À l’initiative de Marie de Quatrebarbes et de Maël Guesdon, Série z regroupant quatre plaquettes, propose, dans une quatrième livraison, des textes de Patrick Beurard-Valdoye, Nicole Caligaris, Pierre Drogi et Lucie Taïeb.
Dans l’utilisation pleine du support, Patrick Beurard-Valdoye propose un texte intitulé faire- laisser faire, usant des volets-faces de la plaquette offerte comme autant de pôles formels d’écriture (langue simple, expression d’un rêve dans sa littéralité au recto / matériau du rêve remarquablement travaillé par la langue au verso). Le rêve ainsi, dans ses notations-évènements à caractère descriptif, fait l’objet d’une transformation dans sa transcription contaminant la langue elle-même. La mutation des formes d’écriture s’opère dans la réduction et la densité (passage vers un resserrement de l’énoncé sur une face verso du support) et l’enrichissement d’une langue défaite des contingences de la ponctuation, densifiant sa matérialité sonore. Dans l’amorce de la seconde partie, à la jonction des deux séquences du texte, un lexique posé dans la pluralité de ses significations interprétatives. Ainsi « imago », représentation inconsciente des objets, dans un champ psychanalytique, côtoyant dans son homonymie, l’insecte sous sa forme définitive, qui, ici placé à la jonction des séquences du texte, paradoxalement, introduit la phase de mutation du texte. La langue, dans son lexique, (« ouvrage de langues », langue arabe) en référence au champ de la linguistique (« idiome étranger ») s’inscrivant ici dans un registre obscur et interprétatif (mots et noms devenant « énigmatiques » ou encore « imprévus »).
Betula humilis de Pierre Drogi ouvre la deuxième plaquette de Série Z : 4 et constitue une partie de l’ouverture d’un livre à venir,unesplendideamorce d’A bouche sanglante (titre probable du livre, selon l’auteur). La référence à la botanique (bouleau arbustif du titre) rejoint, sur un second axe thématique transversal (la question de l’animal restant pour Série Z la thématique de référence), sous une autre forme, le texte de Lucie Taïeb aimer les vergers qui clôture cet ensemble. Si la présence de l’animal est fortement marquée, introduite par l’apparition de ses différentes espèces dans le texte de Pierre Drogi (cerf, chevreuil, mouettes, sternes, araignées…) et la référence mythologique prégnante dans son travail d’écriture que l’on retrouve ici sous les traits de Psyché, betula humilis questionne la violence, dans la mort donnée (“à bouche sanglante”, “commissure qui saigne”). On notera ici l’épigraphe indiqué dans le texte initial par l’auteur qui permet de mieux appréhender la portée du texte "Tuer un homme ce n'est pas tuer une idée, c'est tuer un homme" (Pierre de l'Estoile, XVIe s.).
Reprenant un motif végétal amorcé par Pierre Drogi, Lucie Taïeb, dans un extrait d’un travail en cours intitulé peuplier, agence des énoncés à caractère répétitif, jalonnés de termes réitérés rythmant le texte, dans une introduction de légers décalages et renvois phoniques, des effets de boucle et motifs dans un flux langagier où s’absente le plus souvent les marques de ponctuation. Les reprises lexicales sur lesquelles se structure le texte (aimer/vergers/verbes etc) et les récurrences d’éléments syntaxiques (en particulier éléments de grammaire marquant la comparaison et la coordination) permettent une avancée du texte par reprises et jeux phoniques, dans une approche sonore du texte.
Une quatrième séquence de Série Z:4 est proposée par Nicole Caligaris dans un texte intitulé la vraie passion dans le désert qui s’insère cette fois dans le projet interdisciplinaire et collectif du Général Instin .
Série Z : 4 et les Séries Z précédentes seront disponibles au Marché de la Poésie
ainsi que dans ces librairies
site de la revue
(Emmanuèle Jawad)