'une question de rémunération – les médecins et infirmiers du secteur public sont payés via un salaire mensuel – beaucoup estiment pour le moment que consulter les diagnostics virtuels et rédiger des ordonnances est une tâche qui s'ajoute à leur travail quotidien. Mais pour Jari Numminen, il ne s'agit que d'une période de transition avant que de tels services deviennent habituels et permettent de réduire la fréquentation des centres et d'optimiser le temps passé puisque l'historique du patient permettra d'affiner le diagnostic et d'optimiser la rencontre.

Et si mon médecin devenait mon coach de vie ?

Dans cette optique d'empowerment du patient et de personnalisation des soins, la ville travaille aussi sur un autre service, le Virtual Health Check. Celui-ci calcule à partir des données de l'individu sa durée de vie moyenne à partir des informations enregistrées et qui le concernent. Il peut aussi voir quel effet sur sa santé aurait l'arrêt d'une habitude considérée comme mauvaise, et se voit proposer des conseils. Ce qui est intéressant, c'est que le service souhaite se concentrer sur l'aspect humain plus que médical : plutôt que proposer des exercices de remise en forme ou des conseils liés à une pathologie, il interrogera la personne sur ses aspirations et envies, et lui fixera un programme par étape lui permettant d'avoir la forme pour y parvenir. Chaque étape pourra être validée par message avec son praticien. Un moyen de laisser l'humain au coeur du système. Mais également une première étape avant la mise en place cet été d'un projet plus important : celui d'inclure la prise de mesure à domicile par le citoyen lui-même et les données qui en découlent. Celui-ci pourra en effet partager sa pression sanguine, son taux de sucre dans le sang ou encore son poids avec le logiciel afin de rendre ses potentiels traitements et l'analyse des risques encore plus précis.


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