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COMME UN AVION, Bruno Podalydès (2015) Votre poisson roug...

Par Quinquin @sionmettaitles1

COMME UN AVION, Bruno Podalydès (2015)

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Votre poisson rouge sobrement surnommé « Pommes-chips », silhouette  veau de mer, regard torve et attitude sournoise, vous tyrannise ? Votre adolescent esquinte votre santé mentale en écoutant  Justin Bieber à un volume sonore indécent et vous êtes à deux doigts de l’échanger contre n’importe quoi – un paquet de Pépito périmés fera l’affaire – ? Votre mari ne jure plus que par ses ateliers gommettes et autres cours de poney aquatique, vous abandonnant à vos rêves d’évasion ? Bref, vous évoluez dans un climat tendu et anxiogène et votre vie ressemble à un marécage sans fond ? Conseil amical, montez sur vos grands chevaux, prenez la tangente, galopez vers d’autres horizons et partez à la rencontre de la dernière œuvre du truculent Bruno Podalydès, défenseur d’un cinéma alerte, éclairé et poétique, qui fond dans les yeux comme un bonbon acidulé fond dans la bouche. Comme un avion, ou la vision pleine de douceur, d’humour et  d’inventivité du changement un peu fou, assortie d’une émouvante et magnifique ode à la liberté…

Michel (Bruno Podalydès), la cinquantaine un brin désabusée, s’ennuie dans son métier d’infographiste ; grand enfant passionné d’aéropostale, son tempérament doux-rêveur l’éloigne petit à petit d’une réalité prosaïque et ennuyeuse. À l’occasion d’une réunion de travail où chacun cherche à comprendre la signification du mot « palindrome » et à débusquer le meilleur exemple de terme qui puisse se lire dans les deux sens, Michel découvre que le  « kayak » – outre le fait qu’avec une telle trouvaille il soit en mesure de rivaliser avec ses collègues – correspond parfaitement à ses envies d’ailleurs et d’exemption, canot providentiel et salvateur, comme un avion sans ailes. Subitement saisi d’une nouvelle et incontrôlable passion, il se fait livrer l’objet de son désir avec pour objectif de partir voguer seul et affranchi le temps d’une semaine. Seulement voilà, ce sympathique lunaire se rapproche plus d’un citadin empaillé que d’un valeureux aventurier et l’expérience s’arrêtera vite sur les bords d’une belle rivière, attiré et happé par une petite guinguette sortie de nulle part. Sur ces rivages en forme de mirage l’on boit de l’absinthe à toute heure, l’on donne dans le farfelu, la tendresse, la mélancolie et le petit grain de folie. Il lui sera dès lors bien difficile de reprendre le cours de son périple, enveloppé de la bienveillance de la jolie Mila (Vimala Pons) – jeune femme sensible au regard de chaton perdu qui attend désespérément son bluesman – et de Laetitia (pétulante Agnès Jaoui), maîtresse-femme aussi rugueuse et sauvage que tendre et maternelle…

Le nouveau long métrage de Bruno Podalydès ressemble à un petit paradis dont on ne voudrait plus s’extraire, quitter ces personnages tous plus attachants les uns que les autres se révélant être un véritable crève-cœur. Car du cœur il y en a à revendre dans ce film élégant, sincère et sans prétention où scènes de la vie quotidienne côtoient un onirisme étonnant et bienfaisant. Bruno Podalydès éblouit d’une candide et communicative clarté, entouré d’une Sandrine Kiberlain espiègle et flegmatique en femme aimante mais dubitative quant à la « crise existentielle » de son mari et d’ Agnès Jaoui qui elle, irradie de simplicité et d’empathie, regard de velours dans un corps voluptueux, véritable appel à la douceur et l’amour.

Bruno Podalydès déroule des dialogues jubilatoires, une réalisation soignée, des acteurs et actrices irréprochables, mis au service d’un cinéma théâtralisé comme nous l’aimons, qui ne cherche pas la démesure et la grandiloquence mais offre de très beaux instants de bonheur…  Merci pour ce film élevé à la bonhomie, parangon de philanthropie, rayonnant de liberté et d’humilité, à voir et revoir. Un régal…

À voir aussi :   Le Mystère de la chambre jaune

   Le Parfum de la dame en noir

   Adieu Berthe, l’enterrement de Mémé



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