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La Voleuse de Livres

Par Revesetimagines @Reveset

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est - ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...

Voilà quelques temps déjà que ce roman prend la poussière sur une étagère de ma bibliothèque... Il m'a été prêté par ma belle-mère, conseillé à de nombreuses reprises, et au final j'ai cédé à la tentation... en regardant le film ! Oh sacrilège ! Moi qui ne regarde jamais une adaptation avant de lire le livre ! Mais pour une fois, ça ne m'a gêné en rien !

La Voleuse de livres est un émouvant témoignage d'une gamine allemande qui a vécu cette seconde guerre mondiale et qui nous est retranscrit par un narrateur très surprenant : la Mort ! Liesel a rencontré par trois fois la Mort sans le savoir... Et cette dernière se souviendra de la fillette lors de cette troisième rencontre. Le récit se concentrera alors sur cette courte période entre le première et troisième rencontre.

J'ai beaucoup apprécié l'originalité de la narration avec ces petites descriptions, les états d'esprit un peu plus décortiqués, les croquis de Max. J'ai également pris plaisir à lire un récit du côté de l'Allemagne nazie de l'époque. Une victime reste une victime de quelque côté de la frontière que ce soit ! Un soldat reste un soldat qui se battra et tuera pour sa survie ! Ensuite viennent les idéologies... et elles seules feront la différence ! On s'attache à chaque personnage : Liesel, notre petite voleuse de livres, Hans et Rosa Hubermann, ses parents nourriciers, Max, le boxeur juif caché dans la cave, Rudy, le jeune voisin qui rêve d'un baiser de sa jolie voisine et de devenir un grand athlète ! Pourtant la Mort n'est pas tendre et son rôle n'est pas de générer un suspense. Elle annonce très vite la fin de cette histoire... mais le lecteur espère un miracle.

Derrière le quotidien difficile de ces personnes, il y a l'ombre terrifiante du nazisme, d'Hitler ! Les gens sont témoins du préambule des horreurs qui vont se dérouler durant cette guerre : ils voient des colonnes de juifs affamés, affaiblis, traités comme du bétail, pour être stockés dans des camps... Les adultes connaissaient-ils les camps d'extermination ? Du point de vue de Liesel, on sent que quelque chose les trouble et leur fait peur... Mais la fillette est également préoccupée par ce qu'il se passe à la maison et c'est la seule chose qui lui importe! La Mort, elle, n'a aucun répit ! Et on sent sa lassitude... Les êtres humains peuvent être surprenants pour elle et ce dans toutes situations, et pas toujours en bien !

Ce fut une belle lecture, enrichissante, émouvante et réaliste. L'originalité de cette œuvre est sa force. Le quotidien de cette fillette durant la guerre nous prend aux tripes et nous offre non pas l'horreur sur un plateau (même si l'horreur est là par le témoignage de la Mort) mais un espoir : malgré tout, Liesel a vécu...

Extrait
" ETAT NOMINATIF ABREGE DE 1942
1. Les juifs désespérés - leur âme dans mon giron, tandis que nous nous tenions sur le toit, près des cheminées fumantes.
2. Les soldats russes - n'emportant que peu de munitions et comptant sur celles des morts et des blessés.
3. Les cadavres détrempés échoués sur le sable et les galets d'une côte française.
***

La liste est encore longue, mais j'estime pour le moment que trois exemples suffisent. Avec ces trois exemples, vous avez déjà dans la bouche le goût de cendres qui définissait mon existence cette année-là.
Tant d'êtes humains.
Tant de couleurs.
Ils continuent à m'habiter. Ils harcèlent ma mémoire. Je vois les tas immenses qu'ils forment, empilés les uns sur les autres. L'air est comme du plastique, l'horizon comme de la colle en train de prendre. Le ciel est fait de gens, un ciel percé et qui goutte, tandis que des nuages cotonneux couleur de charbon battent comme des cœurs noirs.
Et puis...
Et puis il y a la Mort.
Moi, la narratrice.
Qui me fraie un chemin dans tout cela.
En surface : imperturbable, impassible.
En dessous : défaite, déconcertée, déboussolée. "

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