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Confidences part #1 : Fausse couche tardive.

Publié le 01 juin 2015 par Christele

 AVERTISSEMENT

Fausse couche tardive. Ce post concerne un sujet intime et sensible. Choquer ou trop émouvoir n’est absolument pas mon objectif. Je veux pouvoir partager et échanger. Ceci est juste mon témoignage.

Petite introduction

Beaucoup d’hésitation avant d’écrire cet article. Je commence, j’efface, je recommence, puis je bloque et enfin je supprime tout. J’ai l’impression de ne pas avoir le droit d’en parler … Mais c’est embêtant car je n’arrive plus à avancer, ni à écrire d’autres articles. Peut-être suis-je obligé de passer par là ? Peut-être que j’en ai besoin ? Quoi qu’il en soit, je me décide enfin et on verra. Les raisons qui m’empêchaient d’en parler : sujet trop intime, je ne peux pas dévoiler ma vie comme ça ou c’est gênant pour moi mais surtout pour les autres peut-être … Alors je vous préviens, si ça vous gêne, n’hésitez pas à quitter cette page. Et ce qui me donne envie de le faire c’est : pouvoir me libérer, n’avoir aucun sujet tabou et surtout … Oui surtout ! Lorsque j’ai vécu ce drame, j’ai moi-même chercher des témoignages de fausse couche. Pour ne plus me sentir seule à devoir passer par un deuil périnatal. Je n’ai pas la prétention de pouvoir aider celles d’entres vous qui ont en train de le vivre mais si je peux au moins vous redonner espoir et confiance (car je suis de nouveau enceinte), c’est une raison largement suffisante.

Je suis actuellement enceinte de 5 mois et tout se passe « MERVEILLEUSEMENT », « INCROYABLEMENT », « EXTRAORDINAIREMENT » bien. Pourquoi tant de mots si forts me direz-vous. C’est une grossesse, tout ce qu’il y a de plus normal. Seulement, toutes mes idées sont faussées car ma perception des choses a changé et est devenue « Je vais forcément avoir un problème durant ma grossesse. C’est obligé qu’il m’arrive quelque chose. ». Et pourtant je suis consciente que la plupart des grossesses se passent bien. Voilà ce que je ressentais il y a encore quelques jours. Mais c’est bon, j’ai passé le cap des 4 mois et demi.

