J'ai parlé de ce film la semaine dernière lors d'un billet concours, mais comme "L’année prochaine" de Vania Leturcq sort en salles demain et que je n'aimerais pas qu'il passe inaperçu, j'en remets une couche à travers une petite chronique.
Ce premier long métrage touchant d'une jeune cinéaste franco belge, auteur de trois courts métrages remarqués dont le très réussi "L’été" (2009). nous transporte dans l’amitié fusionnelle de deux jeunes filles de Province de 18 ans, et plus précisemment de l'année suivant le bac lorsqu'elles décident de tenter leur chance ensemble à Paris .
Le film raconte ce que devient leur amitié durant cette première année à Paris, sur ce qu'elles veulent devenir, ce qu'elles veulent vraiment être et sur leurs différences.
La cinéaste nous raconte cette histoire d' amitié comme une histoire d'amour, avec les incompréhensions, les doutes, les questionnements inhérents. Entre Cotilde, fragile en apparence (avec un petit filet de voix) mais déterminée, et Aude, plus fougueuse et insouciante, l'amitié va virer ainsi que de leur relation tumultueuse aux allures d’histoire d’amour.
Une relation complexe et ambivalente, traitée avec une grande justesse et précision, dans laquelle le dominé et le dominant ne seront pas forcément la même au fil de la relation et du film.
La belle ambigüité du scénario de Vania Leturcq est sans cesse de nous questionner sur les motivations et les personnalités de ces deux filles, et on se dit que la plus fragile des deux n’est pas celle que l’on croit…
On pense forcément au dernier long métrage de Mélanie Laurent, "Respire", dans le portrait de cette relation amicale fusionnelle et toxique à certains égards, mais ici racontée avec plus de douceur et de sérénité, ce qui n'empeche pas les conflits et les crises.
Alternant moments forts et moments à priori plus anodins, "L'année prochaine", sur un sujet classique, dissèque avec une belle profondeur et une belle subtilité cette amitié qui se délite, cette fin d'une innocence et ledébut désilusions réciproques surviendront à la grande surprise de ces deux amies qui pensaient l'être à la vie à la mort.
Dans le rôle de ces amies fusionnelles,Constance Rousseau, vue dans Tout est pardonné et dans le génial moyen métrage de Guillaume Barc Un monde sans femme incarne une Clotilde troublante et complexe, tandis que enna Thiam formidable dans la série les Revenants donne sa fougue et son dynamisme à Aude. Entre ces deux filles qui crèvent l'écran, Kevin Azais, revenu des combattants, tire largement son épingle du jeu.
On pourra simplement regretter que les autres personnages secondaires ne sont sans doute pas assez fouillés- dont les formidables Frédéric Pierrot dans le rôle du père éploré de Clotilde ou Julien Boisselier dans le rôle du prof de philo dont Clotilde s'entichera, mais malgré cette petite réserve, L'année prochaine reste une excellent premier film, chronique touchante et intelligente sur un sujet pourtant souvent déja traité au cinéma.
Bande-annonce : L’Année Prochaine