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Les initiatives se multiplient quant à la collecte de données au service de la mobilité !

Publié le 30 juin 2015 par Pnordey @latelier

Toujours plus peuplée et plus étendue, la ville du futur devra miser sur la collecte de données pour permettre à ses habitants de circuler de manière rapide, efficace et écologique.

Comment circulera-t-on dans la ville du futur ? Si elle n’est pas toujours gage de fiabilité (on ne compte plus les films des années 1980 où le héros jaillit hors de sa voiture volante pour se précipiter vers une cabine téléphonique), la science fiction peut être source d’inspiration. Certains grands films du genre ont ainsi su prédire l’avènement de la voiture autonome, aujourd’hui en passe de devenir réalité avec les Google Cars : songeons à Total Recall, Minority Report ou encore I Robot. Si la voiture du XXIe siècle n’est pas encore capable de voler, nul doute qu’elle pourra bientôt se conduire toute seule et prendre des décisions à la place de son pilote.

Néanmoins, l’avenir de la mobilité ne repose pas seulement sur des véhicules futuristes. L’enjeu réside également dans une meilleure gestion et intégration des flux de circulation, seule à même de rendre l’existence vivable dans des métropoles de plus en plus grandes et de plus en plus peuplées, comme l’affirmait récemment Etienne Roché sur le site de L’Atelier. Le récent lancement de Google Sidewalk pourrait continuer à faire émerger l’innovation dans ce domaine, bien que les contours du projet demeurent encore imprécis : « Sidewalk se concentrera sur l’amélioration de la vie en ville pour tout le monde par le développement et l’incubation de technologies urbaines pour traiter des questions comme le coût de la vie, le transport efficace et l’utilisation de l’énergie. » (dixit Sergey Brin, co-fondateur de Google à la tête de R&D de la firme). Si l’on ignore pour l’heure les innovations concrètes que Google Sidewalk apportera, la piste la plus prometteuse réside sans doute dans la collecte et le traitement des données. Plusieurs entreprises se sont d’ailleurs déjà positionnées sur ce marché.

Collecte de données et circulation intelligente

C’est le cas de Placemeter, start-up new-yorkaise qui propose une plateforme de quantification de l’activité humaine dans les villes. Piétons, cyclistes, véhicules peuvent être comptabilisés et classifiés à l’aide de vidéos prises par des caméras réparties dans la Cité. Outre la possibilité de calculer le trafic à un point précis, la plateforme permet également d’analyser la vitesse et la trajectoire des piétons/cyclistes/automobilistes, ou encore de classifier les véhicules selon leur taille et catégorie. Un outil puissant au service de la mobilité intelligente. « Nous travaillons beaucoup avec les villes et agences de transports pour fluidifier le trafic, mieux disposer les passages piétons, évaluer la dangerosité de certaines intersections… » affirme Alex Winter, fondateur de l’entreprise. Si l’usage de caméras peut faire naître des craintes quant à la protection de la vie privée, Alex assure que Placemeter n’enregistre rien, les données étant automatiquement extraites des vidéos qui sont ensuite effacées.

La start-up Cityzenith propose quant à elle une plateforme permettant de visualiser en 3D les données d’une ville, et d’analyser ainsi notamment le trafic en temps réel. Les retombées de telles innovations peuvent être extrêmement positives. Ainsi, lors du City Innovate Summit 2015, Ryan Chin, directeur du City Science Initiative au MIT Media Lab, imaginait un scénario idéal où les véhicules circuleraient de manière parfaitement autonome et intelligente grâce à la collecte de données, ce qui leur permettrait par exemple de ne jamais s’arrêter aux intersections et de trouver facilement une place de parking. Dans un tel cas de figure (utopique, mais vers lequel on peut tendre), 300 000 véhicules partagés et autonomes suffiraient, selon Chian, pour permettre aux 5,4 millions d’habitants de Singapour de se déplacer, avec une attente maximale de 20 minutes aux heures de pointe.

Lors du même évènement, Arvind Satyam prenait l’exemple du port de Hambourg, qui souhaite accroître sa capacité pour devenir le plus grand port d’Europe. Cela impliquerait davantage de marchandises déchargées des bateaux et chargées dans des camions, or les routes sont déjà à capacité maximale. « Peut-on placer des capteurs sur les camions pour améliorer la fluidité du trafic ? Sur les ponts, pour qu’ils sachent quant un bateau approche et se soulèvent en fonction ? » s’interrogeait-il.

Mobilité intelligente et développement durable

Le développement de l’Internet des Objets permet également des expérimentations très prometteuses, qui conjuguent collecte de données en vue d’améliorer la mobilité et extension de la couverture numérique en ville. C’est le modèle proposé par la start-up Veniam, basée à Moutain View et à Porto, qui propose de transformer les véhicules en véritables bornes wi-fi mobiles. L’entreprise conçoit des routeurs très puissants, placés sur les bus, taxis, camions poubelles et même les voitures de police, afin d’offrir un wi-fi public performant et homogène dans toute la ville. Mais ces routeurs spéciaux sont également capables de collecter des données (et de les transmettre facilement grâce à la performance du réseau Wi-Fi), fournissant de précieuses informations sur le trafic, les pics d’affluence et les routes les plus engorgées. L’objectif, à long terme : promouvoir des comportements éco-responsables, en incitant les citoyens à éviter autant que possible de prendre leur véhicules aux heures d’affluence et/ou sur les routes les plus saturées.

Dans le même ordre d’idée, Susan Shaeen, professeur en ingénierie civile et environnementale à l’université de Berkeley, prédit dans les colonnes de GreenBiz un grand potentiel aux agrégateurs de transports, capable d’analyser les données en temps réel pour proposer aux automobilistes un trajet alternatif en covoiturage, transports en commun, vélo ou marche à pieds. Collecte des données, mobilité intelligente et développement sont donc étroitement liés, et constituent un enjeu important pour les municipalités. Et la clef pour bâtir un avenir ressemblant davantage aux villes chatoyantes et épurées des scénarios de sciences fictions les plus optimistes qu’aux rangées d’immeubles déglingués du dystopique Brazil. La ville du futur sera écologique ou ne sera pas.


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