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Etty Hillesum, derrière les barbelés la grâce

Par Marcalpozzo

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Le journal d’Etty Hillesum est un journal bouleversé, bouleversant, qui laisse à son lecteur une trace sans aucune commune mesure. Laissé inachevé au moment de sa déportation, Olympia Alberti imagine ce qu’Etty aurait pu écrire durant ces quelques mois derrière les barbelés.

 

Le journal bouleversé de la lumineuse Etty Hillesum est demeuré inachevé. L’écrivain Olympia Alberti se propose, avec ce roman, d’imaginer les pages manquantes du journal de la jeune femme juive morte à Auschwitz en 1943 à l’âge de 29 ans. Elle en imagine le cheminement extraordinaire, elle reconstitue le parcours passionné de cet esprit éclairé, n’aspirant, par son écriture, qu’à se rapprocher de Dieu. C’est le journal bouleversant et bouleversé d’une sensibilité attentive à la beauté du monde, acceptant d’être dévastée par l’amour, « à en vivre chaque épiphanie », amie de l’humanité, qui écrit au fil de ces pages lumineuses, son évolution spirituelle, dans un Amsterdam troublé.

C’est également l’histoire d’un apprentissage. C’est l’histoire d’une déclaration d’amour à Dieu et aux hommes, malgré les événements. Malgré la haine et le crime institutionnalisé. « Refuser de voir le monde comme une absurdité, mais le regarder avec d’autres yeux, davantage tournés vers le non apparent, qui n’est pas forcément invisible », écrit Olympia Alberti, imaginant les pensées de cette jeune femme aspirant à la paix et la bonté dans un monde de guerre et d’exclusion.  

Avec un talent certain Olympia Alberti ressuscite l’écriture de ce cœur pur, tentant, à chaque page, à chaque ligne d’accéder à la connaissance par une ouverture de la conscience ; de se mettre à l’écoute de sa vérité intérieure ; de secouer ses racines. Olympia Alberti restitue bien le combat sans relâche de cette jeune sainte, contre le nazisme et son refus de la vie, l’«abominable refus du divin, (la) détestation de toutes les formes, même les plus petites, de l’amour. »

Etty Hillesum c’est l’histoire d’un cheminement intérieur. C’est l’histoire d’une allégresse, d’une recherche de l’équilibre et de la paix. Par un travail méthodique de reconstruction de l’écriture tâtonnante à la recherche de la lumière de l’amour de Dieu, Olympia Alberti nous montre la transformation d’une âme, son épanouissement par l’effort et l’exercice de la volonté. « Il y a cette certitude en moi, à côté des vertiges soudains, des anxiétés poignantes, oui, il y a cette certitude plus forte que mes errances, que je dois transmuer en moi des énergies de doute et de faiblesse en sérénité, en force, en pardon. Une vie n’y suffit pas, je le sais, mais je dois m’y appliquer, parce que l’amour dans l’âme, l’amour absolu que rien ne détruit est à ce prix, d’application, s’efforts, et de don de soi à cette tâche. C’est notre seul devoir. » Tout le cheminement spirituel de cette belle âme est dans ces quelques phrases exprimé avec une clarté et une justesse que je ne peux que saluer.

A propos de Olympia Alberti, Etty Hillesum, l'amour dans l'âme, Presse de la Renaissance, 2015

(Chronique parue dans Le Grand Genève Magazine, n°4, avr-mai-juin 2015)


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