la véritable histoire de l'expulsion de #pajol lorsqu'elle n'est pas racontée par #BFMTV...
Depuis leur expulsion du campement du boulevard de la Chapelle (10ème/18ème, Paris), mardi 2 juin, dont la version officielle consiste à prétendre si cyniquement que ce fut pour des raisons humanitaires, j'ai assisté jour après jour à l'incroyable incurie des pouvoirs publics face à la situation de migrants qui pour nombre d'entre eux sont érythréens, un pays dont on nous dit qu'il est " suspecté " (sic) de crimes contre l'humanité par l'ONU. Ils ont donc je pense, à priori, d'excellentes raisons de ne pas retourner dans leur pays. Qui de sensé le ferait ? Et donc, depuis une semaine, ces êtres humains (rappelons que s'en sont pour ces abrutis qui m'ont assailli de messages à haute valeur intellectuelle et morale ajoutée sur twitter à l'instant, genre " sale bobo gauchiste, tu n'as qu'à les prendre chez toi ! ") sont pourchassés à travers les rues de Paris comme de vulgaires animaux. Pourchassés lorsqu'ils tentent de revenir au même endroit, n'ayant pas d'autres solutions. Pourchassés lorsqu'ils tentent de s'installer devant l'église Saint-Bernard, et que les forces de l'ordre s'y opposent et les font " entrer de force dans des wagons de métro au milieu d'usagers choqués par la violence de la scène " ( source). Cachez cette misère que je ne saurais voir, en effet... L'objectif des pouvoirs publics semble d'avoir tout fait pour les disperser plutôt que de leur trouver un hébergement de moyen terme. En effet, si une partie a été hébergée pendant quelques jours dans des hôtels, compte-tenu de la nécessité légale d 'hébergement d'urgence, nombreux sont ceux qui ont été renvoyés en grande banlieue, sans argent, sans lien avec les associations, et qui ont donc préféré retourner à Paris où des réseaux d'entraide pouvaient les soutenir. Et point culminant de cette affaire, qui démontre clairement le grotesque manque de stratégie et de morale de nos institutions, c'est ce qui vient de se passer cet après midi rue Pajol, dans le 18ème.
Cette manifestation a été émaillée de nombreuses violences de la part de la police : journaliste jetée à terre, réfugiés et militants interpellés...
Hugo Touzet, élu du 18ème arrondissement, et collaborateur du sénateur Front de Gauche de l'Oise Jean-Pierre Bosino ( voir ici l'article que lui a consacré rue89), s'est fait frapper par un CRS :
Plusieurs élus du Parti de Gauche, dont Eric Coquerel, ont bien tenté de négocier avec les forces de l'ordre, mais en vain...
Message du cabinet du préfet de police : " nous ne faisons qu'appliquer la loi "... Plus tard : " d es élus s'opposent à un simple contrôle d'identité " ... (rires dans la salle). Devant le soutien inattendu à la foi des militants, mais aussi des passants et des habitants du quartier, des renforts de gendarmerie ont été obtenus :
Le périmètre est bloqué, et Olivier Besancenot tente d'accéder à la manifestation...
Sur place, les manifestants scandent " liberté, égalité, fraternité "... Mouais. ça reste encore et toujours à prouver... Ironie du sort, quelqu'un rappelle qui était Pajol : l'un des participants historiques de la prise de la Bastille en 1789... Voilà voilà... Les forces de l'ordre procèdent par charges successives afin d'arracher un par les migrants au cordon de solidarité formé autour d'eux et les emmener vers un car de police.
Autour du bus où les migrants sont bouclés, les gens commencent à se rassembler massivement, et des accrochages avec les forces de l'ordre commencent à avoir lieu, car ils l'empêchent de partir... :
Les CRS sont donc obligés de charger...
... et le bus peut partir. Destination : le centre de rétention du 18eme, rue de l'évangile... ça ne s'invente pas. Au passage, on notera les curieuses façons de faire de certains " journalistes " (vraiment ?) de BFMTV, qui giflent les manifestants lorsqu'ils s'interposent face à une prise d'image, mécontent des mensonges de la chaîne...
Pour précision, une grande partie de ces migrants a réussi à échapper à ce que certains n'ont pas hésité à qualifier de rafle... Voilà voilà. Ils vont donc dormir dans la rue ce soir, sans que grand monde ne s'en émeuve... J'espère que ce billet vous aura au moins donné la tonalité générale de cette manifestation vue de l'intérieur, avant que les journaux du soir et les infos en boucle vous bassinent avec une toute autre version : celle de méchants gauchistes qui violentent les forces de l'ordre qui ne font rien que leur devoir... avec la bénédiction de l'extrême droite, pour qui ce genre d'événements est toujours du pain béni... Comme ils doivent être satisfaits de la fermeté des... socialistes ? ! Pour ma part, je suis très fier de l'action de ses militants avec qui j'ai vibré par procuration, à distance. Eux (et elles !) qui sauvent ce qui peut encore l'être de l'esprit français, des valeurs authentiquement de gauche, faites de défense des droits humains, d'humanité et de générosité... Loin de l'esprit de l'époque donc, faite au recroquevillement, au repli sur soi, au rejet de l'Autre. Bravo à tous. Et toutes. Que se vayan todos !
Lire aussi : Metronews, dont David Perrotin a diffusé cette photo de l'élu GDG du 18ème à terre (merci à lui) :