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Septembre - Mes premiers pas et gazouillis à Athènes

Par Pauline

Je quitte maman France...

Le 28 août. Je pars un mardi matin très tôt, l'avion est à 6 heures. Mon cousin qui a travaillé tout l'été à Orly m'y a accompagnée et est resté gentiment toute la nuit avec moi. Nous avons papoté, rigolé, fait des jeux. Nous nous sommes promenés dans l'aéroport. J'ai été surprise par la présence de quelques petites souris dans le terminal. Elles étaient trop mignonnes, cherchaient de la nourriture, faisaient de grands bonds dès qu'elles entendaient un bruit.. Très drôle ! Mais pas rassurant même si peu de souris dans un terminal d'aéroport...

Septembre - Mes premiers pas et gazouillis à Athènes
Le matin est vite arrivé et j'ai décollé. A 9 heures, heure française j'étais à Athènes (10 heures, heure grecque). Il faisait chaud - dans les 30-35 degrés ! J'ai été accueilli à Syntagma par une manifestation de la communauté syrienne. J'ai rencontré mon propriétaire, un vrai businessman qui a dix appartements dans Athènes (!!!) et qui travaille pour la banque de Grèce. Il m'a emmenée à l'appartement en question.. Euh dans un quartier qui ressemble assez à une ZUP mais je vais m'y faire.. Et même l'aimer.

... pour adopter et me faire adopter par Athènes...

Je découvre... J'habite un quartier qui au début ne me plaisait pas trop. Un peu sale, multiethnique. Beaucoup de bandes. Quelques hommes dans les rues qui dévisagent. Je n'étais pas rassurée le soir mais après quelques jours, le temps de m'acclimater, je le trouve sympa ce quartier ! Mon coloc allemand me parle chaque jour de l'insécurité qu'il ressent. Il me met en garde en temps que fille. C'est vrai qu'il y a de la misère à chaque coin de rue - quelques personnes font la manche, beaucoup fouillent dans les poubelles mais au final ce quartier est en train de devenir mon quartier et il n'est pas aussi effrayant que le soutient mon coloc.. Ce n'est pas parce que les habitants y semblent pauvres qu'ils vont me mettre un couteau sous la gorge. J'aimerais au contraire les connaître, parvenir à communiquer un peu avec eux. J'habite près de deux stations de métro, Aghios Nikholaos et Kato Patissia. Ce n'est pas très loin du centre. Je suis à dix-quinze minutes en métro d'Omonia.

Je ne suis pas encore allée à l'Acropole mais je l'ai souvent vue de loin. En revanche je traîne beaucoup dans les quartiers du centre : Monastiraki, Plaka, Exarchia, Kolonaki, Gazi. J'adore Monastiraki, Thissio, Exarchia ! Bien animés le soir ! Il y a encore beaucoup de touristes en ville mais se promener dans ces quartiers du centre est très agréable. Au coucher du soleil la ville est magnifique ! Une préférénce pour la place de Monastiraki avec vue sur l'Acropole qui a un petit côté oriental et prend de belles couleurs la lumière tombante.

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On en parle un peu à la maison. J'habite pour le moment avec deux garçons : Alexander est allemand et Nezar syrien ! Alex est choqué par beaucoup de choses ici, ça en devient comique..

Moi je suis surprise par le prix de la nourriture qui à première impression semble assez élevé ! Certains produits comme les produits laitiers sont chers.. (Mais une bonne organisation et une meilleure connaissance des magasins suffiront à changer cette première impression). La viande, la charcuterie, le jambon blanc aussi. Il paraît que la TVA est élevée en Grèce.. Il faut que je me renseigne plus sur la situation. Les consos dans les bars sont onéreuses aussi mais comme dans toutes les capitales européennes en fait. Et même pas autant que dans certaines. Je suis sortie les premiers jours dans des bars magnifiques qui étaient en fait d'énormes cours à l'ombre de grands figuiers, meublées de petites tables en bois, parsemées de hamacs.. Des cadres à tomber mais des bières à la pression à 5 euros, des cocktails à 8-10 euros. J'ai une préférence pour les bancs du quartier de Thissio, avec à la main une Mythos (bière grecque) à 1,20 euros. Cette bière qui à peine vide me sera demandée par un garçon souhaitant se faire quelques sous en la recyclant.

Quant au quotidien, il y a des grèves régulièrement, surtout des transports en commun mais ça ne dure pas toute la journée. Parfois seulement l'après- midi. Un jour, les taxis, l'autre, les métros...

