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En fait, je suis nuancée

Publié le 15 juin 2015 par Lana

Une petite précision parce qu’on me reproche parfois mon côté cash: en vrai, je suis quelqu’un de nuancé. Je pense que ceux qui suivent régulièrement le blog le savent (j’espère).

Mes billets donnent parfois l’impression du contraire. Quand j’écris, c’est souvent en réaction à un événement. Quelque chose me met par exemple en colère, et j’écris sur le coup de la colère, comme le billet sur la violence indicible. Ca ne veut pas dire que je diabolise les soignants, comme on me l’a reproché sur twitter. Je sais qu’il y a des soignants qui se remettent en question, de bons soignants, d’ailleurs c’est le cas des miens. Je sais que la psychiatrie peut faire des bonnes choses, et c’est pour ça que les mauvaises me révoltent d’autant plus. Et oui, c’est vrai, je parle plus de ce qui va mal que de ce qui va bien.

On m’a dit que les soins sont violents en médecine physique, que les examens, les perfusions font mal, qu’on n’en fait pas toute une histoire comme en psychiatrie. Mais je ne parlais pas des soins. Je ne parlais pas des neuroleptiques ou même des hospitalisations contraintes, je parlais de déshumanisation. Je parlais d’infantilisation, de privation de droits élémentaires, de patients attachés ou isolés pendant des jours ou des semaines, de négation du ressenti, de la personne, de surmédicalisation. Je parlais de ce qui ne soigne pas, de ce qui traumatise, de qui est lié à l’abus de pouvoir sur des personnes en situation de fragilité. Je parlais de choses inutiles et même néfastes, de ce qui éloigne des soins et empêche donc de s’attaquer à la violence de la maladie.

Oui, comme on me l’a dit, la première violence est celle de la maladie. Oui, les traitements peuvent être difficiles à supporter. Mais en quoi dire cela empêche-t-il de s’attaquer à la déshumanisation que l’on doit subir en psychiatrie, ou à l’hôpital en général? Celle-ci n’est pas obligatoire (certains hôpitaux fonctionnent d’ailleurs sans contention  ni chambres d’isolement), elle est contre-productive, et ne fait ni des patients ni des soignants heureux.

En quoi s’employer à aller mieux empêcherait de parler des traumatismes que la psychiatrie peut nous faire subir? Comment aller mieux avec un traumatisme non traité? L’entendre, ce serait permettre à la psychiatrie de s’améliorer et aux patients d’aller mieux, donc de moins souffrir de cette violence première de la maladie. Je sais que certains sont prêts à l’entendre, mais ils sont peu nombreux, et donc oui, dans mon précédent billet, je les ai oublié. Parce que je n’ai pas toujours l’énergie, face à cette violence de l’institution psychiatrique, trop destructrice, trop violente, trop systématique, de faire du « not all ».

Bref, maintenant vous le saurez, et ce sera dit une bonne fois pour toutes: les soignants ne sont pas tous à mettre dans le même sac, je le sais, c’est pour ça que j’écris encore, c’est pour ça que j’espère encore et que je continuerai à dire ma colère en manquant de nuance.


Classé dans:Réflexions personnelles

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