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Un album, une semaine | Adrian Crowley – Some Blue Morning

Publié le 19 juin 2015 par Generationnelles @generationnelle

L’âme à vif mais la voix chaude, programme d’enfer du nouvel album d’Adrian Crowley.

Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette…il paraît ! En voilà un profil parfait! Adrian Crowley ne pose pas de profil  dans les bureaux de la police mais près  d’un volet bien fermé. Cerné ou à la rue? Le chanteur ne semble ni aux anges ni dans dans la tourmente. Plutôt dans un monde ombragé, pas forcément noir mais vraiment blues, comme sait si bien le faire le photographe Steve Gullick.

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Dans les oreilles : l’album bleu n’est pas forcément blues. Mais qu’attendre d’autre d’Adrian Crowley, celui qui en 6 albums étonne, fascine mais surtout impressionne. Ce nouvel ovni musical laisse sans voix dès les premières notes. Le crooner irlandais est hanté par la musique et sa voix profonde obsède dans ses chansons obscures. Mais quel genre? Du blues non, de la pop sûrement pas, le coeur est entre frissons et langueurs et l’émotion proche de la mélancolie. Si triste? Dans Some Blue Morning, ce mélange langoureux  ajoute un soupçon de rêve qui appartient aux grands et qui est un bon moyen de commencer la matinée. La mélancolie vaudrait-elle mieux que la ricorée? Plus que le blues, c’est le cafard  total dans l’album d’Adrian Crowley mais d’une lumière admirable!

C’est cet heureux clair-obscur qui ensoleille The Hungry Grass pourtant aussi chagrin au fil des notes. Et quand l’introduction pesante se tait, l’auditeur a faim, faim de cette voix à la Cale qui ressuscite Cash et disparaît dans de longs instrumentaux comme le repos du guerrier déjà majestueux sur les cieux. La posture de « magicien de son » continue dans The Magpie Song qu’on goûte à de multiples reprises, la touche – repeat- peut être appuyée dans cette recherche de sensations matinales mais l’opus se dévore aussi d’un trait. Dans ces chansons fantômes, The Stranger sonne un peu vintage sous forme de verre de gin dans bar clinquant mais inquiétant où chaque silence coupe le souffle… classe mais angoissant! Une ambiance que n’aurait pas renié le maitre du suspens, Hitchcock.

Trouble plus pop, avec des guitares discrètes, vient ciseler les fins de phrases et donner du baume au coeur. La musicothérapie? Sûrement, c’est un cadeau, The Gift est une offrande instrumentale; le baroque The Angel appuyé par le violoncelle de l’ensemble symphonique de Londres change son fusil d’épaule avec ses airs de cauchemar héroïque presque tragique par Cale/Reed comme Songs for Drella. L’air de bande-originale continue de plus belle dans Follow If You Must, superbe musique de film de vampires, fascinant mais dangereux, au choeur oppressant mais avec la tentation forte de la suivre. Pour aller où?

Dans un bourdonnement de machines de The Wild Boar, le souffle nerveux dans l’air froid s’attise. C’est un conteur qui vient faire sursauter l’auditeur. Que faire? Se rétracter? Veiller? Tendre l’oreille? L’histoire est bien mystérieuse et musicale dans les plaines de Galway. The Hatchet Song offre une fin heureuse à ce mélo qui fait du bien au coeur. Golden Palominos achève de mettre des paillettes plein les yeux où le sourire un peu de A Sunday Smile est grandiloquent mais néanmoins humain.

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Comment ne pas succomber  à cette passion pure ? Avec des choeurs, c’est la solution idéale pour avoir l’intérieur au frais mais le coeur bien au chaud au coeur de l’été.


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