Quand je parle avec des Grecs, je trouve pour le moment les gens optimistes. Ils disent qu'ils ne veulent pas se laisser abattre, qu'ils continuent de vivre comme avant - mais bon les personnes avec qui j'ai parlé sont surtout de celles qui vivent dans les beaux quartiers comme Kifissia au nord d'Athènes et qui ont des maisons sur les îles. Alors... Je vois bien dans mon quartier que beaucoup de gens ne font rien, n'ont pas de travail, fouillent dans les poubelles. Il y a une importante communauté qui vient d'Afrique - mais je ne saurais dire de quels pays pour le moment - et du Bangladesh, du Pakistan, d'Albanie. Certains hommes de mon quartier ne semblent pas du tout intégrés et ne parlen

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t pas grec. Une fois au Carrefour près de chez moi (où il faut presque s'arracher les yeux pour trouver un produit grec) deux hommes sont venus me demander quel type de viande ils avaient entre les mains. Je n'en savais rien. Je suis comme eux : je ne suis pas intégrée, je ne parle pas grec.. Je ne le lis même pas ! Au mois au tout début...

Les manifestations ont recommencé en ville mais pour le moment elles sont pacifiques. Par la suite j'assisterai à de vraies scènes de violence entre policiers et manifestants (en novembre). Certaines universités sont squattées mais on peut quand même y entrer. Mon coloc allemand a parlé avec des étudiants de l'université de droit où il étudie en tant qu'erasmus et il était outré par leurs revendications. Ils lui ont expliqué qu'auparavant - et encore maintenant - le RU et les livres universitaires étaient gratuits pour les étudiants. Les politiques veulent voter une loi afin de les rendre payants. Les étudiants sont contre.. Euh ça me paraît pourtant normal que chacun paye un peu sa nourriture, ses livres.. Non?

J'écris mais au final je ne la ressens pas trop la crise - tous les étrangers que je rencontrerai me diront la même chose ! Les quelques Grecs avec qui je parle me disent eux qu'ils ont beaucoup de taxes à payer, que leur salaire a diminué. Il faut que je parle davantage et avec plus de personnes de cette situation mais c'est délicat. L'unique chose très visible, ce sont tous les magasins à louer, preuve de la faillite de nombreux commerces. "Enoikiazetai" (à louer) est le

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mot le plus présent dans la capitale et dans les villes en général !

A lire, un ensemble d'articles très intéressants sur la situation économique grecque : http://toutsurlachine.blogspot.com/2010/12/dossier-la-chine-tend-une-main.html

... travailler dans un collège au nord de la capitale.

Le collège où je vais travailler est petit - il y a une petite trentaine de profs et environ 250 élèves. Il se trouve tout au nord d'Athènes dans le quartier de Thrakomakedones, une banlieue nouvelle, très chic, presque huppée (j'ai pourtant l'impression qu'elle l'est bien moins que Kifisia !) mais qui subit durement la crise économique paraît-il.

Mania m'a raconté que les familles se sont enrichies grâce à des usines de manufacture. En les créant? En y travaillant? Je n'en sais pas plus. Ce sont en tout cas selon ses dires de nouveaux riches. Ils ont de grandes maisons, de grands jardins et de grosses voitures. Ils sont assez excentrés dans ce quartier qui se trouve bien à une quarantaine de kilomètres du centre. Auparavant Athènes ne considérait pas du tout cette région près du Mont Parnès et les habitants étaient parfois totalement coupés de la capitale, par exemple l'hiver lorsqu'il neigeait. En 2007 ils étaient au première loge lors des importants incendies qui ont touché la Grèce, entre autres la montagne Parnès. Depuis la crise, beaucoup de parents sont au chômage et ne peuvent plus réaliser les projets qu'ils souhaitaient, entretenir leur grande maison, payer l'essence, la taxe de leur voiture.

A première vue le quartier ne me plaît pas trop. Beaucoup de chiens errants. Les jardins et les maisons sont vraiment immenses. Les rues impersonnelles, vides. Les portails trop hauts. Les grillages trop nombreux. Trop banlieue résidentielle coupée du centre. Mais plus je m'y promenerai, plus je prendrai le bus, plus je "parlerai" avec les habitants. Ils se révèleront tous gentils, disponibles. Je partagerai une fois une barre de kit-kat avec une dame. Un moment amusant. J'insisterai pour qu'elle prenne ce morceau de chocolat et pendant une dizaine de minutes, nous communiquerons par sourires, gestes, m

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imiques et grognements. Un matin je rencontrerai un vieux monsieur. Me voyant me ronger les ongles, il me dira quelque chose en grec. Comprenant que je ne le comprenais pas, il fera mine de se couper les ongles avec ses mains transformées un instant par la magie de l'imagination burlesque en ciseaux. En silence, il m'aura tout dit : "Arrête de te les ronger !!!!" Il a raison... De petites scènes qui me font vraiment aimer les gens... Dans le quartier comme à l'école qu'ils soient profs, parents, élèves, chacun a toujours ou un sourire ou une pensée gentille pour moi. C'est ici que pendant une année chaque jour je vais me rendre et enseigner le français. J'aurais pu être plus chanceuse quant à la distance. Mais j'aurais pu être bien plus mal lottie quant à l'ouverture et à l'intérêt des gens.


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