Dans son nouveau long métrage, Tsui Hark, le grand maître du cinéma chinois, quitte le détective Dee, l’incarnation extrême orientale de Sherlock Homes, pour nous conter sa version de La bataille de la montagne du tigre. Ici fini les arts martiaux et les fastes de l’antique Empire, Tsui Hark nous plonge dans une période sombre de l’histoire de ce grand pays, terrible mais aussi glorieuse, prélude à la renaissance de la nation chinoise. En effet, le film nous présente l’un des hauts faits d’armes de la guerre civile qui précéda et suivit la seconde guerre mondiale, maintes fois repris par la propagande. En effet la version opéra de Taking Tiger Mountain by Strategy fut déjà repris au cinéma en 1970 par Xie Tieli, inspirée par le roman Tracks in the Snowy Forest (1957) de Qu Bo est, pour la Chine et les Chinois, l’équivalent de ce que fut « Alexandre Nevski » d’Eisenstein pour l’URSS et les Russes.
Après la seconde guerre mondiale, les forces japonaises qui avaient conquis une bonne partie de la Chine se retirent. Laissant le nord et les côtes chinoises ravagées par des années de guerre et d’occupation. A la faveur de la fuite des japonais, les gangs et les seigneurs de guerres reprennent le contrôle de la région profitant de la guerre civile entre les deux grandes forces chinoises.
Le capitaine 203 (Lin Gengxin), fin tacticien, à la tête de ses hommes.
Deux visions du monde s’affrontent, d’un côté les communistes de l’Armée Populaire de Libération (APL) dirigée par Mao Zedong, de l’autre les forces réactionnaires du Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek. Le nord de la Chine est sous la direction des communistes, mais les nationalistes disposent encore de nombreuses forces dans la région. Le puissant seigneur de guerre Hawk (Tony Leung Ka-fai), un ancien général, et son gang de plus d’un millier d’hommes se rendent maître d’une ancienne place forte dans la montagne et de son impressionnant arsenal laissé là par les japonais. Des armes modernes, japonaises, russes et même allemandes ainsi que des chars et des canons. De quoi maintenir sa domination et attirer les convoitises. Le KMT cherche à forgé une alliance avec ses brigands qui ravagent la région pour repoussé les communistes. Mais Hawk a d’autre projets. Il veut devenir roi !
Le gang de Hawk
C’est à ce moment là qu’un petit détachement de l’APL arrive dans la région pour secourir les villageois et mettre fin à la domination des gangs. Pour Tsui Hark, ses hommes sont plus que des soldats, ce sont plus de véritables supers héros à la sauce comics. Ils sont forts et plein d’astuces. Dignes héritiers de Sun Tsu, ils inventent les pires stratagèmes pour triompher d’une force bien supérieure en nombre. Que ferait un détachement de 30 hommes contre une armée bien équipée de plus d’un millier ? Et pourtant, grâce à la ruse et à la stratégie, grâce à l’éclaireur (Zhang Hanyu), à l’infirmière « Petite colombe » (Tong Liya) et au courage et aux aptitudes de chacun, ils prendront la montagne.
La montagne du tigre, forteresse inexpugnable.
Comme d’habitude, Tsui Hark nous fait rêver ! L’histoire est bien ficelée et forte en rebondissement même si la fin est connue d’avance, le suspens demeure. Surtout qu’une fin alternative, encore plus « super-héroïque », est proposée à la fin du film pour ceux qui doutaient du caractère surnaturel donné par Tsui Hark à ses soldats de l’APL. Côté graphique, rien à redire, les couleurs, les effets et une 3D impeccable rendent bien l’atmosphère de montagnes enneigées et un vent glacial. Si à la sortie de Mad Max : Fury Road nous avions la gorge desséchée par le désert, la bataille de la montagne du tigre nous a donné des frissons…
Je vous conseille fortement de découvrir les immanquables de la filmographie de Tsui Hark tels Il était une fois en Chine, Le Festin Chinois et Detective Dee.
Thomas Waret
Retrouvez ici la bande-annonce :