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Quand les lecteurs de Babelio rencontrent Linwood Barclay

Par Samy20002000fr

Jeudi 18 juin dernier, 30 lecteurs ont eu l’occasion de rencontrer Linwood Barclay pour échanger avec lui autour de son roman Fenêtre sur crime paru chez J’ai Lu, grâce à l’interprète Fabienne Gondrand. Dans ce thriller haletant, Ray doit retourner dans la maison familiale suite au décès de son père. Il y retrouve son frère Thomas, atteint de schizophrénie et qui s’est donné pour mission de mémoriser les plans des grandes villes grâce à un programme de cartes interactives baptisé Whirl360. Pensant avoir observé une scène de meurtre sur les plans de Manhattan, Thomas n’a de cesse que de harceler Ray pour qu’il aille vérifier sur place. Ray s’y rend donc, déclenchant malgré lui une spirale tragique…

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De Google Street View à Hitchcock

Arrivé le jour même du Canada, la fatigue n’entame en rien l’enthousiasme de Linwood Barclay qui commence par répondre aux questions des lecteurs sur les origines de son roman. Parti de l’idée d’un meurtre vu sur un site comme Google Street View, l’idée du personnage de Thomas a ensuite fait son chemin progressivement : il lui fallait un personnage qui puisse vraisemblablement tomber sur ces images et les remarquer. Linwood Barclay s’est alors inspiré de son frère, schizophrène, pour construire Thomas. A l’instar du frère de l’auteur, obsédé par l’étude des langues, Thomas est obsédé par l’idée de voyager de manière virtuelle.

Interpelées par les références cinématographiques présentes dans Fenêtre sur crime, plusieurs lectrices en profitent pour interroger l’auteur sur ses inspirations : si le pic à glace ne fait pas référence à Basic Instinct, l’auteur était juste « fatigué des armes à feu » et trouvait  l’idée du pic à glace « cool et vicieuse », la référence à Fenêtre sur cour d’Hitchcock était quand même plus explicite. Mais l’auteur nuance : si Fenêtre sur cour est un de ses films préférés du réalisateur, il n’a remarqué les similitudes entre les deux que pendant l’écriture. Le lecteur attentif remarquera quand même une citation tirée du film : « tell me everything you saw and what you think it means ». A l’inverse du titre français, le titre anglais du roman, « Trust your eyes », ne fait pas particulièrement penser à Hitchcock. Titre que l’auteur s’empresse d’ailleurs de déprécier : « je déteste ce titre. C’est mon agent qui l’a choisi, je voulais l’appeler The Traveller mais ça faisait trop science-fiction. »

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Des rebondissements comme règle d’or

Alors que Linwood Barclay explique aux lecteurs qu’il a comme règle d’or de mettre le plus de rebondissements possibles dans ses histoires, une lectrice le questionne sur la chute brutale du livre (que nous ne dévoilerons pas ici), à la dernière ligne de la dernière page. « J’ai toujours voulu le faire », explique l’auteur canadien, « je voulais laisser le lecteur sur une touche désagréable, dans l’indécision. ». Peut-on alors envisager de retrouver ces personnages dans un prochain livre ? Non, il aime revenir à ses personnages mais ne veut pas retourner à ceux-là : « ce qui leur arrive est trop unique. Je préfère laisser l’imagination faire son travail. »

Le discours technologique étant très présent dans le thriller, l’auteur explique qu’en tant qu’ancien journaliste, il est sensible à l’effondrement de la presse écrite et à son incapacité à s’adapter à internet. La nouvelle réalité créée par internet et abordée dans ce roman « Nous sommes surveillés », c’est une nouvelle réalité qu’il constate dans Fenêtre sur crime mais sur laquelle il ne pose pas de jugement.

