Les Rescapés

La trahison d'un père et le harcèlement d'un ex-mari poussent Clara à fuir. Mais après une interminable année à tenter de résister, il ne lui reste qu'un seul refuge : la maison hantée de sa tante décédée.
C'est poussée par la nécessité qu'elle s'y rend, sans savoir si les entités qui y vivent la laisseront s'y ressourcer quelque temps ou si, au contraire, ils useront de leurs capacités pour la repousser. Elle n'attend rien de ces "fantômes", hormis un peu de compassion. Pourtant qui sait, ils pourraient aussi se montrer utiles, voire représenter plus pour Clara qu'elle ne l'imagine.
Et, pourquoi pas, parvenir à lui redonner espoir en l'avenir.

Je remercie les Editions Sharon Kena qui grâce au Pick & Read m'ont permis de découvrir ce superbe roman d'Emmanuelle AMADIS qui m'a réconcilié avec un certain univers...

Le début de ce roman est poignant puisque nous assistons au harcèlement que subi Clara de la part de son ex-mari, David. L'auteur met en scène cette douloureuse réalité que subissent certaines femmes de la part de leurs conjoints (et vice versa) lorsqu'elles trouvent la force de partir du domicile conjugal. David pousse le vice jusqu'à la priver d'amis, d'emplois et de logements en mentant, inventant des histoires et la faisant très certainement passer pour folle ou en menaçant. Aussi Clara, à bout, décide de partir quelques temps dans la maison de sa tante Lise, décédée une année plus tôt. La maison est " hantée " par deux êtres hors normes Otac et son fils Jaoks...
Il va être difficile de faire cette chronique sans spoiler... mais je vais tenter sans trop en dire sur ce récit. Il est primordial en premier lieu de préciser que ce récit est d'inspiration SF. J'ai d'ailleurs été très agréablement surprise par ce fait car je m'attendais à du paranormal. Evidement, la romance est fortement présente donnant à cette histoire tout son charme.
Un autre point très positif, alors que certains auteurs auraient fait de cette histoire une saga avec deux ou trois tomes, Emmanuelles Amadis en a fait un one shot, et qu'est ce qu'il est agréable de connaître le fin mot de l'histoire sans attendre... Sa plume est vraiment prenante, douce et détaillée. Elle n'hésite pas à dévoiler des scènes intimes sans tomber dans le pornographique ! C'est un récit, s'il n'y avait pas cette SF, qui pourrait s'appliquer à ses scènes quotidiennes (mais sans lassitude ou ennui).
Concernant les personnages, nous avons Clara qui est une femme blessée. Son ex-mari David ne cesse de la poursuivre, de lui mettre la pression pour qu'elle revienne avec lui. C'est un lâche qui use de fourberie et de violence envers elle. Mais lorsqu'il se retrouve face à plus fort que lui, il fuit " la queue entre les jambes " si je puis dire. C'est le type d'homme méprisable à souhait surtout lorsqu'on apprend que seules les raisons d'argent le pousse à agir de la sorte. Quoique je pense que la fierté a aussi une part importante dans son attitude. Sa femme l'a quitté et il le refuse. Clara, malgré cette situation, est une femme forte car elle refuse d'abandonner le combat même si parfois elle parait agir avec faiblesse notamment lorsqu'elle joue le jeu du harcèlement téléphonique. Mais on ne peut se permettre de juger une victime de violence conjugale. Clara ne peut même pas se confier à son entourage. David a fait fuir tous ses amis. Quant à son père, je peux affirmer qu'il est pire que David ! Cet homme pense que tout peut s'acheter. Et ce qu'il désire c'est un héritier. Il est prêt à payer pour ça ! Clara n'est donc qu'une " femelle à engrosser " afin de faire perdurer le nom et les gènes. C'est vraiment horrible de la part d'un père. Il a même réussi à lui faire croire que la femme qui l'a élevé, sa tante Lise, ne désirait plus la voir... C'est donc seule et isolée qu'elle a grandit et s'est construite. J'ai été sensible à sa détresse et j'ai vu un personnage fort et faible à la fois, un être humain tout simplement, et non une héroïne !
On découvre Lise par passage dans le roman. L'auteur jongle entre le présent et le passé ainsi qu'avec les personnages. On en apprend plus sur cette femme d'exception, seule à pouvoir percevoir Jaoks et Otac grâce à leurs souvenirs. Jaoks est un homme blessé qui parait dur mais qui développera une sensibilité face à la détresse de Clara. Mais qui sont Jaoks et Otac ? Là est tout l'intérêt de l'histoire...
Ce fut vraiment une superbe lecture que j'ai savouré du début à la fin, une très jolie découverte. Pourtant je ne lis guère de romance et encore moins de SF mais je sors de ma lecture totalement séduite par Les Rescapés (dont le titre sonne, pour moi, de deux significations car on peut être rescapés de beaucoup de situations...). Pour conclure nous avons une intrigue, une romance et un objectif : le trio parfait pour un très bon livre !

" Clara perçut une présence ; elle ouvrit les yeux et s'assit prestement, instantanément sur le qui-vive. La pièce était déserte. Pourtant, elle savait au fond d'elle qu'elle n'était plus seule. D'un seul coup, ses souvenirs s'imposèrent ; cette sensation, ce phénomène dans le hall, sur le palier et maintenant dans la chambre, elle l'avait déjà ressenti un nombre incalculable de fois par le passé. Il était si familier qu'elle ne parvenait pas à le considérer comme une menace, bien qu'elle ne puisse voir le ou les êtres qui venaient de s'approcher d'elle.
- Ils ne nous veulent pas de mal, lui avait affirmé sa tante quand, à l'époque, elle avait commencé à s'inquiéter de ce qu'elle ne pouvait pas voir, et lui avait confié son impression de n'être pas toujours seule dans les pièces pourtant désertes.
- Ce sont des êtres particuliers, des amis, et ils nous protègent toi et moi. Tu n'as rien à craindre d'eux, avait-elle ajouté dans un souci de la rassurer totalement.
La période de peur n'avait pas duré longtemps. Après tout, consciemment ou non, Claire avait toujours vécu avec eux, et elle avait donc repris une vie insouciante. Elle ne s'étonnait plus de voir des objets léviter autour d'elle. Quand elle avait réalisé que ces entités n'avaient jamais eu le moindre geste agressif à son encontre, la confiance était revenue. "