L'Histoire
Je vais dans un premier temps résumer brièvement l'histoire : une équipe d'archéologues découvre, à l'aide d'images satellites, une immense pyramide enfouie sous le désert. Cette équipe doit malheureusement mettre fin à ses recherches avant même le début de l'exploration. En cause, les manifestations en Egypte qui menacent de perturber le chantier (nous sommes en 2013). Néanmoins le père et la fille, tous deux archéologues, décident de s'aventurer malgré tout dans la pyramide pour faire, ce qu'ils espèrent, la découverte du siècle. Ils seront donc cinq à pénétrer dans la pyramide... mais combien en ressortiront ? Mystère.
Voilà pour l'Histoire globale, on reste dans quelque chose de très simple mais somme toute efficace au vu de ce qu'on attend d'un film d'horreur. Un groupe de cinq personnes entre dans un lieu mystérieux et n'arrive plus à en sortir. Les réalisateurs n'ont visiblement pas voulu rentrer dans les détails de la mythologie égyptienne, se contentant d'apporter de temps en temps des explications aux croyances de l'époque : le livre des morts, la pesée des âmes, la vie dans l'au-delà et les différents dieux tels qu'Osiris et Anubis. Ce dernier tient d'ailleurs une grande place dans le film puisqu'on a l'occasion de le voir à plusieurs reprises, j'y reviendrai.
Les personnages
Nous avons affaire à six personnages, pas plus, pas moins. Un cinquantenaire adepte de l'archéologie traditionnelle, sa fille plus friande de technologies, le compagnon de cette dernière qui est responsable d'un drone qui s'occupe de balayer les lieux avant leur passage, ainsi qu'une reporter et son cameraman. Enfin, un militaire égyptien apparaît de temps en temps à l'écran. On ne développe pas sur leurs histoires, leurs passés. On apprend à les connaître au fil de l'avancée dans la pyramide et de leurs réactions face au danger. Quand l'une est téméraire, l'autre perd ses moyens tandis que le plus âgé fait office de sage et que le plus jeune apporte un brin d'humour assez appréciable pour ma part. On est donc face à des protagonistes quelque peu clichés, ce qui rend le sentiment de compassion plus difficile bien que chacun apporte sa petite touche à l'équipe.
Le visuel
Point essentiel d'un film d'horreur, son visuel et la manière dont il est filmé. Ici il s'agit principalement d'une caméra frontale ou à l'épaule. Selon moi, cela apporte énormément d'immersion, on a l'impression de faire partie de l'expédition et on ressent donc d'autant plus la peur. La quasi-totalité du film se passe dans la pyramide enfouie, on est donc souvent dans l'obscurité, éclairé uniquement à l'aide des lampes des aventuriers. Là encore, cela participe du stress constant, on ne voit pas à dix mètres, on redoute ce qu'on va trouver au tournant d'un couloir. D'un point de vue architectural j'ai trouvé l'intérieur de la pyramide très bien retranscrit, on a vraiment le sentiment de s'aventurer dans une tombe qui n'a pas été foulé depuis des siècles. Les inscriptions égyptiennes semblaient également pertinentes. Ayant étudié l'Egypte Antique, j'ai reconnu plusieurs passages du Livre des morts sur les murs.
Globalement d'un point de vu visuel ce film m'a beaucoup fait penser à Catacombes sorti en 2014 qui se déroulait essentiellement dans des passages étroits, abandonnés sous Paris. On va de salles en salles sans savoir ce qui nous attend et à chaque fois des événements viennent nous faire sursauter ou des personnages meurent brutalement.
Parlons également des effets spéciaux. Assez peu présents dans le film, ils sont tout de même visibles au moment de l'apparition du dieu à tête de chacal, Anubis, et d'autres créatures étranges. C'est mal fait. Très objectivement. Autant les " monstres " pouvaient surprendre avec leurs cris et leurs arrivées soudaines, autant lorsqu'ils sont trop visibles à l'écran, ils révèlent toute la mauvaise qualité de la modélisation. Pour moi, cela avait quelques années de retard. Heureusement que l'obscurité permettait de masquer un peu ce défaut. Mais pas assez visiblement. En d'autres termes, ce n'était pas véritablement un film " d'horreur " au sens premier du terme car la peur et le stress ne venaient pas d'une vision d'horreur mais plus de la crainte de l'inconnu et de la frayeur suscitée par la soudaineté des événements.
Le son
Rien de particulier à dire sur ce point. Peu de musiques pour éviter de nous aspirer hors de la pyramide et casser l'immersion. Le film mise sur les commentaires des personnages, leurs réactions, les cris, les pleures, le souffle haletant... C'est ça qui créer véritablement la bande-son du film et j'ai trouvé que pour un film d'horreur, ça passait assez bien. On alterne entre des moments de calme plat et d'un coup des bruits assourdissants qui vous font bondir de votre siège. L'absence de musique est voulue pour marquer d'autant plus les passages cruciaux, les moments d'action.
Quant aux doublages, je les ai trouvés très perfectibles. De plus, la synchronisation labiale n'était pas excellente. C'était d'autant plus visible au début du film. Après, compte tenu de la manière dont c'était filmé et de l'obscurité ambiante, on avait pas l'occasion d'y faire très attention.
La cohérence
Il fallait vraiment que je rédige une partie sur la cohérence du film car il y a de quoi dire. Globalement j'ai été déçu par ce point. A tous les niveaux, les réalisateurs ne se sont semblent-ils pas posés la question : " qu'est-ce que j'aurais fait à leur place ? ". Il en découle des situations aberrantes. Par exemple, les morts successifs ne semblent pas affecter le reste de l'expédition. Les personnages pleurent quelques secondes puis continuent comme si rien ne s'était passé alors même qu'on essaye tout du long de montrer les liens qui les unissent. Le but est de sortir de la pyramide, et tant pis pour celles ou ceux qui n'y arriveront pas.
On a donc soit affaire à ce genre de situations soit à l'inverse, mais dans toute l'extrémité de la chose. C'est-à-dire qu'à certains moments, les protagonistes tentent par tous les moyens de sauver un des leurs qui est déjà condamné et qui est censé être mort depuis longtemps. Mais non, on accentue son agonie pour essayer de susciter de la compassion chez les spectateurs. Malheureusement cela n'a pas marché pour moi car ça tombait dans l'absurde le plus total. C'était comme essayer de sauver quelqu'un qui s'est jeté sous un train.
Avant même ces problèmes de cohérence dans la pyramide, le simple déclencheur du film ne fonctionne pas. En effet, au départ les archéologues sont tranquillement à l'extérieur, contrôlant un droïde à l'intérieur de la pyramide. On le suit quelques secondes puis celui-ci voit des bêtes étranges, entend des bruits stridents, puis est violemment déchiqueté, bref, rien de très encourageant. Et pourtant, ni une ni deux, nos cinq archéologues décident de s'aventurer dans ladite pyramide qui, au préalable avait craché des vapeurs toxiques qui avaient fait exploser l'entrée... bref, on se met à leur place mais on y parvient pas vraiment car dans cette situation, on aurait jamais essayé par tous les moyens d'entrer dans la gueule du loup.