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Le retour de Martin Heidegger

Publié le 24 juin 2015 par Le Journal De Personne
Rien n'est simple. Tout est complexe.
Je ne me fie pas, jamais, à celui qui simplifie.
Le complexe ne me dérange pas... je ne suis pas complexée. Oui, je vous le confie, je ne suis pas une fille qui se simplifie la vie...
Je pense donc je me méfie de vous, mais de moi aussi.
Je me fais la guerre à chaque fois que je refais le chemin de Heidegger... chemin de croix...parce qu'il ne mène nulle part celui qui cherche à aller quelque part.

Première page : on s'introduit déjà dans le couloir de la mort... on sait qu'on est condamné, qu'on sera exécuté mais on ne sait pas quand c'est : "mors certa, hora incerta".
Toutes vos certitudes reposent sur ce fond d'incertitude.
On ignore l'heure de la mort. Difficile d'en parler tant qu'on n'y est pas. Et quand elle sera là, on n'y sera pas. On a intérêt à réussir sa vie, parce qu'avec la mort ce sera raté.
On y va tous jusqu'à ce que le temps nous dise : rien ne va plus.
Première idée : l'homme est un être pour la mort... c'est quelqu'un qui va mourir.

Deuxième page : contient le passage le plus saisissant : la lourde distinction entre l'être et l'étant... c'est consternant pour le plus petit comme pour le plus grand, pour la fourmi comme pour l'homme, pour tout être vivant, il y a un commencement et une fin. Une vie et une mort. Génération et corruption comme on disait dans le temps.
Tout être dans le temps est appelé ÉTANT... c'est le participe présent du verbe être.
Quand le ciel fait l'appel : l'étant répond : présent.
Tout être hors du temps est appelé NÉANT.
Quand le ciel fait l'appel : l'étant ne répond pas, il est absent.
Il ne participe plus à l'être mais au non-être.
On n'y est pas encore, mais on y sera assurément.
Vu de loin, on dirait que c'est le temps qui fout tout l'être en l'air.
Ce que les chrétiens appellent : la chute.

Troisième page : nous n'avons jamais vu d'être nulle part mais seulement des étants. Des êtres dans le temps.
Être ou ne pas être n'est pas la question puisque nous n'avons affaire qu'à l'étant morbide ou mortel.
C'est tragique : nous mourons seuls
Solitude et finitude pour celui qui a fait comme pour celui qui n'a pas fait d'études.
Il faut être téméraire pour avaler du Heidegger parce qu'on y apprend à chaque page que nous sommes éphémères... qui s'allument et s'éteignent sans raison. Leur "étantité" est pour ainsi dire une quantité négligeable.

Quatrième page : il y a en moi, en toi, en nous plus de temps que d'être... une vie, ça passe vite même le plus jeune est assez vieux pour mourir comme disait Montaigne.
Le temps, l'étant n'est pas un fleuve tranquille mais cours parcours parsemé d'embûches : la souffrance, la maladie, la mort.
Aucune joie n'est retenue, niet, aux oubliettes !
C'est cette fragilité, la fragilité d'un être jeté dans le temps, qu'Heidegger appelle : déréliction... que l'on peut assimiler à un abandon... nous sommes tous des enfants abandonnés... des étants sur le bas côté... salut ! Non, il n'y a pas de salut.
Alors ne la ramenez pas avec votre précarité, parce qu'au fond, nous sommes tous mal logés... à mi-chemin entre l'être et le temps... tous des étants, voisins du néant.

Cinquième page : on sait tout sur l'étant, mais rien sur l'être, sur le sens de l'être. C'est cette question qui va remplir ou vider la vie de Heidegger.
Pour tout étant, pour tout existant, je sais ce qu'il en est ; mais pour l'être en tant qu'être, je n'en sais rien...
Je suis... l'être dit la Bible
Il est... l'être dit le Coran.
Et ça ne nous dit rien, dit Heidegger...
En tant qu'athée qui n'a pas vu et ne pouvait pas voir Dieu.


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