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Fausse couche tardive

Mi-avril 2014, je tombe enceinte. Il est désiré et en même temps tellement appréhendé mais nous sommes les plus heureux et les plus confiants. C’est ma première grossesse et malheureusement, je n’ai personne à qui parler de mes interrogations par rapport à la grossesse. Je ne sais pas quoi faire, ni quand. Je ne sais pas comment ça se passe… Alors je me débrouille et me fais suivre par une gynécologue de l’hôpital publique. Pour les échographies, c’est dans un cabinet du centre-ville que je me déplace. A la première échographie donc à 2 mois et demi, le médecin voit un petit décollement du placenta mais tout va bien. Les jours passent, je continue de travailler « d’arrache-pied » parce que je « pète la forme » ! Oui tout va bien ! Au 4ème mois, je n’ai vu que deux fois la gynéco de l’hôpital et je m’interroge car à part prendre la tension, ils ne font rien d’autre. J’essaye de poser des questions mais ce n’est pas toujours clair, et on ne me rassure pas. J’ai le sentiment de n’être qu’un numéro de dossier. Fin de ce 4ème mois, je commence à perdre du liquide rose très clair, des petits saignements et ce assez régulièrement. Alors comme on le fait à chaque fois, on regarde sur internet. Apparemment ce n’est pas trop inquiétant, enfin ça dépend il y a plusieurs versions. Petite parenthèse : c’est vrai que ce n’est pas bon d’aller voir sur internet mais honnêtement, je ne vais pas vous le déconseiller car on ne peut pas s’en empêcher. Puis quelques jours après, nous décidons d’aller aux urgences de la maternité. Dans cet hôpital publique, ce sont les internes qui font les urgences gynécologiques. Attention, je n’ai absolument rien contre les internes mais vous allez comprendre pourquoi j’aurais préférer voir un vrai spécialiste en gynécologie. L’interne fait donc une échographie. On entend le cœur battre ! Mon dieu, quel soulagement, je suis rassuré, il est toujours là. Elle essaye de le voir mais elle n’y arrive pas. Elle dit qu’il se cache. Elle me fait me rhabiller et me dit qu’il n’y rien d’anormal et me salut. Bon ok, tout va bien, après tout ils savent ce qu’ils disent, ils sont médecins. Puis les écoulements continuent assez régulièrement. Quatre jours plus tard, on retourne aux urgences où je vois une autre interne. Pareil, elle me fait une échographie et là … Elle décide d’appeler son supérieur, le gynécologue obstétricien car elle non plus n’arrive pas à bien voir le bébé. Et là rien qu’en l’écrivant, j’en tremble encore un peu tellement ça a pu être brutal. Car une fois qu’il avait compris la situation, ses premiers mots ont été pour l’interne en lui disant : « Vas chercher un fauteuil roulant, on l’hospitalise ». Wouah, là ça fait un choc ! Puis il m’explique. La poche des eaux s’est rompu et ce que je perd n’est pas du sang mais du liquide amniotique. Ce qui permet au bébé de se développer dans notre corps. Alors on doit m’hospitaliser et m’aliter en espérant que la fissure de la poche se referme toute seule. Malheureusement, il n’y a rien d’autre à faire dans ce genre de situation. Attendre, espérer. Je ne vais pas m’attarder sur mes quelques jours alités mais au bout de 5 jours, une nuit, le liquide n’arrête plus de couler et cette fois-ci accompagné de sang rouge vif. J’appelle l’infirmière de nuit et lui demande de faire venir un médecin. Très froide, elle me dit qu’il n’y a pas de médecin cette nuit. Pardon, on est dans un hôpital et il n’y a pas de médecins ??? HALLUCINANT ! Puis le lendemain matin, les deux gynécologues obstétriciens dans ma chambre, me disent qu’il n’y a quasiment plus d’espoir et que c’est trop juste pour qu’il naisse en grand prématuré, il ne sera pas viable. Alors ils me proposent l’interruption médicale de grossesse car de toute façon je perdais tellement de liquide qu’il ne survivrait pas. Donc c’était de la torture. Et oui, à 4 mois et demi on est juste dans la limite où on ne peut plus interrompre la grossesse car ça s’appelle un fœticide. Donc il faut que ça passe devant une commission, que l’ont soit transférer dans un autre établissement pour avoir d’autres points de vue. Evidemment, la décision est loin d’être facile car même si nous n’avons plus d’espoir et devons nous résigner, le fait de le faire cesser de vivre avec un acte chirurgicale, c’est autre chose. Nous acceptons car il n’y a malheureusement rien d’autre à faire. Seulement, au fond de moi, je savais qu’en attendant la décision de la commission (le processus dure quelques jours), mon bébé n’irait pas jusqu’au bout. Ce qui était très dur à ce moment là et par la suite, c’était d’avoir mon enfant en moi et de savoir que je ne pouvais qu’attendre qu’il meurt dans les prochains jours… Le lendemain, mon conjoint passe la soirée avec moi mais lui a du mal à réaliser ce qu’il se passe. Alors nous discutons, j’essaye de lui expliquer qu’il n’y aura pas d’amélioration, que nous devons lui dire au revoir maintenant tant qu’il est encore là (je le savais car je le sentais encore bouger). Et lui qui n’avait pas oser toucher mon ventre depuis quelques jours, pose sa main avec la mienne et nous pleurons. Nous lui faisons nos adieux. Il devait rentrer dormir mais il s’endort à côté de moi et je crois lui avoir demander de rester. Puis dans la nuit, je suis éprise de violentes douleurs. Je crois que ce sont des contractions. Une sage-femme vient donc me voir, m’examine et me dit tout en douceur (enfin un peu de compassion et d’humanité dans cet hôpital) qu’il est parti, que c’est fini et qu’il va maintenant falloir « l’expulser » (le terme est dur mais c’est comme ça qu’ils en parlent). Et oui à ce stade là, c’est un « accouchement » par voie basse. Malgré que mon enfant soit décédé, je dois « accoucher ». Je vous épargne les détails, morphine, péridurale etc. Et enfin des sages-femmes et aides soignantes qui m’accompagne réellement et psychologiquement. Elles me demandent si je veux le voir, le prendre dans mes bras, me disent que c’est un bébé à ce stade de la grossesse. Mais nous refusons, par crainte. A 4 mois et demi, c’est un vrai bébé. Il a tout mais en miniature. C’était mon bébé. Qui est parti. Et sans aucune raison. La poche des eaux s’est rompue. Il n’y a pas d’explications. Et voilà c’était fini …

La prochaine fois

Vous m’excuserez mais ça fait un peu long comme article alors je vous raconterai la suite d’ici quelques jours dans « Confidences part#2 » où je vous parlerai de ma sortie de l’hôpital, des démarches administratives etc. Comme je vous le disais c’est un petit bébé, il faut quand même le déclarer et s’occuper de son petit corps. Et bien évidemment, je vous raconterai cette période de deuil qui a duré quelques mois (mais comment savoir si c’est réellement terminé…) et du regard des autres.

Pour toutes celles qui souhaiteraient parler, vraiment n’hésitez pas. Au contraire je vous le demande, ça me ferai extrêmement plaisir de pouvoir partager avec des personnes qui comprennent …

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