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Belle et étrange patrie

Publié le 26 juin 2015 par Le Journal De Personne

Pourquoi suis-je née ici, plutôt qu'ailleurs?
J'hésite entre chance et providence
Mine de rien, ce n'est pas rien.
Ça me fait quelque chose... comme un lien
Auquel je tiens et qui me maintient
Même si je ne l'ai pas choisi... J'ai été choisie
Comment dire ? Je n'ai pas élu domicile,
C'est mon domicile qui m'a élue.
Pas d'acte de naissance sans lieu de naissance
Mon sol m'indique tout de suite mon socle.
C'est sacré comme rapport...
Ça se sent d'emblée, il y a un rapport au sacré dans ce lien avec la terre.
Il y a un mystère que je ne m'explique pas
Parce qu'il n'a pas besoin d'explication : C'est ainsi et pas autrement
Je suis née ici... C'est ma nation, ma patrie, mon souci...
Qui mérite que je lui sacrifie "toute ma vie".
C'est natal donc fatal. On n'y échappe pas c'est destinal
Dans nation il y a naître, il y a un être que je ne peux pas ne pas être.
C'est peut-être un accident mais un accident qui constitue toute ma substance
Comme si le hasard n'avait rien laissé au hasard : Je suis née ici... pas là.
C'est peut-être contingent mais cette contingence là a un sens.
Je ne peux la balayer avec le revers de la main...
Je la vis comme un destin. Pas n'importe lequel, mais le mien.
Je crois qu'on peut même parler de providence,
Une terre qui nous a été remise et non promise... par Dieu.
Droit du sol, celui qui m'a vu naître, paraître et disparaître.
Il ne va pas sans droit du sang qui me verra naître, paraître et disparaître.
On ne peut les trahir sans se trahir, même si toute raison a un faible pour les trahisons.
Mais pour celui qui sait ce que c'est qu'une nation, il sait que ces deux droits ne sont pas abstraits mais incarnés par celui qui s'en sert et qui ne peut s'en servir sans les servir en retour.
C'est pour chacun un devoir et en même temps une raison d'être éthique et politique.
Droit du sol. Droit du sang : Tout compte fait, ces deux n'en font qu'un : un droit du sens qui donne un sens à ma vie à chaque fois que j'accomplis mon devoir d'être ici plutôt que là, ceci plutôt que cela.
Non, ma cité ne va pas craquer. Elle compte sur moi pour ne pas craquer.
Ce n'est pas à elle mais à moi de casquer.
Parce que je n'étais rien et elle m'a fait être... cette lettre, c'est maintenant à moi de la transmettre.
Aucune patrie n'existe sans ce parti pris... sans transcendance, derrière ou devant.


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