Un film de Jérôme Salle (2013 - France, Afrique du Sud) avec Forest Whitaker, Orlando Bloom, Inge Beckman, Iman Isaacs
Polar sombre, violent, captivant.
L'histoire : Afrique du Sud. On trouve le cadavre d'une jeune femme, très très amochée, dans un terrain vague. Les flics mènent l'enquête, Ali, noir, traumatisé par une enfance en plein apartheid, et Brian, blanc, serial séducteur et alcoolique. Ils vont petit à petit remonter une filière où des barbares n'en ont toujours pas fini avec le racisme le plus abject.
Mon avis : Super, ce petit Jérôme Salle ! Un Français qui fait de bons films, on en tient un. Après un brouillon, Anthony Zimmer, assez raté, il nous a concocté deux Largo Winch de fort bonne facture et récidive avec ce polar bien noir (sans mauvais jeu de mot), dans le contexte hallucinant de l'Afrique du Sud, qui est bien loin d'avoir réglé ses problèmes racistes. Ces films n'ont absolument rien à envier aux thrillers policiers américains, tout y est scénario, rythme, action, violence (ben oui, je n'encense pas, mais il faut bien décrire notre monde tel qu'il est ; dans ce contexte, c'est légitime), et une belle interprétation avec des personnages qu'on n'oublie pas. Quoi demander de plus ? J'ai beaucoup aimé.
J'admets que le coeur du scénario est un tout petit peu convenu : dès le début de l'enquête, j'ai prophétisé "Hum... je parie que ce sont de sales "spoiler" qui sont derrière tout ça..." Gagné, évidemment. Mais ça n'enlève rien à la force du récit et à la dénonciation sans complexe de la réalité sud-africaine (et pas que, d'ailleurs).
Les acteurs sont sublimes. Forest, très amaigri, est bouleversant, parfait, comme toujours. Le personnage, lorsqu'on apprend son histoire, est hors du commun et très humain, dans le sens où malgré son absolu pacifisme du début et ses citations de Mandela, le doute va s'emparer de lui à force d'horreurs. La grosse surprise, c'est Orlando Bloom, généralement détesté de par le monde, on ne sait pas pourquoi... Je l'ai toujours trouvé assez sympa, même s'il n'avait pas à délivrer des prestations incroyables, vu qu'il était toujours derrière une ou plusieurs têtes d'affiche crève-l'écran. Mais je l'avais déjà beaucoup aimé dans Kingdom of Heaven. Il est ici complètement à contre emploi, tête à claques, alcoolique, cradingue, impulsif, mais plein de failles émouvantes.
J'ai bien aimé les mouvements de caméra qui insistent sur la place de l'humain dans ce monde de haine : gros plans sur les visages quand on est dans la psychologie du personnage, et cadre très haut pour illustrer le dérisoire de ces haines débiles quand on voit les toutes petites fourmis imbéciles que nous sommes vues du ciel...
Pour finir, je parlerai des paysages, à couper le souffle. On m'a toujours dit que l'Afrique du Sud était un pays magnifique (pour mon papa navigateur, c'était le summum), et le film rend un bel hommage (entre deux bidonvilles...) à ses merveilles : immenses plages, immenses déserts, immenses montagnes...
Les critiques sont généralement excellentes ; les quelques déçus dénoncent les clichés, ce qui n'est pas entièrement faux, mais selon moi ne gâche en rien la force du film.