J'ai dévoré ce livre sur le Japon, possédant à la fois un ton journalistique, le sérieux d'une investigation, et le suspense passionnant d'un roman policier. Il y a une ambiance de Tintin et le lotus bleu là-dedans ! La journaliste Léna Mauger, grâce à des indications qui sont plus des indices flous et délivrés au compte-goutte, avec un traducteur qui a plutôt envie de prendre la poudre d'escampette tant le sujet est tabou, part à la rencontre de ceux qui se sont évaporés, qui ont disparu volontairement dans la nature. Elle réussit le tour de force d'obtenir des témoignages édifiants sur la société japonaise et sur la pression qu'elle met à ses citoyens dans tous les domaines de la vie. Echec interdit. Si tu échoues, tu es un homme mort, tu n'as plus qu'à disparaître de la surface de la terre. Homme ou femme, d'ailleurs, car le problème n'est pas un mal masculin. Une grossesse non désirée et c'est la fuite qui vous tend les bras. Portrait d'une société tellement exigeante qu'elle en devient effrayante. Une dictature du succès obligé. Je parle de portrait, car les photographies de Stéphane Remael qui accompagnent l'enquête ne sont pas anodines non plus. Les images parlent autant que les mots. Ce ne sont pas que des photos, ce sont des vies qui vibrent dans le clair obscur, des âmes complexes, des oeuvres d'art. Ce sont aussi des témoignages, des livres ouverts sur des gens, des histoires. En parcourant son site, je vois qu'il a fait plusieurs reportages photo sur les prisons en Bolivie. Je vous en reparlerai sûrement... ! Comme quoi, Le Monde Diplomatique et ses suggestions littéraires qui paraissent étriquées et réductrices à certains ouvrent bien sur l'universel, comme je vous l'affirmais au début. Ma thèse se vérifie : du Japon, me voilà de retour sur mes terres de prédilection. Tous les chemins mènent à la Bolivie !
Photo de Stéphane Remael, http://stephaneremael.com/reportage_67/Les-evapores-du-Japon
