On pénètre dans en une séquence d'ouverture à la fois banale et glaçante où le visage bandé de Nelly suggère toute l'horreur des camps. La voiture qui l'emmène restructurer ses brûlures navigue au milieu d'une Allemagne en ruines où le peuple entrevoit encore mal les dégâts causés par le nazisme. De ce point de vue là, Phoenix est une plongée à la fois distante et puissante en un temps pas si loin.
Mais le long-métrage de Christian Petzold traite d'abord de la reconstitution identitaire d'une femme marquée du sceau d'une infâme déportation. Revenue en lambeaux (corporels et psychologiques), Nelly vit en un tour de passe-passe narratif à la fois une expérience sensiblement improbable et un poignant état des lieux humain.
A l'instar d'une mise en images sobre et digne, Nina Hoss livre une partition proprement bouleversante en prêtant sans fard ses zones d'ombre à la détresse de Nelly. Flirtant avec la chronique de genre (façon Vertigo à l'envers), Phoenix manipule parfois son récit pour le bien de son propos. Ce dernier s'avérant à la fois nécessaire et juste, on passera l'éponge et vous invitera à découvrir ce rappel percutant.
Phoenix est disponible en DVD.