La couleur de l'air

d'Enki Bilal
Bande dessinée - 96 pagesEditions Casterman - octobre 2014

Dans un monde où les éléments sont sens-dessus dessous, les baleines flottent dans le ciel, les maisons s'envolent, l'air est opaque et peu respirable, des groupes d'humains survivants progressent sans savoir vers où ni quoi, échoués sur une terrasse dérivante ou enfermé dans un vaisseau chargé de déchets radioactifs et d'armes. Pas de tempête ni de tsunami, mais un "coup de sang" de la planète épuisée qui se révolte. Et décide de faire le ménage par ses propres moyens…

Un conte d'anticipation noir, sombre, pessimiste. Une planète à la dérive, des humains et des animaux à la dérive, une apocalypse qui s'éternise. C'est la fin d'une trilogie, mais tant pis, je l'ai lu indépendemment.

Univers barré, dessin crayonné, fonds sombre et lumières rares surlignées, son monde, le monde d'Envi Bilal revisité avec son regard particulier sur l'humanité. Dans ce volet, il donne les pleins pouvoirs, ou "rend" les pleins pouvoirs à Mère Nature trop souvent agressée. Ici elle décide d'anéantir, de gober, d'ensevelir tous les éléments néfastes la conduisant et nous conduisant à notre perte. Une phagocytose à l'échelle macroscopique. Et, ironie du sort, ses coups de sang précipitent la dérive des continents, et c'est alors qu'un couloir terrestre unit l'Espagne et le Maroc, la Tunisie à la Sardaigne et la Sicile, alors que le Nil scinde l'Afrique en en éjectant la corne. Un moyen peut-être pour que la Méditérranée ne confirme pas son rôle de mouroir moderne. Conte d'anticipation à résonnance fort contemporaine.
L'avis d'Ingrid Merckx - Politis