Magazine Culture

bellâtre et lâche

Publié le 13 juin 2015 par Dubruel

~d'après UN LÂCHE, de Maupassant

Le vicomte Gontran de Vidame Plaisait aux femmes. Il avait de l'allure et du tempérament. Il aimait se battre à l'épée Et tirait fort bien au pistolet.

Un jour, il déjeunait au restaurant Avec une de ses amies. Celle-ci s'aperçut qu'un voisin La regardait avec obstination :

-"Gontran... l'homme assis là-bas me dévisage. C'en est gênant, . N'aurait-il pas une mauvaise intention ? "

Le vicomte se leva et alla gifler l'importun :

-" Votre carte, monsieur, s'il vous plait ! "

-" Fichez-moi la paix. "

-" Nous règlerons demain matin Cette affaire sur le pré. "

Gontran, se sentant prêt Pour le duel, Prit par le bras son amie, La raccompagna chez elle, Rentra chez lui et se dit : ''J'ai encore le temps Pour m'occuper de cette affaire. Si je me montre ferme, il aura peur. Moi, ai-je peur ? ''

Ayant cependant La bouche un peu sèche, il but un verre de bière Si sa volonté semblait arrêtée, Son cœur battait. Il demeurait oppressé Et pensait en lui-même : ''Pourquoi trembler ?'' Puis un doute l'envahit. Il se sentait de plus en plus troublé. Avait-il peur malgré lui ? Qu'allait-il arriver ? Il se sentait pâlir. Il songea à sa situation, À son nom, à sa réputation : ''Demain, peut-être,...je vais mourir ! ''

Il passa au petit salon, Alluma nerveusement un cigare. Il avait froid. Il fit du feu. Ses mains tremblaient un peu. Sa tête s'égarait. Tout son corps vibrait De tressaillements saccadés. Sans cesse il se demandait : ''Que va-t-il se passer ? ''

Puis il eut un sursaut d'énergie. Il était fou de se laisser terrasser Par la peur. Alors il partit Discuter des conditions Avec ses témoins, le marquis de Mossion Et le colonel Rieux, L'un grand seigneur, l'autre, brave soldat.

Mossion lui demanda :

-" Vous voulez un duel sérieux ? "

-" Oui. "

-" Et vous tenez au pistolet ? "

-" Oui. "

-" Le reste, comment voulez-vous le régler ? " Le vicomte articula :

-" Bon. Vingt pas. Tir jusqu'à blessure sérieuse. Comme je suis adroit au pistolet Cette mesure me semble avantageuse. "

Sur ces mots, le vicomte rentra à son domicile. Mais il n'arrivait à rester ni assis Ni debout tant il était agité. Par mesure de prudence, Il se mit à Rédiger son testament. Mais il se sentit incapable D'unir deux idées convenables. Alors, il saisit son pistolet, Tremblant des pieds À la tête et se dit : '' Je suis incapable de me battre ainsi.'' Il songea de nouveau à l'infamie, Aux chuchotements dans la société, Aux rires de ses amis Au mépris dans son foyer. Il le sentait. Il le savait.

Alors il enfonça le canon de son pistolet Entre ses lèvres et appuya sur la détente.

Quelques heures après, Il fut trouvé mort par sa servante.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dubruel 73 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine