Comme en écho aux personnages désenchantés de Cannibales, de Ronan Chéneau, les artistes du Groupe Incognito (2 musiciens, une scénographe, une éclairagiste, une marionnettiste, 8 comédien(ne)s, un taulier), qui tous, à 30 ans ou presque, ne peuvent s'empêcher de s'interroger ensemble. « Avons-nous encore de grands rêves ? Pouvons-nous espérer une société meilleure ? Ou même de beaux lendemains éclairés par une humanité bienveillante et magnifique ? » Cabaret, performance, agit prop, leur réponse est un spectacle, une fête grinçante et drôle.
L'affaire commence très sérieusement : installés derrière une immense table, les Docteurs es Utopies soutenus par les paroles des précurseurs Thomas More, Campanella, Donatien de Sade, etc., accueillent le public et tiennent conférence. Mais très vite l'utopie tourne au drame et chacun cherche avec violence à imposer sa vision du monde. La table se transforme alors en tréteaux de foire où chaque acteur se laisse aller à la confession de ses rêves intimes.
D'où viennent ces doux rêveurs ? De l'école du TNS où sous la direction de Jean-Louis Hourdin, ils ont pris goût au cabaret improvisé, à la création collective.
Un goût qu'ils développent par des résidences à la Maison du Comédien, celle que Maria Casarès a léguée à la commune d'Alloue en Charente pour en faire un lieu de vie et de travail. Soirées mémorables, cabarets improvisés qui définissent leur envie d'un théâtre léger et grave à la fois, à partager avec le public.
En 2003, ce sera la création de Padam Padam d'après le roman Moscou sur Vodka du Russe Erofeiev qui ne rêvait que de « boire le monde et de mourir libre ».
Depuis, la belle équipe se pose la question « Et nous, comme on ne meurt pas encore, comme on ne boit pas toujours, qu'est-ce qu'il nous reste ? »
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