Des héros ordinaires dans des situations extraordinaires

Concernant les personnages de Fenêtre sur crime, l’auteur explique qu’il préfère que ses héros soient des gens ordinaires. Qu’ils soient enseignants, vendeurs de voitures ou paysagistes, ils n’ont ni l’expertise ni les connaissances nécessaires pour faire face aux méchants. Les lecteurs s’identifient facilement à eux et  la tension en est d’autant plus palpable. Tous ses personnages ne sont pourtant pas communs : la tueuse présente dans le livre est tout sauf ordinaire. Médaillée d’argent aux jeux olympiques, elle connaît la frustration de la seconde place, ne décrochant pas les sponsors accordés à la première place. « Si on ne peut pas décrocher Nike, autant devenir une tueuse. Je l’adore ! »

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Habitudes et processus d’écriture

Curieux, les lecteurs interrogent ensuite l’auteur sur son processus d’écriture. Pour écrire, Linwood Barclay n’a besoin que d’une structure grossière, explique-t-il : d’abord, il lui faut l’accroche (ici : le meurtre). Ensuite, il se demande comment on en est arrivé là, de là découlent des personnages et le dénouement de l’histoire. Il commence à écrire une fois qu’il a réuni tous ces éléments, laissant ainsi la porte ouverte à l’imprévu. La scène où tous les personnages sont réunis et où ils reçoivent un appel d’un homme qui se présente comme Bill Clinton, par exemple, n’était pas du tout prévue ! S’il a choisi d’écrire une histoire qui se déroule aux Etats-Unis, c’est d’ailleurs parce que la politique y est plus intéressante que celle du Canada, son pays d’origine, poursuit l’auteur. « Si c’était le premier ministre canadien qui appelait Thomas, ce serait moins intéressant », plaisante-t-il. La touche d’humour présente dans Fenêtre sur crime a d’ailleurs particulièrement interpelé les lecteurs : en mettant ses héros ordinaires dans des situations extrêmes, Linwood Barclay veut alléger l’histoire et utiliser l’humour pour adoucir la tension propre à un thriller, en veillant à jamais ne la désamorcer totalement.

Le choix de Ray comme narrateur s’est fait assez simplement : il est dans la meilleure posture pour raconter l’histoire. L’histoire ne serait pas la même si elle était racontée du point de vue de Thomas, qui souffre de schizophrénie : « le livre ressemblerait plutôt au livre Le Bizarre incident du chien pendant la nuit ». S’il écrit à la première personne du singulier, Linwood Barclay utilise aussi un narrateur externe pour raconter son histoire afin de ne pas « poser de limite et ne pas empêcher de convoquer d’autres points de vue ».

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Le polar comme genre de prédilection

Lorsqu’on l’interroge sur ses auteurs favoris, Linwood Barclay cite immédiatement Ross Macdonald, l’auteur de la série mettant en scène le détective Lew Archer. Stephen King et Mary Roach font également partie des nombreux auteurs qu’il aime lire « heureusement qu’il ne faut pas être aussi talentueux qu’eux pour être publié » plaisante-t-il. Le polar est définitivement son genre de prédilection : « ce que j’aime avec le policier, c’est que ça exige une intrigue. L’intrigue fait avancer l’histoire, donne naissance à des personnages et rend possible un commentaire social ». Ayant été peu rejeté par des éditeurs, le canadien ne se considère pas comme un auteur malchanceux. Si les livres qu’il a écrit étant jeune ont été refusés, tous ses romans ont été publiés : « mon premier roman n’a du se vendre qu’en six exemplaires, mais il a été publié. »

Avant que les lecteurs ne fassent dédicacer leur livre, la rencontre se termine sur une dernière boutade : comme son personnage fanatique de cartes, serait-il capable de reconstituer mentalement le trajet entre l’Hôtel du Pont Royal et le musée du Louvre, décrit avec précision dans le livre ? « Oui », avoue-t-il au milieu des rires des lecteurs, « J’ai passé 15 jours dans cet hôtel en 2010, coincé à Paris à cause du volcan islandais ».

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Découvrez Fenêtre sur crime de Linwood Barclay chez J’ai Lu. Vous pouvez également retrouver les comptes-rendus de la rencontre de Lettres d’L et de Les chroniques de Totoro.


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