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Le cannibalisme dans l’Afrique du XIXème siècle

Par Marine @Rmlhistoire

Aujourd’hui on parle de chair fraîche. De chair fraîche humaine. Aujourd’hui on parle d’humains qui vendent des humains à d’autres humains pour qu’ils les mangent. Mais pas seulement… Nous sommes en Afrique Équatoriale au XIXème siècle et des gens mangent d’autres gens.

Les cannibales d’Afrique

La viande humaine sur les marchés

Le cannibalisme dans l’Afrique du XIXème siècle

Marché de coton à Brazzaville

Bon, entrons dans le vif du sujet. Imagine, tu vas au marché en Afrique Équatoriale le dimanche matin. Tu croises deux mecs. L’un d’entre eux t’interpelle :

- Salut, tu as faim ?
- Euh, je sais pas, en fait je cherche de quoi faire un ragoût de bœuf
- Dis pas n’importe quoi. Y’a pas de bœuf, t’es au Congo mec. J’ai mon ami qui va être découpé en fin de journée, pour l’instant, il n’a qu’une jambe et un avant-bras de réservés, tu veux quelque chose ?
Ah bin, j’hésite… Les cêtes ça doit être bon avec des petits pois carottes non ?
- J’te conseille les orteils, c’est plus cher mais c’est trop bon.
- Vendus ! Je prends les 10 !

Concrètement, ça se passe comme ça…

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (le nom super chiant quoi…) témoigne : « On assure que chez la race africaine des Jagasdes quartiers d’hommes et de femmes, des membres proprement dépecés, se voient fréquemment exposés en vente, comme de la viande de boucherie, sur les places qui servent de marchés dans leurs campements« .

Et il n’est pas le seul, c’est également le cas de Georges Clemenceau : « on trouvait sur les marchés d’Afrique équatoriale des individus sur lesquels chacun marquait le morceau qu’il désirait acheter pour manger. Lorsque tout était vendu, la personne était abattue, découpée, et les morceaux distribués aux acheteurs. »

Ça fait pas rêver, on est d’accord. Mais il faut bien manger. La viande est très rare, les mecs bouffent de l’igname,  de la canne à sucre et de la dourah

Le cannibalisme de guerre ou rituel

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Des guerriers Nyam-Nyam

Les Azandé du Congo, encore appelés Nyam-Nyam mangent de la viande humaine. C’est indéniable. D’ailleurs, en dinka (peuple du sud du soudan), Nyam-nyiam veut dire « grands mangeurs ». Mais les mecs ne vont pas au marché acheter leurs morceaux de bidoche, non, ils mangent uniquement les guerriers qu’ils ont tués sur la champs de bataille, mais aussi les criminels de leur tribu. Un petit feu, et hop, c’est parti.

Chez les Azandé ou autres tribus ou l’anthropophagie est rituelle, les morceaux humains consommés sont symboliques. Bien plus que le goût. Aussi les guerriers mangent-ils le cœur pour assimiler le courage et les bras pour s’approprier la puissance du mort.

Voici une recette

Pire ou moins pire, je sais pas trop….

Le cannibalisme, c’est pas très humain

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Petit récap pour ceux qui dorment encore. Le cannibalisme c’est le fait de manger un être de sa propre espèce. Un chat qui mange un chat c’est du cannibalisme. Un porc qui mange un porc, c’en est aussi. Un humain qui mange un humain, c’est dégueulasse. Bin oui, socialement, on n’accepte pas qu’un humain en dévore un autre. Les animaux on s’en fout, ce ne sont que des bêtes, en plus elles comprennent rien. L’anthropophagie par contre, ça nous dégoûte, ça nous écœure, et ça crée un bon petit malaise en société. Seuls les animaux peuvent faire ça… Aussi, lorsqu’on découvre au XIXème siècle, durant la colonisation de l’Afrique, que certaines tribus sont anthropophages, par besoin ou par rituels, bin, on estime, nous, les occidentaux super intelligents que ces tribus sont des peuplades primitives semblables à des animaux… On n’a pas peur des mots au XIXème siècle.
Mais attention, n’allez pas croire que la colonisation a permis de faire disparaitre l’anthropophagie, non non. Ca continue, surtout en période de guerre au Libéria ou en Centrafrique…

Le colonialisme, non plus

Le cannibalisme dans l’Afrique du XIXème siècle

Si le cannibalisme c’est pas très classe, faut avouer que la colonialisme ne l’est pas beaucoup plus…

Au XIXème, les Européens se font remarquer par leur désir d’expansion… La France et l’Angleterre en tête, faut dire que le christianisme y est bien implanté et que l’Eglise raconte à tout va qu’être blanc et européen c’est bien, être autre chose c’est moins bien. Voire sale, voire nul. Aussi, tous les colonisateurs quittent leurs pays en se disant que ce qu’ils vont voir ailleurs, humains, animaux, végétaux ne méritent que le mépris et l’arrogance. Bin ouais, ils sont pas nés en Europe hein. Mais vous en faites pas, l’Église est là pour civiliser les sauvages. Oui, même ceux qui se mangent entre eux (c’est pécher). Mais surtout, on va grappiller du territoire et des richesses. Faut pas perdre le nord.

Arrivés sur le continent africain, les ethnologues français ou anglais sont surpris, c’est le moins qu’on puisse dire, par les pratiques anthropophages de certaines tribus. Rapidement, les « scientifiques » vont les assimiler à des animaux.

Par exemple, David Livingstine pense que les Noirs africains sont un maillon primitif de l’espèce humaine à l’origine simiesque. Alors, en gros, il les qualifie de singes qui peuvent être civilisés que par la grandeur de la religion chrétienne. Bin oui. Et en plus, il n’est pas le seul à le penser…

Les expositions

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Le XIXème siècle, siècle des découvertes, on aime montrer ce qu’on découvre. C’est l’heure des expositions. En plus, vu que les peuples cannibales sont pas tellement tellement humains, on peut les foutre dans des cages ou dans des toutes petites pièces pour qu’on puisse les observer.

Par exemple, en 1870, on retrouve au Jardin d’Acclimatation de Paris une vraie mise en scène de cannibales. C’est une famille ramenée d’Afrique (image). Les anthropophages peuvent même faire des petits spectacles avec des danses traditionnelles et un bon repas à base de viande crue. Ils sont à moitié à poil, ils ont froid et sont entourés d’un grillage (image). C’est pour que les bonnes familles parisiennes ne puissent pas être mordues ou griffées. Bin oui. Enfin, certains mecs ont été vendus ou échangés contre des animaux…. Au nom des grandes valeurs chrétiennes sans doute. 

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Les photo sont issues de Gallica, un album du début du XXème siècle

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