Des terres glacées mais musicalement fertiles d’Islande nous vient le deuxième album d’Of Monsters and Men, groupe nordique que l’on avait découvert avec « Little Talks » et leur imaginaire fantastique et fantaisiste. Leur deuxième effort Beneath the Skin verse moins dans la hey-oh-song et s’éloigne du pop-folk éclatant pour explorer un univers plus sombre et plus mature.
Adieu donc les synthés et les trompettes qui tapent parfois sur le système, ce qui nous permet d’être plus attentifs aux chœurs et aux lignes de guitares ciselées, aux mélodies incantatoires et à la maitrise que le groupe semble avoir acquise pendant leur tournée et l’enregistrement de leur dernier disque.
Avec « Crystals », le premier titre et premier clip de leur nouvel opus on retrouve les percussions, les rythmes tribaux qui soutiennent le chant choral et harmonique qui nous avaient accrochés sur l’album précédent My Head Is An Animal. On écoute et on regarde tout de suite :
C’est Ragnar qui ouvre le titre suivant « Human » qui sonne presque comme une production électronique. Il est rejoint par Nanna sur le refrain. Il ne s’agit plus pour le groupe de parcourir le monde extérieur mais de sillonner l’intérieur, ce qui remue sous la peau. Ce sont ces sensations, ces tempêtes internes qui sont développées dans « Hunger » qui commence comme une ballade pour monter progressivement en puissance et livrer un final rock.
La mythologie nordique et l’imaginaire scandinave reprennent le dessus avec les morceaux pop et efficaces « Wolves Without Teeth », « Empire » et « Slow Life ». Le voyage intérieur continue avec « Organs », une ballade sentimentale et intime menée par Nanna simplement accompagnée d’une guitare et d’un piano.
On retrouve toute la formation islandaise sur le titre « Black Water » dont le remix par Chris Taylor de Grizzly Bear figure sur la tracklist de la version deluxe de l’album ; avant de plonger dans une atmosphère plus inquiétante avec « Thousand Eyes » et son tempo plus lent qui passe par des phases apocalyptiques.
La voix profonde et plus posée de Nanna se déploie dans « I Of the Storm », second single de l’album, autour d’un motif de piano tendre et subtil. Des intonations et un phrasé étonnement plus pop, et frôlant les refrains soul qui serviront à Alex Somers pour son remix.
Beneath the Skin se clôt avec « We Sink » et deux titres bonus sur le deluxe : « Backyard » et « Winter Sound » où l’on retrouve une énergie pop-rock avec guitares électriques et cymbales qui sonnent et qui rappellent l’esthétique de premier album et le chemin parcouru depuis. De quoi rafraichir les longues soirées d’été autour d’un feu de joie sur une plage déserte.
Le concept de l’album qui fait le lien entre l’extérieur et l’intérieur et qui s’appuie sur des images naturelles et poétiques — ajouté au travail esthétique sur les vidéos et les artworks — montre bien que Of Monsters and Men est en train de se forger une identité singulière et solide en tant que groupe. Signe de « maturité » ou piège sur le long terme, l’avenir nous dira si les Islandais s’enfermeront dans leur univers ou si ils parviendront à le transcender.
Pour le découvrir de vos propres yeux et oreilles, on pourra retrouver Of Monsters and Men sur scène pendant leur tournée européenne cet été et en festival, puis à la rentrée au Zénith de Paris le 4 novembre.
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