Un film de Robert Guédiguian (2014 - France) avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier, Jean-Pierre Darroussin, Adrien Jolivet, Youssouf Djaoro, Lola Naymark
Un Guédiguian décevant. Un peu creux.
L'histoire : Ariane, dans un bel appartement, va fêter ses 50 ans et prépare un somptueux gâteau pour ses invités qu'elle espère nombreux. Et puis, les uns après les autres, tous se décommandent, pour une raison ou pour une autre, et Ariane se retrouve seule, effondrée. Elle prend son auto pour partir se changer les idées, croise un jeune homme qui l'emmène dans un petit restaurant modeste et sympathique au bord de l'eau, avec des personnages hauts en couleurs, mais son nouvel ami oublie de la ramener ensuite à sa voiture et part avec son amoureuse ; elle appelle alors un chauffeur de taxi, grincheux, (euh... promis... c'est dans le film, ça n'a rien à voir avec l'actualité !) mais la petite auto est déjà embarquée par la fourrière ; et là, elle se fait voler son sac. Plus d'argent, plus de clés, plus rien... Le chauffeur de taxi la ramène alors au restaurant, le seul endroit désormais où elle connaît des gens susceptibles de l'aider.
Mon avis : Guédi l'annonçait lui-même dans son générique : il n'a pas mis "un film de " mais "une fantaisie de". Et le début commence par une animation tout en blanc qui nous présente une superbe résidence comme si on visitait le site 3D d'un architecte. Puis quelques touches de couleurs. Puis on arrive à la réalité. Jolie entrée en matière.
Ca continue ensuite sur un mode très onirique ; pas sur l'environnement, qui reste tout à fait réaliste, mais sur les situations ; une femme qui soudain se cherche, après avoir élevé une famille ; succession de galères qui l'emmènent dans un univers à l'opposé de sa vie habituelle ; une page qui se tourne, un futur à inventer. Nouvelles rencontres, nouvelles façons de vivre, accomplir ses rêves. Le tout baigné par des chansons de Jean Ferrat dont les paroles correspondent aux sentiments successifs de l'héroïne. Et des scènes proprement fantasmagoriques : la tortue qui parle, la jeune femme qui se baigne dans la fontaine, la procession pour aller au théâtre...
La fin tout à fait inattendue (moi en tous cas je ne voyais pas du tout le coup venir) nous ramène à la réalité et nous fait presque pousser un soupir de soulagement. Ah bon ? Ouf. Parce que tout ce qu'on avait vu avant sonnait... faux. Oui, il faut bien le dire. Je n'ai pas trop adhéré aux déambulations de notre Ariane. D'ailleurs, avec mon chéri, au fur et à mesure que certaines scènes nous déconcertaient, on se répétait en choeur et avec une pointe de sarcasme "C'est une fantaisie !", histoire de ne pas trop en vouloir à l'un de nos cinéastes fétiches, qui nous décevait un peu, mais avait annoncé la couleur !
Pas grave, on l'aime quand notre Guédiguian, avec sa fidèle bande d'amis et son épouse adorée, à laquelle il voulait rendre hommage à travers ce film entièrement centré sur elle. Malheureusement, ce n'est pas l'Ariane que j'aime, d'habitude si virevoltante et si intense. Ici, je l'ai trouvée éteinte.
Poétique, un peu farfelu, mais très inégal.
Les critiques sont partagées. Beaucoup trouvent l'oeuvre charmante et délicieuse, d'autres accusent le coup : trop futile, surtout quand on connaît le reste de l'oeuvre du réalisateur ! Ils ont - comme moi - un peu de mal à imaginer tant de légèreté et de naïveté chez ce couple profondément affecté, d'habitude, pas les injustices sociales et une vision réaliste, souvent cruelle, de l'humanité. Idem pour les spectateurs, partagés.