On ne manquera pas de comparer La loi du marché et Jamais de la vie. C’est sans doute parce que le chômage est désormais très présent dans nos vies. Cela s’est fait par étapes. C’est aujourd’hui incontournable. Dans le film de Stéphane Brizé, ce qui me touche, c’est bien ce personnage qui résiste à l’effondrement de sa vie professionnelle. Il est résolument tourné vers l’avenir, au point qu’il ne s’engage pas dans la lutte juridique contre son employeur précédent. Et c’est sans doute parce que ce qui le tient debout, c’est sa vie familiale, sa femme avec qui il prend les décisions importantes, et leur fils dont l’avenir les préoccupe. Un mot me vient pour qualifier le personnage incarné par Vincent Lindon : dignité. Dans sa vie sociale, il tient droit malgré les coups. Mais jusqu’où peut-on accepter la loi du marché ? Qui n’en est pas une, bien sûr, puisque les règles du jeu ont été faussées au profit de patrons lâches et invisibles qui sont, on le sait mais il faut le répéter, sans foi ni loi. Les jeux de rôles sont prétextes à installer la concurrence entre les gens de la même catégorie sociale, et cette concurrence va selon une certaine logique jusqu’à la dénonciation, laquelle installe le mépris de la vie de l’autre. C’est insupportable.