Arkon est un barbare, un soldat, un guerrier, un macho pur et dur. D'ailleurs sa nation d'origine s'appelle Polemachus, ce qui est tout un programme en soi. Hélas pour lui, il erre dorénavant sans fin, complètement perdu, à travers une étrange contrée où les lois de la physiques n'ont plus cours, et où le quotidien est emprunt d'absurde, de violence et de folie. C'est que nous sommes sur le Weirdworld, une des émanations les plus bizarres, les plus insolites, de l'univers repensé à l'occasion de Secret Wars. Arkon a beau être un homme fier et courageux, à force de tourner en rond et de ne plus savoir où diriger ses pas, il en finit par ressentir une profonde lassitude, voire même des tendances suicidaires qui le poussent à abandonner à jamais la quête pour retrouver son chemin. Mais renoncer ne lui est pas permis, et armé de sa carte où il trace peu à peu le plan des lieux qu'il traverse et de ce qu'il y rencontre, le voici qui va se mesurer à un dragon, des ogres, et un panorama qui semble dessiné sous LSD par un Mike Del Mundo toujours aussi poussé vers l'expérimentation, la merveille visuelle, l'audace formelle, ce qui donne des planches fichtrement bien construites et exigeantes. Vous l'avez compris, nous sommes là dans un univers fantasy, et ce n'est pas non plus une nouveauté absolue, puisque le Weirdworld remonte aux années 70, et avait été adoubé par des artistes du calibre de Mike Ploog ou Doug Moench. Arkon le barbare n'en est pas issu à la base, on est plus habitué à le voir aux cotés de la sauvage Thundra, et fréquemment il rencontre des héros plus traditionnels qui sont de passage dans son univers particulier. Jason Aaron a trouvé le subterfuge parfait pour exposer ses idées, sans devoir tout expliquer de A à Z. Placer un héros désemparé, lui aussi dépassé par les événements, c'est prendre le lecteur par la main et lui dire "suis moi, nous allons en voir de belles, mais sois patients, car tu sera perdu au début". M'est avis que cette série aura peu de répercussions directes sur le noyau central des Secret Wars, mais peut-être est-ce mieux ainsi car les auteurs vont pouvoir écrire et dessiner en roue libre, sans devoir se plier aux exigences et aux trames de leurs collègues. En tous les cas le pari ne manque pas d'audace, ni de panache, d'autant plus que ce #1 se termine par une apparition sympathique, qui apporte un enjeu supérieur à cette incursion dans le Weirdworld. Un titre dont on n'attendait rien (on ne l'attendait pas, tout simplement) mais qui mérite qu'on y prête attention. Je suis bien curieux de voir où et comment Panini le publiera en Vf.
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