"Rumi écrit :
« Ne sois pas une goutte, fais de toi-même un océan
Si tu veux être une mer, fais de ta goutte un néant. »
C'est dans l'annihilation de soi qu'on découvre l’Absolu : il faut être vacant pour se laisser remplir par la Présence :
« Tant que tu auras un « moi », on ne te laissera pas entrer;
Quand tu seras annihilé, on te gardera comme la prunelle des yeux. »[1]
Le disciple et l’Absolu ne peuvent exister ensemble ; il faut que le premier devienne zéro pour accueillir l’infini :
« En la présence de Dieu, deux “ je ” ne peuvent être contenus. Tu dis “ je ” et Il dit “ Il ” ; bien; ou tu meurs devant Lui, ou Lui mourra devant toi, afin qu’il ne demeure pas de dualité. Mais il est impossible et inconcevable que Dieu meure ; car il est le Vivant, l’ Immortel…Or, comme il n’est pas possible qu’Il meure, il te faut mourir afin qu’Il se révèle Lui-même à toi et que la dualité disparaisse. »[2]
Ainsi quand je m’éveille à la vacuité, à mon absence de visage, quand le “ je ” disparait de mon regard, alors, dans ce Rien, l’Absolu se manifeste. En disparaissant du regard, je deviens rien, mais dans ce rien, Tout est découvert."
Source Le saut dans le vide, de José Le Roy, Edition Almora.
[1] Djalâl od din Rumi, Rubai'yat, p. 217.
[2] Rumi, Fihi-ma-fihi, chapitre 6.